Gotham
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Gotham

Série FOX (2014)

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Alors comme ça, on rouscaille ? On fait grise mine ? Une équipe de passionnés visiblement épris du monde de Batman et l'esprit des comics nous concote un produit sur mesure, au rythme impeccable, aux personnages accrocheurs et à l'ambiance immersive à souhait, et ça ne va encore pas !


On aime ou pas Batman et sa cité. On aime ou pas les séries policières. Si on n'aime pas, on trouvera au mieux une série policière sympathique mais on se lassera de l'accumulation de fous furieux qui hantent Gotham ainsi que des ressorts habituels de ce type de production. Ce n'est pas peu dire : entre les cagoulés timbrés, un fou furieux qui arrache des glandes à ses victimes afin d'en tirer un sérum d'effroi, l'omniprésence de la mafia, un entrelacs de trahisonsmultiples, bref , la vraisemblance y perd des plumes. En revanche, si on aime ce cocktail, alors là, quel festival ! Ce monde brutal et corrompu, son empilement de dingues dangereux et illuminés vous raviront.
Seulement, voilà, le fan renâcle : Bruce Wayne n'est pas encore Batman. Où est mon chevalier noir ? Patience. La série s'appelle Gotham, pas Batman. Le titre se justifie pleinement. Sans compter les docteurs de la loi qui trouveront que X et Y ne sont pas exactement "comme dans les comics" (si, vous savez, p.342 bis du tome 3 du cycle machin).


Par contre, amis spectateur, si vous aimez le bon vieux feuilleton des familles, le suspense, les incohérences bien rocambolesques, les méchants accomplis ou en devenir, bienvenue à Gotham !


Gotham, pandémonium où seules d'innocentes victimes -ou presque- succombent. Pas les héros ni les "vilains". Ils ressuscitent quasiment tous. Petit florilège. L'évasion de Fish Mooney de l'île dirigée par le chirurgien vendeur d'organes relève de l'incroyable. Les mutliples blessures mortelles dont les personnages se relèvent font d'une partie de Donjons et Dragons un modèle de réalisme. Citons la fiancée de Gordon qui se fait poignarder puis guérit sans trop de séquelles. Alfred, qui se fait démonter le portrait plusieurs fois. Un maire issu d'une secte de fanatiques revient lui aussi de la mort. Un second couteau mafieux jouant les gros bras devient Salomon Grunding pour se faire tuer peu après. Le Pingouin essaie de tuer tout le monde mais s'en sort toujours. On n'en finirait plus.


Petit tour d'horizon !


Les points forts


Les personnages


Alfred. Le rôle est si bien écrit et l'acteur charismatique qu'Alfred va avoir droit à sa série dérivée (si, si). Alfred révèle ici toutes ses facettes : domestique, mais également père de substitution, instructeur militaire, guide de conscience. Je recommande de visionner la série en VO pour apprécier le timbre de voix de l'acteur, son lexique un peu désuet et son accent anglais. Un rôle en or pour l'interprète, qu'on aimerait voir récompensé.


Nygma et le Pingouin. Alors là, c'est LE duo vedette. La saison 1 retrace l'ascension du Pingouin, qui de lèche-bottes d'une mafieuse sexy au service de Don Falcone, le big boss, va devenir le nouveau patron de la pègre de Gotham. Parallèlement, le timide et obsessionnel Nygma, scientifique médico-légal du GCPD, va peu à peu se transformer en tueur sans pitié, devenant The Riddler, L'homme mystère.


Bruce Wayne. David Mazouz, l'acteur qui campe le protagoniste, est excellent. On le voit grandir et mûrir au fil des saison en même temps que son personnage. Le jeune acteur excelle à montrer tout l'idéalisme du jeune Bruce Wayne ainsi que l'angoisse du traumatisme qui le tenaille. Cerise sur le gâteau, on a droit à la crise d'adolescence de Bruce, traitée de façon crédible.


Fish Mooney, bitch ! Allez, vous allez trouver que l'actrice cabotine, que ses éternels retours ultra-rocambolesques (9 sur l'échelle de Jodorowsky, appeléé égalemnt Nimpornawakomètre, pour vous situer) finissent par susciter le rire. Eh oui ! Mais qui contestera que dans les comics, les vilains ont un côté méchant d'opérette, retours improbables et rires sardoniques à l'appui ? Sans compter les interprétations diverse en fonction de l'auteur qui tient la plume. On est dans Batman ou pas, là ?


