Quand le plus sordide du profane entre en collision avec le mystique

Il miracolo est une série italienne choc. Elle utilise en connaissance de cause des ingrédients à priori contradictoires pour générer la surprise, le malaise et le soufre.Ainsi, le créateur dézingue la figure du prêtre, fissure l’image de la première dame vertueuse et des enfants modèles.Un ADN qu’on retrouve aussi dans le cinéma de Sorrentino ou de Garrone.Il semble que cet assemblage tend vers une provocation du politiquement correct pour dénoncer ses mirages. Alors, quand la découverte d’une vierge pleurant des larmes de sang s’invite au plus haut sommet de l’état, les masques tombent.Et, dans un mouvement inexorable, le plus sordide du profane entre en collision avec le mystique.En étant acerbe, dérangeante, sans concessions, il miracolo ne peut laisser indifférent dès les premiers épisodes.Chaque personnage oscillant entre la lumière et sa face sombre bouscule le spectateur, et on serait bien malin de savoir où la surenchère dramatique nous mènera.Alors, pris dans les filets des récits aussi dingues les uns que les autres, on a qu’une envie irrépressible: connaître la suite! Curieusement, les showrunners font retomber l’intensité dans les épisodes 4 à 6. L’effet de surprise fait place à la réflexion.Alors,l’occasion est de voir comment la religion s’avance au delà du miracle.Sole (femme du premier ministre) devient méfiante envers Olga, la jeune femme pieuse s’occupant de ses enfants. Le prêtre Marcello se fait rattrapé par sa hiérarchie quant à ses errements.Des situations où les protagonistes passent à la caisse.Etre coupable est pêcher ou avoir une attitude équivoque? Le questionnement continue et la madone est mise légèrement en stand-by pour développer d’autres pistes. Comme celle de crises éprouvant les uns et les autres.Difficile d’entrevoir un final décidément pas balisé. Après un début prometteur, les concepteurs d’Il miracolo, en suivant ses personnages de près, font le choix de proposer des évolutions déroutantes.Quelque part, ce patchwork de ressentis malmène l’unité dramatique initiale. La seule personne semblant avoir un semblant de sérénité semble être le premier Ministre.Son habitude des hauts et des bas dans la vie étant un facteur essentiel.Le prêtre et la biologiste ( représentant la religion et la science) sont chamboulés et ne trouvent pas la paix intérieure à laquelle ils aspirent.Finalement, en ne tranchant pas et en laissant le spectateur se faire une opinion, le créateur de la série s’en remet aux mystères de la vie.Un choix courageux car une adhésion totale à l’action est loin d’être acquise.

Specliseur
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Des séries et des hommes et Les séries qu'il ne faut pas spoiler

Créée

le 10 janv. 2019

Critique lue 2.9K fois

6 j'aime

Specliseur

Écrit par

Critique lue 2.9K fois

6

D'autres avis sur II Miracolo

II Miracolo
Maître_Grenouille
7

Les voies du Seigneur sont impénétrables

C'est la réponse bien connue du croyant désemparé face à l'incompréhensible. Si Dieu existe, par exemple, d'où vient le mal ? À cela, impossible de répondre autrement qu'en bottant en touche : nous...

le 27 janv. 2019

7 j'aime

1

II Miracolo
Specliseur
6

Quand le plus sordide du profane entre en collision avec le mystique

Il miracolo est une série italienne choc. Elle utilise en connaissance de cause des ingrédients à priori contradictoires pour générer la surprise, le malaise et le soufre.Ainsi, le créateur dézingue...

le 10 janv. 2019

6 j'aime

II Miracolo
LeoB84
8

"Il Miraccolo" [CineMed2018]

Il y a quelques heures, j'ai eu la chance de voir en avant-première les deux premiers épisodes de la série "Il Miraccolo", lors de la soirée d'ouverture du 40e Cinemed. Un choix d'une incroyable...

le 19 oct. 2018

5 j'aime

Du même critique

Eiffel
Specliseur
8

Un biopic alternatif remarquable

Ce qui marque d’entrée dans Eiffel est la qualité des scènes d’époque du côté de Bordeaux où de Paris. Martin Bourboulon effectue une mise en scène épatante où chaque détail compte. Les extérieurs de...

le 13 oct. 2021

40 j'aime

Paddington
Specliseur
7

Un petit ours débonnaire dans un film drôle et optimiste

Je comprends mieux pourquoi nos voisins britanniques ont une affection si particulière pour Paddington.Ce petit ours péruvien et déraciné qui débarque à Londres a déjà un regard naïf mais pas tant...

le 14 déc. 2014

25 j'aime

3

Les Frères Sisters
Specliseur
5

Le western: pas un background pour Jacques Audiard

Quand j’ai lu,comme beaucoup de monde,que les Frères Sisters était une proposition de John C Reilly au réalisateur,j’ai commencé à avoir quelques doutes sur la nature de ce film pas véritablement...

le 20 sept. 2018

19 j'aime