Hung
6.4
Hung

Série HBO (2009)

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Home Box Office, HBO pour les intimes, est à l'origine d'une partie des meilleures séries diffusées ces dernières années, la plupart connaissant aussi bien le succès médiatique que public. Jugez plutôt (le chien de Mickey) : Band of Brothers, The Sopranos, Oz, Sex 'n the City (on en reparlera un jour), Six Feet Under, The Wire ou plus récemment le tordant Flight Of The Conchords ou encore True Blood.

En juin 2009, la chaîne culte lançait donc sa dernière création, Hung. Il s'agit donc l'histoire de Ray Drecker, prof d'histoire quadragénaire (joué par Thomas Jane qui avait collaboré à la daube qu'est Punisher version 2004, en portant le t-shirt à tête de mort) dont la vie se délite : sa femme (Anne Heche) s'est barrée avec un nerd plein aux as, ses enfants (des faux jumeaux gothiques obèses) le méprisent, sa maison a pris feu et il n'a plus l'argent pour la remettre en état.
A la recherche d'un moyen de gagner de l'argent, il s'inscrit à un cours de création d'entreprise où il rencontre Tanya (Jane Adams), fille perdue à cheveux gras qu'il grimpera sans ménagement le soir même. Après qu'il s'est comporté comme le dernier des enfoirés, il prend conscience que son seul atout dans la vie est son énoooooooorme... bite. Aidé par Tanya qui jouera le rôle de mac, il décide de monnayer son talent. Ray devient donc gigolo...

Jusque là, tout va bien. On se dit que c'est HBO, que le sujet est un peu borderline et que ça peut donner lieu à pas mal de situations burlesques et bien senties (surtout avec des noms d'épisodes tels que « Great sausage or can I call you dick?« ). Et là c'est le drame, à commencer par le casting.
Thomas Jane (monsieur Patricia Arquette) a toujours autant le charisme d'une moule et il est bien difficile de s'attacher au personnage. Avec son air benêt et malgré son physique de bellâtre, Ray (ou plutôt Thomas Jane) ne dégage rien : pas d'humour, pas de cynisme, pas de répartie cinglante, juste un mec médiocre mais doté d'un membre très apprécié des milieux autorisés. Un vrai manche à couilles en somme, pour lequel il est bien difficile de ressentir quoi que ce soit : ni admiration, ni jalousie, ni sympathie, ni mépris, tout juste une indifférence polie.
Une indifférence polie qui finalement sied assez bien à l'ensemble du casting, encore que les personnages féminins s'en sortent plutôt mieux, sans pour autant marquer les esprit. Les jérémiades de Tanya agacent, la candeur d'Anne Heche en fait une nunuche insupportable et les jumeaux mettent mal à l'aise (les expérimentations capilaires et vestimentaires adolescentes, alliées à un physique à la base difficile, ça fait beaucoup). Heureusement, quelques bons moments sont à mettre à l'actif des seconds rôles, Rebecca Creskoff (working girl castratrice et sans gêne) et Steve Hytner (gourou libidineux et baratineur de la saison 1) en tête.

Mais c'est surtout au niveau de son rythme et de son ton que Hung déçoit. N'espérez pas une débauche de luxure, la vie dans le business du sexe n'est pas facile (« It's hard out here for a pimp » comme disait l'autre) pour un abruti bourrin et une complexée victime chronique. Donc non, Ray ne passera pas son temps à déglinguer tout ce qui bouge : il passera beaucoup plus de temps à se prendre la tête et à soigner les petits bobos de Tanya (qui le lui rend bien) qu'à gagner de l'argent et user de son appendice.
Et quand il passe à la casserole, c'est avec pudeur que la série fait l'ellipse des ébats (là où True Blood sur la même chaine faisait peu de cas de la censure). Finalement, à trop vouloir jouer la carte de la sensibilité (et viser un public féminin – ce qui somme toute est plutôt cohérent avec le propos de la série), on perd en humour ou en profondeur du propos (et ce malgré l'outil de Ray) : il n'y a pas vraiment de discours derrière Hung, si ce n'est (peut être) que les femmes peuvent reprendre le pouvoir en usant elles aussi du sexe tarifé. Mouais, on a vu plus percutant comme démonstration féministe mais heureusement, la question de la moralité de l'entreprise n'est pas au cœur des débats (la prostitution étant ici abordée d'un point de vue purement marketing).
NicoBax
4
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le 10 mars 2011

Critique lue 1.7K fois

5 j'aime

NicoBax

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