Bullock. Le comparse de Gordon, campé par un acteur inspiré, apporte un plus à la série, même si l'acteur a un jeu parfois agaçant : gestuelle maniérée et tendance à rester la bouche ouverte.


La ville des ténèbres. Entre ses ambiances glauques, le night-club du Pingouin, ses manoirs, les entrepôts louches (souvent le même, pour des questions d'économie, peu importe), son commissariat qui rappelle furieusement celui de Resident Evil 2, ses tarés, ses paumés, ses maires corrompus (oui, au pluriel), Gotham est vraiment la ville des ténèbres. Un New York (C'EST New York, techniquement) où le soleil ne brille presque jamais, où le danger rôde, où la mafia et ses séides tiennent la ville, où des savants fous engendrent des monstres aussi abjects que dangereux. Seul bémol, il manque bien quelques gargouilles au sommet des buildings. On n'est clairement pas dans la Gotham de Tim Burton, et on peut regretter que le visuel reste assez conventionnel.


La cour des hiboux. Oui, je sais, mais j'ai le comics à la maison, et j'ai adoré voir ce contenu porté à l'écran, ne serait-ce que de façon partielle. Lisez ce cycle, c'est un des meilleurs.


Les points faibles


Quand c'est trop, c'est Tropico. Trop de retours, trop de blessures graves encaissées et soignées comme par magie. Tout le monde à la constitution de Wolverine, dans cette ville, ou la discipline Fortitude à haut niveau. Sans compter les péripéties : beaucoup en très peu de temps. Chaque saison, hormis la dernière, compte 22 épisodes. 22 ! En 4 saisons, vous en bouffez plus de 80, et le rythme ne faiblit pas. Alors si comme moi vous regardez tout d'affilée...Ajoutons y les amours et allégeances qui se retournent comme un gant. L'exemple le plus frappant : Jim Gordon, héros de la série. Il tue le mari de son ex mais elle l'aime encore. Mieux encore, Barbara, la "première ex" de Gordon, devient une criminelle à qui il fait un bébé (la pression, tout ça). Santa Barbara à la sauce Gotham. Bon appétit si vous aimez vous assoir sur la crédibilité.


Le manoir Wayne, une cabane bambou. N'importe qui entre à loisir dans le manoir : Selina Kyle, qui en fait son lieu de villégiature favori, une ancienne camarade de lycée de Bruce, un ami d'Alfred, n'importe quel putain de taré de la ville de Gotham, jusqu'au Joker lui-même. Même si Bruce n'est pas encore Batman, un gamin vivant avec son domestique dans un manoir à l'écart de la ville ne disposerait d'aucune protection, pas un système, rien ? Si vous ne savez pas quoi faire, venez donc visiter le manoir Wayne. Pas besoin de vous annoncer, on aime les visites à l'improviste. Et Alfred vous aura préparé une tarte.


La formation de Bruce. Alfred puis une marionnette de Ras al Gul y pourvoient, mais on aurait aimé en voir davantage, par petites scènes régulières autres que des séances de boxe avec Alfred et le séjour dans le monastère du grand maître. La construction de la batmobile, l'aménagement de la batcave auraient été bienvenus et plus pertinents plutôt que d'ajouter un criminel taré de plus.


Harvey Dent. Fait son apparition dans la première saison, puis sera évacué rapidement. Alors que le Joker a droit à un prédécesseur, une construction progressive, etc. Dommage.


Je suis la nuit.


Je n'avais aucune attente particulière en découvrant cette série. Un ami, pourtant pas fan de Batman, me l'a recommandé. J'ai été happé. La série a fait peu parler d'elle, me semble-t-il. Je ne comprends pas pourquoi. On nous a bassiné avec Fargo (déjà que le film m'avait injecté du soporifique), His dark material (décevant) ou la série Watchmen (pas emballé, j'ai le droit ?), et même The Witcher, qui pèche sur de nombreux points (qu'on soit fan ou pas, je parle de narration pure et de mise en scène).


Gotham en revanche m'a enthousiasmé et ému. La série, en prenant son esso,r adopte l'esprit et la touche d'une saga. Alors si vous aimez les séries policières et le monde de Batman, foncez, et ne boudez pas votre plaisir. 5 saisons vous attendent, la dernière n'étant pas disponible sur Netlix.


On en voudrait encore !

OlivierDalmasso
9
Écrit par

Créée

le 27 déc. 2019

Critique lue 434 fois

2 j'aime

OlivierDalmasso

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