Une série familiale. Cette expression liminaire en forme d'avertissement au début de chaque épisode résume très imparfaitement cet objet télévisuel très atypique. Il rend compte en tout cas de l'intention de Fassbinder: tourner une série qui réunira toute la famille devant et derrière l'écran.
Une série malheureusement interrompue puisque ces 6 épisodes sont orphelins des 3 derniers, que la WRD aura renoncé à tourner devant les polémiques.
Fassbinder donne pourtant l'impression d'avoir fait le maximum pour présenter sa face la plus avenante. Personnages rarement antipathiques (en dehors de l'affreux beau-frère à fine moustache), critique sociale bien présente mais atténuée par un optimisme surprenant, ton moins acide qu'à l'habitude.
Fassbinder réussit sa mission de présenter un divertissement familial mais comme on ne se refait pas, il ne tait ni la violence domestique, ni les relations générationnelles difficiles, ni le racisme entre prolétaires, ni l'alcoolisme, ni la mesquinerie, ni le mépris de classe...qui traversent la société.
La scène d'exposition est magistrale: 15 minutes d'une réunion de famille qui débute tout sourire avant de glisser progressivement vers l'aigre-doux. Comme dans n'importe quelle famille.
C'est là toute la complexité de la série en laquelle certains n'ont voulu voir qu'une apologie simpliste de la classe ouvrière.
Il serait assez vain de vouloir résumer ces 8 heures en quelques lignes. J'aurais aimé que RWF puisse mener ce projet à son terme, histoire d'en avoir le fin mot.
En l'état, la série réussit sans mal à passionner pour le destin collectif et individuel de cette poignée d'ouvriers et de leur famille.
Mention particulière aux acteurs centraux, Hanna Schygulla et Gottfried John: ils sont tout simplement éblouissants.