La pièce manquante du puzzle.

Netflix, en cette fin d'année 2019, nous propose de revenir sur la tragique "Affaire Gregory" avec une mini série de 5 épisodes d'une heure chacun.

Le 16 Octobre 1984, un enfant meurt, victime d'un "corbeau". Il était un "petit garçon plein de vie", et le destin lui a réservé un sort bien trop sinistre.
Grégory est une série très intéressante, fluide et agréable à suivre. A travers des enchaînements d'interview, de témoignages et d'images d'archives, le spectateur revit l'une des affaires criminelles les plus sombre de l'histoire de la France.

Malheureusement, cette belle mise en forme de l'affaire n'apporte que très peu de choses sur son fond. A l'image des faits réels, tout est flou. Les intervenants se suivent et se contredisent, et on sort de 5 heures de visionnage sans ne distinguer aucune vérité. Plus de trente ans après le cas Grégory, l'affaire avait de nouveau fait parler d'elle en 2017. Mais "l'impossible vérité" ne survient toujours pas. Des condamnés à droite et à gauche, les parents de Gregory au cœur d'une affaire médiatique sans précédent, son père, Jean-Marie, s'étant fait lui même justice, devant l'incompétence du premier juge, le juge Lambert, jeune inexpérimenté à l'époque (ayant mis fin à ses jours en 2017). On en apprend aussi plus sur le juge Simon, un homme droit ayant été victime de ce déferlement médiatique.

Certaines interventions sont également très déplacés, et même si Jean Ker est un professionnel à toute épreuve et sans doute un homme très sympathique, le voir raconter de façon immorale sa manière de décrocher des scoops (notamment à enterrement de l'enfant) m'a rapidement mis mal à l'aise. J'ai cependant trouvé l'intervention du gendarme Sesmat très pertinente, tant cet homme semble sincère et profondément bouleversée. On ne parlera pas de la condescendance insupportable de l'avocat de la famille Laroche, ni des réflexions plus que déplacés de l'un des policiers, ou encore de la détresse de Murielle Bolle, pièce à conviction qui retourne sa veste sans arrêt.

Il est agréable de voir à quel point Netflix arrive à produire des documentaires d'une grande qualité, mais le mystère autour de cette affaire reste entier, et relancer de nombreuses théories à son sujet n'est pas forcément une bonne idée, tant les débats sur les réseaux sociaux peuvent laisser place à tout et n'importe quoi. Il est intéressant également de constater à quel point la plateforme de streaming, consciente de la cible qu'elle vise (les jeunes), se bat pour proposer du contenu d'utilité publique.