Thriller efficace

Série adaptée d'un manga que je n'ai pas lu, donc je ne sais pas si la série est fidèle, meilleure ou en dessous.

Il s'agit d'un thriller plutôt classique, où le cannibalisme comme tabou est le prétexte à une enquête plutôt haletante. On n'est pas franchement dans le genre horrifique et encore moins dans la biographie d'un tueur en série (contrairement à ce qu'on peut lire ici ou là sur un "Dahmer japonais").

Un jeune policier en proie à des accès de violence qui lui ont valu des problèmes professionnels et familiaux est muté dans un village isolé où règne un antagonisme larvé entre les villageois et une famille (pléthorique) de propriétaires terriens, du type anciens seigneurs féodaux en partie consanguins. L'ancien policier du village a disparu dans des circonstances douteuses et l'ambiance des lieux est rapidement assez malsaine. Manifestement, les uns ou les autres (ou tous) cachent un secret honteux, autour de la pratique du cannibalisme puisque c'est quasiment indiqué dans le titre.

Le policier va donc essayer de démêler les fils de cet écheveau mystérieux, non sans parfois se laisser aller à ses propres démons, en soupçonnant tout le monde tant aucun personnage ne semble réellement être ce qu'il prétend être.

C'est extrêmement efficace, plein de fausses pistes qui perturbent le héros sans réellement perdre le spectateur, à des moments plutôt contemplatifs succèdent des scènes d'actions trépidantes, les paysages alternent entre le village niché au creux de profondes vallées forestières assez sauvages et la ville moderne et froide (et l'on passe de l'un à l'autre dans des voitures carrées que semblent affectionner les Japonais), avec une bande son qui colle parfaitement à l'ambiance.

Je n'ai pas réussi à savoir combien d'épisodes comptait la série (j'en ai vu 7) ni même si c'était une "mini-série" ou si plusieurs saisons étaient prévues, mais manifestement, le 7ème épisode ne clôt pas l'histoire.

Edit Août 2025 : Le 7ème épisode ne clôturait pas l'histoire puisqu'il y a eu une saison 2 que je viens de finir de visionner. Cette deuxième saison est consacrée à la résolution des mystères et des conflits mis en lumière dans la première. On n'est donc nécessairement plus dans l'étrangeté un peu onirique accentuée par l’ambiguïté de tous les personnages qui nimbait la première saison et les réalisateurs ont pris le parti de placer cette seconde saison sous le sceau de l'hyper-violence et du gore. Cette approche est plutôt intéressante car elle évite l'écueil fréquent de ce genre de scénario d'une histoire qui se délite et s'affadit en se résolvant, mais je dois dire que ce genre est moins à mon goût.

Au final, cette série s’inscrit comme d'autres avant elles, qu'elles soient japonaises, américaines ou européennes, dans l'idée que la ruralité représente aujourd'hui la nouvelle frontière de la civilisation, où l'arbitraire et la sauvagerie font office de foi et de lois. Ce n'est pas tout à fait faux tant le monde rural, berceau de la féodalité, est resté et reste encore peut-être à l'écart du champs de la politique (de "polis" : la ville), de la citoyenneté (de "cité") et du monde civilisé (de "civilis" : de la cité), comme en témoignent les actions violentes et brutales des agriculteurs zombifiés au glyphosate et à l'acétamipride de la coordination rurale.