Un docteur pas si désuet que ça

Qui ne connaît pas la version américaine de Good Doctor déclinée en plusieurs saisons? Je voulais voir la série originelle (exportée aussi au Japon) pour me faire une idée, et surtout voir par moi même si le drama avait bien vieilli ou pas. Alors c'est sûr que situer l'action en pédiatrie, et en ajoutant le handicap du principal héros on va pousser le curseur de la fibre émotive à fond. Good Doctor version coréenne est une fable humaniste, parfois romancée à l'extrême ou à la limite de la crédibilité, mais parfois j'ai envie de dire on s'en cogne, tant que c'est bien fait et qu'on ressente des émotions. C'est un drama à "l'ancienne", c'est à dire avec une formule à 20 épisodes, mais franchement, on ne les voit pas passer parce que chacun d'entre eux apporte quelque chose. Good Doctor fut un énorme carton, profitant d'une époque ou la VOD n'était pas aussi développée que maintenant.

Parc Shi-On(Joo Won) est un autiste un peu particulier, puisque il est atteint du syndrome du savant, qui lui permet de tout assimiler, aussi rapidement qu'une éponge. Par contre il a les réactions d'un enfant de 10 ans d'âge mental. Il a perdu son grand frère dans un accident alors qu'il était enfant. Son père était un alcoolique violent qui le frappait sa mère et lui. Pour qu'il ait une meilleure chance dans la vie, elle le confia à un professeur en médecine, Choi Woo-Seok. Il décela le potentiel extraordinaire de Shi-On et l'aida à devenir chirurgien pédiatre, comme il l'avait promis à son frère. Dès son entrée à l'Hôpital, il va se heurter à Kim Do Han(Joo Sang Wook) son référent mais aussi une sommité. Au fil du temps, il va devenir son mentor, parce que si Shi-On a un traumatisme à surmonter lié à son passé, Do Han qui est fiancée à l'une des actionnaires du CHU, cache aussi une blessure. Il va aussi pouvoir s'appuyer sur la jolie et gentille Cha Yoon-Seo(Moon Chae-Won), sa collègue de travail qui est aussi sa voisine. Son chemin de croix aboutira à une reconnaissance de ses pairs, mais aussi à la découverte de l'amour.

Dès les premières minutes on se rend compte que la réalisation et la mise en scène ont pris de la poussière, mais ce n'est pas si gênant que cela. On prend le temps de faire une belle introduction, de planter le décor et de faire connaissance avec tous les principaux protagonistes. A l'inverse des dramas actuels, on ne traite pas d'un cas par épisode, on va s'attacher aux choses essentielles. Tous les seconds rôles apportent leur touche personnelle et sont une plus value indéniable, pas comme maintenant où ils servent la soupe pour pas grand chose. Tous ces petits à côtés sont agréables pour bien s'imprégner sur la vie et le fonctionnement de l'hôpital. Car ce qu'on va remarquer en premier, ce sont les qualités humaines et les relations entre les personnages, les adultes comme les enfants. On va observer la réaction des gens face à ce médecin qui a un handicap; et on va progressivement passer de la défiance, de la moquerie face à cet interne atypique, au respect et à la confiance qu'il est en droit d'attendre. Car le but du jeu c'est de se faire accepter tel qu'il est, avec ses qualités et son handicap.

Ici on est avant tout dans la bienveillance, ça dégouline les bons sentiments. On est dans la tendresse, la sensibilité, la pudeur mais aussi dans la drôlerie. Candeur et spontanéité sont les deux premiers mots qui me viennent à l'esprit quand on suivra toutes les péripéties qui vont arriver à Shi-On. L'histoire est très facile à suivre, parce que dès le départ on est pris par la main. Entre l'histoire personnelle de notre "grand dadais" et les tractations qui se déroulent en coulisses, on aura un background très complet de la situation. Par rapport à la version américaine, le rythme est plus lent. Il y aussi moins de moyens et cela se voit à l'écran, certains décors font penser à des soap des années 90. On verra évidemment des opérations pour rester crédible. Joo Won est un bon acteur mais j'ai trouvé qu'il en faisait un peu trop quand même, notamment dans sa posture. Kim Young-Kwang dans le rôle de l'ami de circonstance apporte aussi sa touche. Alors bien sûr, Yoon-Seo qui tombe amoureuse de Shi-On est un peu "too much" pour moi, mais ça ravira les amatrices de romans à l'eau de rose. L'OST est bien évidemment tout en douceur, et bien sentimental.

Bon c’est sûr qu’on ne fait pas dans le discret avec le piano et les violons qui s’imposent pendant les moments bien pathos. Il n'y a pas besoin de tous ces artifices pour ressentir des émotions diverses, c'est un peu surfait je trouve, mais à l'époque c'était de circonstance. Cela n'enlève rien à la qualité de l'ensemble je tiens à le dire. A titre personnel quand il y a des enfants, on touche la corde sensible. Alors oui par moment tout s'emboite un peu trop rapidement, on pardonne tout, "tout le monde il est beau tout le monde il est gentil", notamment avec le retour de ses parents. Il faut savoir raison garder et rester. J'ai bien aimé la prestation de Joo Sang-Wook, avec cet air de dandy cool, à la fois dur et bienveillant à l'égard de son équipe de soignants, et notamment de Shi-On. La série a le mérite de faire oublier le handicap de celui ci, même si c'est parfois exagéré. On est toujours dans le positif et on s'efforcera toujours de montrer le meilleur de l'humain. Revers de la médaille, ça fait cliché et pas très convaincant, car on est proche d'un monde idyllique voire utopique. On est dans un drama 100% feel good et conciliant, ça manque à certains moments de vraie profondeur.

Good Doctor affiche des kilomètres au compteur et on peut mesurer la différence avec les dramas post 2020, mais il n'a rien perdu en ce qui concerne le message qu'il veut véhiculer. Le casting est excellent, on ne s'ennuie jamais, il n'y a aucune longueur malgré le nombre d'épisodes et l'histoire fera pleurer dans les chaumières. Les thèmes du handicap et du droit à l'acceptation de la différence sont traités certes avec simplicité, mais avec pudeur et empathie. Les récits secondaires viendront ajouter une seconde couche, mais certains ne vont pas éviter le trop mielleux. A titre personnel j'ai préféré la version coréenne à la version américaine. Par contre niveau acting du prodige, j'ai trouvé Freddie Highmore plus convaincant que Joo Won, peut être parce que ce dernier surjouait le fait d'être un enfant dans sa posture. Autant prévenir, si vous n'aimez pas les histoires cousues de fil blanc qui dégoulinent les bons sentiments et les happy end, autant de pas venir. Mais de temps en temps, ça fait du bien de relâcher la pression, non?

Main Theme: Kim Jong Kook - How come You don't know?

Additionnel OST: Baek Z Young - Is Crying