Hard
6.5
Hard

Série Canal+ (2008)

Saison 1: 7/10
Saison 2: 2/10

J'arrondis à 4/10 pour la moyenne parceque la seconde saison est très décevante.

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C'est tout à fait par hasard que j'ai entendu parler de Hard dans un article sur lenet. Je décidai donc de donner une chance à cette production française pas comme les autres.

C'est très difficile de faire une critique globale de la série tant la prmière et la deuxième saison diffèrent. Le seul point commun, c'est le jeu d'acteur toujours impeccable. On ressent l'influence anglophone dans l'interprétation mais également la mise en scène et les scénrii.

La première saison est un véritable bijou. Les défauts ne sont néanmoins pas absent, je reprocherai certainement le manque d'objectif clairement défini: les problèmes d'argent de Sophie ne se font jamais assez sentir pour qu'on comprenne la nécessité de reprendre la boîte de son feu mari; la musique agace souvent par son omniprésence et surtout sa surenchère dans les moments dramatiques. Il y a également des ellipses inconvenues qui ne permettent pas de comprendre la psychologie de Sophie vis à vis de Roy (tantôt elle l'aime tantôt elle le rembarre... les voies de Sophie restent impénétrables); de ces raccourcisseemnts, on en retire un happy ending un peu forcé, comme si les créateurs n'avaient pas eu assez d'épisodes pour en dépeindre toutes les nuances.

Heureusement, si l'intrigue principale peine à se dévoiler, les sous intrigues prennent le relais et captivent le spectateur. La série est drôle et fraîche et surtout ne manque pas de spontanéité, surtout dans une écriture évitant les pièges liés au format. L'humour tantôt franchouillard tantôt british permet de faire allusion au comique des productions françaises (depuis "alpha france" jusqu'au porno français de luxe à l'américaine). Le ton est franchement agréable, ce n'est pas du lourd (on rit par ce qui est suggéré et non ce qui est montré) mais plutôt décalé. Les seconds rôles et même les guest stars se savourent les uns après les autres. Léger bémol inévitable par contre, lorsqu'on voit les rush, on a du mal à se dire qu'il s'agira d'un porno; la qualité des plans et du hard est plutôt à l'image d'un téléfilm érotique destiné à ab3...

La saison 2, par contre, tombe bas, très bas. L'héroïne était déjà très peu sympathique dans la première saison, et son revirement de fin sonnait plus comme un happy ending forcé que comme une véritable rédemption; la preuve en est qu'elle retombe de suite dans ses travers de l'à priori bourgeois coincé et hypocrite. Malheureusement les scénaristes ne tentent jamais de la sauver d'elle même; elle paraît donc de plus en plus insupportable au spectateur: elle est le moteur du conflit, mais contrairement à un Lagaffe qui le fait malgré lui, elle, c'est de son plein gré qu'elle se jette dans la bêtise humaine, et surtout, qu'elle refuse de comprendre.

C'est aussi dans la caricature que la série tombe: les personnages du monde porno, qui étaient jusque là bien construits, avec toutes les nuances que cela comporte, sont maintenant des boeufs, des idiots, dont chaque apparition ne fait que souligner le bouffonerie. Dans le dîner de con, monsieur pignon touche malgré sa bêtise car il révèle son coeur, mais surtout que la bêtise n'est pas là où on le croit. Sophx saison 2 nous montre que si on est acteur on est forcément débile et, à moins d'être bien monté, on est insauvable (et encore, parceque si Roy trouve le bonheur c'est parceque Sophie veut bien de temps en temps lever les remparts du préjugé). Il y a également ce personnage du travelo qui finit par s'accepter comme un homosexuel homme et non plus comme femme... comme si se travestir était le signe qu'on ne veut pas s'accepter soi même, ce qui me semble être un préjugé insultant. Signe également que la compassion a fait quelques pas (les homos ok) mais a encore un bon chemin à faire (les travelo mmmmmmmmh).

Si la première saison semblait spontanée, les scénarii , cette fois, n'évitent aucun artifice (cliffhanger, running gag en début d'épisode, punch lines, ...). La trame principale semble reprendre les soucis de l'héroïne sans se soucier des évolutions qu'il y aurait eu entre temps, peut être dans l'espoir de reprendre ce qui aurait fait succès de la première saison: le hic, c'est qu'un personnage vivant est un personnage qui évolue: en condamnant Sophie à rester cette bête femme qui ne veut pas réfléchir, le scénariste tue son personnage. Quand je vois par exemple Britain, avec Tim Roth, son personnage passe par une phase évolutive, même si au final, il est resté ce sale vaurien raciste néo-nazi.

L'humour pâtit même des faiblesses scénaristiques, puisqu'on tombe dans le simple potache, la bouffonerie pure, le rire facile lié au film de boules. Le rapprochement entre le monde de Sophie et l'église en sont un parfait exemple: les gags restent faciles et sont traités avec peu d'originalité, peu de tact.

Les incohérences font également leur apparition, (par exemple la fille tantôt amie, tantôt ennemie, tantôt chienne qui a couché avec tout le quartier, tantôt vierge qui n'a pas encore 'vu le loup'). Finalement la série prend le ton voulu par la bonne vieille france Sarkozisée; finies les audaces, bonjour le conformisme.

Le scénario comporte énormément de lacunes surtout dans l'intrigue concernant les polonais: la façon dont le personnage est sauvé est tellement artificielle... En fait elle ne se fait jamais pardonner de ses erreurs... les personnages secondaires semblent juste avoir oublié comment elle les a lâchement abandonnés. Et c'est là que les artifices les plus cheap apparaissent pour tenter de souder le groupe: Roy apprend qu'il est vendu par sa future femme(hypocrite) et PAF, elle annonce qu'elle attend un bébé. Dès lors il pardonne..

Sophie, vous l'aurez bien compris, reste le pire de la série, elle qui trahit, manipule, exploite, trompe juste pour sa propre bonne conscience et qui semble être félicitée par tout et tous. Il s'agit pourtant d'une femme qui a vendu ses travailleurs, qui a demandé à son amie de coucher avec un avocat pour récupérer un bon deal, qui n'écoute jamais personne d'autre qu'elle même (jusqu'au dernier épisode elle n'aura écouté ni ses 'amis' travailleurs, ni ses enfants).

En plus de détruire leur personnage principal, d'en faire la pire chose au monde, les créateurs nous privent également des seconds rôles qui ont fait le succès de la série, les limitant ainsi à quelques apparitions facilement oubliables... on ne consent même pas à leur détresse quand la boite est revendue puisqu'on ne les connaît plus et que les créateurs nous ont forcé à nous attacher aux conflits d'intérêt d'une bourgeoise hypocrite et égoiste.

Hard se termine avec un dernier message assez dur à avaler: même sorti du deuil on ne pardonne pas aux morts. Ainsi, Sophie déclare qu'elle en veut toujours à son mari de lui avoir caché la vérité et par là d elui avoir légué cette boîte.

Ainsi, Hard est une série qui débutait bien: la première saison ressemblait davantage à un récit coupé en 6 épisodes qu'à une série formatée comme les autres. Pire, malgré les apparences, la série prône davantage l'égoïsme, le confort personnel et le replis sur soi plutôt que la libération sexuelle et l'ouverture sur soi. Outre un message discutable, la réalisation et l'écriture se font paresseuses, ingrates et faciles. Je dirai que de toute la série, seule la première saison vaut le coup malgré ses quelques défauts.

Fatpooper
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le 10 janv. 2012

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