Série à la gloire d'une figure du crime organisé présentée ici sous un angle très paternaliste, charismatique, sage -- le jeu de Forest Whitaker n'y est pas pour rien -- et globalement assez positive, sans vraiment contrebalancer ce portrait très idéalisé ce qui moralement est déjà assez critiquable. Le véritable Bumpy Johnson c'est une crapule de quartier, dans un Harlem qui justement est passé sous sa coupe d'un des centres les plus affluents de la société noire américaine avec ses rues bourgeoises et sa vie culturelle riche (Harlem Renaissance, Duke Ellington, Louis Armstrong, WEB Du Bois, l'Apollo, le Savoy, le Cotton Club, etc.) à un taudis célèbre où tous les commerces ont fermé et où l'économie ne reposait plus dans les années 60 que sur les jeux d'argent illégaux et le trafic de drogue. Quel exemple, quelle réussite !
Mais le pire pour cette série qui se prétend ancrée dans une histoire est le nombre impressionnant de contre-vérités qu'elle diffuse. Quelques exemples de réécriture complète : Sam Christian du Philly Mob qui se fait abattre par Bumpy (dans les années 60), alors que le vrai Sam Christian a dirigé les affaires jusqu'à très tard et est mort dans les années 2010. La mafia américaine qui s'écrase devant Bumpy, alors que c'est Luciano et Genovese qui l'ont installé et le soutenaient. Un personnage totalement idéalisé, alors que des criminels plus "importants" sont arrivés après lui : Nicky Barnes ("The Council"), Frank Lucas (American Gangster), Frank Matthews ("Black Caesar")... C'est assez dommageable pour une série destinée à une génération qui n'ouvrira jamais un livre ou une page wikipédia.