A la poursuite de l'espoir

Après avoir lu de nombreux avis négatifs sur cette série que je viens de terminer, je ressens le besoin de lui faire honneur. Je préfère vous prévenir d'emblée, cette critique contiendra du spoil. Japan Sinks 2020 est l'adaptation d'un roman sorti en 1973. L'intrigue se déroule en 2020, comme l'indique le titre, et nous sommes donc face à une réactualisation de celui-ci. Le pitch est finalement contenu dans le titre de l'oeuvre : le Japon coule. Eh oui, c'est une série catastrophe, dans laquelle les personnages que nous sommes amenés à suivre feront face à une vague de séismes, ainsi qu'à l'éruption du Mont Fuji.
Le groupe initial se compose d'une jeune athlète, Ayumu, de son petit frère, Go, ainsi que de leurs parents, et d'un camarade d'école de la jeune fille, Haruo. Ils seront, par la suite, rejoints par Kite, un célèbre Youtubeur survivaliste, et par un scientifique handicapé et muet, qui avait prédit que le pays était sur le point de sombrer. Ils croisent la route de nombreux autres personnages qui, pour la plupart, n'auront malheureusement pas la chance de survivre.
Je ne compte pas résumer toute la série, mais j'invite les personnes qui n'auraient pas vu la série, et qui ne se soucieraient pas du spoil de mon texte, à tout de même aller la voir. Dans Japan Sinks 2020, préparez-vous au désespoir, ou plutôt, à de nombreuses pointes d'espoir qui vous seront retirées, annihilées avec brutalité. Car, en effet, ce qui attend de nombreux personnages dans Japan Sinks 2020, c'est la mort, la vraie, froide et soudaine, comme le veut un contexte dans lequel tout peut s'effondrer à chaque instant. Ensuite, on passe à autre chose, on poursuit sa route, avec un espoir désespéré, le tout entrecoupé de moments de flottement, où on profite simplement de l'instant présent, et qui donnent lieu à des séquences poétiques, qui semblent se détacher de l'horreur de la réalité diégétique.
On craint à tout moment que le désespoir ne l'emporte, que les personnages sombrent avec l'archipel, et qu'il n'en reste rien. C'était sans compter la conservation permise par notre époque, entre les photographies qui viennent ponctuer leurs voyages, et les vidéos familiales, qui seront finalement classées au rang d'archives pour la postérité du sentiment national.
Cette série aborde de très nombreux sujets contemporains, montre un certain nombre de spécificités du Japon sans pour autant en occulter les aspects les plus négatifs (par exemple, les espèces de nazis japonais qui refusent de venir en aide aux personnes étrangères résidant sur le territoire). Pour finir, si le Japon sombre, dans le récit, l'histoire tend à montrer que seul le territoire n'existe plus, et qu'il perdure grâce aux survivants et aux archives. Derrière cet élan de patriotisme, la mondialisation reste au coeur de cet univers (c'est particulièrement souligné à travers Go, qui aime parler anglais et rêve d'aller en Estonie), et termine sur une note d'espoir.

Alors certes, certaines morts sont spectaculaires, ce qui fait dire à certains qu'elles sont irréalistes ou incohérentes, mais c'est le trait d'animation qui veut ça, c'est le parti pris esthétique. J'ai également vu certaines critiques quant à l'animation ou au style de dessin. Pour ce qui est du second point, cela relève de la subjectivité propre à chacun, mais pour ce qui est du premier point, je ne comprends pas, je trouve, au contraire, l'animation très fluide, et certaines actions particulièrement bien animée (le dérapage du pick-up et la séquence de fusillade, par exemple).

Pour terminer, c'est sur l'espoir, l'entraide et la solidarité que repose la réussite de toutes les épreuves auxquelles sont confrontés les personnages, et c'est le message principal que propose la série, à l'attention de notre monde contemporain, car dans Japan Sinks 2020, les grandes puissances n'hésitent pas à venir en aide au pays submergé, et le monde est présenté comme finalement apaisé.