Gaus Electronics
7.5
Gaus Electronics

Drama Genie TV (2022)

La nouvelle référence de la "workplace comedy" à la coréenne ?

Vie au bureau et comédie font souvent bon ménage. Si les séries occidentales l’ont compris depuis longtemps (pensons au culte The Office, décliné de part et d’autre de l’Atlantique), les séries coréennes n’exploitent le filon que depuis quelques années, avec toutefois, il faut le dire, bien moins de brio. Les exemples de « workplace comedy » vraiment réussies au Pays du Matin Calme sont très rares, la plus fameuse restant je pense Chief Kim, drama ayant reçu l’année de sa sortie un accueil unanimement favorable. La série, avec Namgoong Min en tête d’affiche, avait d’ailleurs raflé de nombreux prix pour ses acteurs investis et son scénario accrocheur.

Autant le dire directement, Gaus Electronics n’a cure de proposer une trame scénaristique convaincante et crédible. Dès les premières minutes du premier épisode, le ton est donné : ce seront les petites histoires qui primeront sur le reste de l’histoire à proprement parler. Celle-ci s’axe notamment sur le parachutage d’un jeune héritier de chaebol dans le service marketing où travaille notre « héros » naïf et benêt. Cela n’empêche pas pour autant de voir chaque personnage traité avec intérêt ; des personnages qui ne sont pas les caricatures attendues dans ce genre de série.

Le drama renvoie une impression « d’humanité » et de sincérité bienvenues quand il s’agit d’évoquer leur psychologie. Même si le trait est évidemment forcé afin de relancer quelques intrigues (celles qui ont trait à l’histoire d’amour du héros par exemple), le résultat est à la hauteur des attendus, et l’on se prend d’affection pour chacun des personnages secondaires, la plupart ayant un caractère atypique.

Les scénaristes semblent de plus avoir un don pour la petite phrase bien placée, pour les joutes verbales et les calembours basés sur la polysémie ou l’homophonie de certains mots coréens. En outre, ils ne craignent pas de sauter à pieds joints dans le gag bien gras mais toujours efficace (je ne dirais rien de plus à ce sujet pour ne pas gâcher les quelques fous rires que réserve Gaus Electronics).

Le cadre choisi étant une entreprise de produits électroniques, de nombreuses références à la pop culture émaillent discussions et situations loufoques auxquelles seront confrontés les membres de la désastreuse « Team Marketing 3 ». Le drama en vient même à se moquer de ses propres codes, comme lorsque la maman bourgeoise, après une crise de nerfs, dit que le makjang-drama qu’elle regarde à la télévision déteint sur son attitude.

Contrairement à Chief Kim, qui nous faisait miroiter la possibilité d’une romance sans jamais se lancer clairement, Gaus Electronics en fait l’un des leitmotivs de son scénario, suivant le schéma classique (mais remarquablement bien mené ici !) du « from enemy to lovers ». Le duo d’acteurs principaux (Kwag Dong-yong et Ko Sung-hee) est absolument génial dans sa façon de se tourner autour tout en se chambrant perpétuellement ; l’alchimie romantique étant, dans certains épisodes, portée à un comble rarement vu dans une série comique coréenne.

La réalisation, efficace, vient seconder l’écriture habile des dialogues. Certes ça cut beaucoup (trop), parfois inutilement, mais le montage efficace permet globalement de conserver un rythme agréablement surprenant dans chaque épisode. Au point où j’étais parfois étonné de voir arriver le générique de fin : on ne voit pas le temps passer. Ce point est en outre aidé par la durée réduite (45 mins) des épisodes. À noter que le drama n’en contient que 12, ce qui évite nécessairement les longueurs, fatales aux k-dramas comiques (même Chief Kim n’échappait pas à ce travers).

Pour conclure, Gaus Electronics est une très plaisante surprise en cette année 2022 fort pauvre en k-dramas de qualité. C’est un drama qui ne réinvente rien, mais qui porte le genre dans sa variante workplace comedy à un niveau vraiment élevé, sans forcer, juste à coups de bonnes idées, de bons gags, et d’acteurs convaincants. La chaîne de production, Genie TV (ex-Olleh TV pour les nerds), semble dotée d’une vigueur, d’un goût du risque que les chaînes traditionnelles semblent avoir quelque peu perdu ces derniers mois… À voir si leurs prochaines productions seront aussi pétillantes et électrisantes que celle-ci !

grantofficer
8
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Créée

le 7 nov. 2022

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