Saison 1 (8/10) :
Cela faisait un bon moment que j'entendais parler de Phoebe Waller-Bridge, notamment son « Fleabag » et donc « Killing Eve », dont le point de départ et l'étrange affrontement féminin s'annonçait fort stimulant. D'ailleurs, d'emblée on sent que cette série ne sera pas comme les autres : il y a un ton, une singularité, que ce soit dans les dialogues, les personnages, la manière de construire un récit ou de créer un vrai pouvoir de fascination chez cette antagoniste totalement insaisissable qu'est Villanelle, que la créatrice a eu l'intelligence de rendre aussi importante (si ce n'est plus) que la « vraie » héroïne.
Jouant constamment avec les codes, les respectant par moments, parfois pas du tout, l'œuvre trace vite son chemin pour se construire une identité forte, avançant ses pions pour nous amener régulièrement vers des voies insoupçonnées : je pense à
la mort extrêmement prématurée de Bill, mais aussi toute la partie se déroulant en prison, le rôle trouble de Konstantin, ou évidemment la relation plus qu'ambiguë entretenue par Eve et Villanelle,
offrant quelques scènes mémorables, parfois improbables, mais réjouissantes.
Bref, quand une écriture aussi audacieuse qu'originale se montre à ce point au service de son intrigue et de ses personnages, surtout lorsque ces derniers sont interprétés par Sandra Oh (que de chemin parcouru depuis « Grey's Anatomy », mais un jeu toujours aussi séduisant) et Jodie Comer, vraie révélation, excellemment secondées notamment par Kim Bodnia et Fiona Shaw dans des rôles tout aussi savoureux, on ne peut que se réjouir : alors vive « Killing Eve », vive Phoebe Waller-Bridge et vivement la suite si elle s'avère du même acabit.