J'ai démarré, au hasard, sans trop y croire et après d'anciennes recommandations, que j'avais au 3/4 oublié... En se disant que ça fera peut-être un fond sonore doux un dimanche matin… et qui a fini par m'attraper le cœur doucement, presque sans faire exprès. Espion à l’ancienne, c’est exactement ça. Une série au titre un peu anodin, presque trompeur, qui cache en réalité une comédie humaine tendre et pleine de charme, portée par un Ted Danson impérial, et un humour tout en sobriété.
Je connaissais déjà Michael Schur pour The Good Place ou Parks and Recreation, et on retrouve ici ce même goût pour les personnages un peu cassés mais profondément bons, pour les dialogues à la fois drôles et sincères, et pour ces ambiances qui font du bien sans jamais tomber dans la niaiserie. C’est une série qui respire la bienveillance, mais une bienveillance lucide. Ça parle de deuil, de vieillesse, de solitude, et pourtant on rit. Souvent. Parce que tout est écrit avec justesse, porté par des situations à la fois cocasses et très humaines.
Ted Danson est parfait. Il a cette manière très rare de jouer le décalage sans jamais forcer. Dans le rôle de Charles, ce retraité veuf infiltrant une maison de retraite dans le cadre d’une mission un peu absurde, il est tour à tour drôle, touchant, maladroit, pudique, toujours juste.
Et ce rôle, franchement, il semble l’habiter naturellement. On sent qu’il s’amuse, mais sans jamais moquer. C’est une performance pleine d’élégance, qui porte la série sur ses épaules sans jamais l’écraser.
Le point de départ, une sorte d’enquête façon Columbo à la retraite, inspirée du documentaire The Mole Agent, est plutôt original. Ce n’est pas tant le suspense qui compte ici, mais la manière dont les personnages se frottent les uns aux autres, dans un environnement souvent caricaturé à la télé, à savoir, la maison de retraite. Et ici, justement, on ne tombe pas dans le gag facile sur les vieux séniles ou les infirmiers dépassés. Il y a une vraie tendresse dans la manière de filmer ce lieu, une sorte de lenteur assumée, comme si le rythme de la série s’alignait doucement sur celui de ses personnages.
Le casting secondaire est d’ailleurs très bon, même si, il faut bien l’admettre, certains personnages ne sont pas aussi creusés qu’on l’aurait aimé. On sent qu’il y a des profils intéressants, des histoires à explorer, mais que la série préfère parfois rester en surface, quitte à sacrifier un peu de profondeur émotionnelle. C’est dommage, mais ça ne gâche pas la sensation globale, qui reste très agréable.
Il faut aussi dire que l’enquête en elle-même reste assez légère. Ce n’est pas là que la série brille. Il n’y a ni rebondissement haletant, ni véritable tension dramatique. Mais au fond, ce n’est pas bien grave. Parce que Espion à l’ancienne, c’est un peu comme une visite imprévue à un parent âgé qu’on aime bien, on n’y va pas pour qu’il nous raconte des histoires extraordinaires, on y va pour partager un moment doux, pour écouter, pour rire un peu, pour se rappeler que la vie est faite de détails simples.
Alors oui, ce n’est pas révolutionnaire, et ce n’est pas non plus une série qui vous laissera scotché au canapé. Mais ce que ça propose, ça le fait bien et au bout de cette première saison, j’ai très envie d’en voir plus. Parce que cette alternance entre humour sincère et petites piques mélancoliques fonctionne à merveille, et que l’équilibre trouvé ici entre la comédie et la tendresse mérite d’être poursuivi.