Kingdom
7.2
Kingdom

Série Audience Network (2014)

Kingdom, c'est la série que je n'attendais pas. Une série américaine confidentielle, sortie sur une petite chaine (Direct TV), portée par des acteurs peu connu (ou presque), avec une thématique pas forcément des plus engageante.
Cette série raconte les déboires d'un ancien pro de MMA (Alvey), qui tient aujourd'hui une salle de sport et entraine des combattants. C'est aussi l'histoire de son entourage : ses deux fils, Jay et Nate, tout deux animés par la même passion que leur père, ou en tout cas ils ne connaissent que ça et ne savent faire que ça ; il y a aussi sa compagne, Lisa, qui l'aide à gérer son entreprise et l'ex de celle-ci (Ryan), ancien star montante de MMA sorti tout juste de prison.


Kingdom c'est donc ce petit monde qui ne gravite qu'autour d'une chose, un sport, le MMA. Là ou Friday Night Lights savait nous intéresser tant à la vie des personnages, qu'aux matchs des vendredis soirs, ici les personnages passent avant tout. Les matchs et les entraînements sont moins importants qu'attendus, moins intenses, moins fascinants. La série s'intéresse un peu plus à l'envers du décor : arnaques des combats, répérages de futurs combattants, promotions des matchs, phénomènes d'intense perte de poids d'avant match...
Peut-être que la série aurait gagné à aller plus en profondeur dans le propos, à intensifier les choses du point de vu de ce sport et de tout ce que ça recoupe, mais ça reste d'assez bonne facture tout de même.


L'intérêt de Kingdom c'est surtout ce portrait d'une famille qui ne connait que ce milieu là. C'est ces hommes qui taisent leur émois, mais parlent avec les poings, qui sont bouffés par la monté de l'adrénaline, par la rage de vaincre, par l'égo qui se gonfle à chaque victoire. Dans Kingdom les gens sombrent dans l'alcool, la drogue, la violence, les corps à 20 ans sont brisés de milles parts et ils partent au combat avec une main brisé, parce qu'il faut se montrer, parce qu'il faut vivre.
Alvey, le patriarche, porte un regard distancié sur tout ça. Il a tout vécu, la gloire, la drogue, la dépréssion, et il tente, fort de son expérience, d'aiguiller comme il peut, ses fils et Ryan. Cette saison ne sera pas tendre avec Alvey, qui peu à peu voit sa vie s'effriter. D'un autre côté Nate, vit la vie qui semble toute tracée, sans jamais s'opposer. Il semble spectateur de son propre errements et muet face à ses propres doutes et émotions. Jay, lui, croque la vie à pleine dent, et parfois un peu trop. Il s'éparpille et dérape facilement, mais porté par la volonté de sauver sa mère de l'héroïne et la prostitution, Jay le fougueux remet sa vie en place, parce qu'il est finalement trop attaché au terme « famille ». Ryan quant à lui, tente de reprendre un sport dans lequel il avait un brillant avenir mais qui l'a aussi poussé vers la plus grande folie. Comment se reconstruire après quatre années en prison et comment ré-embrasser une vie qui l'a brisé, mais cette fois ne pas chuter ? Voilà le parcours complexe et tumultueux de Ryan cette saison. Et au milieu de tout ça, Lisa, cette jeune femme forte, va devoir se battre pour montrer que la place qu'on lui a accordé dans la vie de tout ces hommes et dans ce sport, elle le mérite et qu'elle n'est pas là par hasard.


Kingdom, c'est une série sur un monde, dont il n'est pas nécessaire de connaître tous les rouages. C'est surtout une série sur une famille de milieu populaire qui vit dans un monde violent et parfois désespéré, ou les hommes se taisent, subissent mais ont toujours les points en avant.


Avis sur la saison 2


J'ai pris le même plaisir à suivre la série que la saison passé, principalement parce qu'il y a une rage, une noirceur et un tel désespoir qui se dégage des personnages et de la série, tout ça dans une ambiance un peu claustrophobique et pleine de sueur. Et pour moi, que Kingdom réussisse à dégager ça, c'est déjà immense.


Pourtant cette saison, il y a eu quelques défauts, dans les intrigues et les narrations, au milieu de très bons moments. Globalement l'ensemble est un peu brouillon.
Kingdom continue de capitaliser sur le personnage de Jay, le plus attachant et le plus extraordinaire des personnages de la série. Toutes ses intrigues cette saison sont intéressantes à suivre. Ce qui gène sur le long terme finalement c'est son attachement à sa mère, qu'on traine comme un boulet et dont on espère presque une issue fatale dans le final.
Alors même que parallèlement l'intrigue autour de Ryan et son père ne passionnait guère au départ et fini petit à petit par marquer et abouti à un final poignant. Le personnage de Wheeler ne m'intéresse pas plus que ça, mais l'acteur est très bon.


Ce qu'on regrette surtout cette saison c'est le traitement un peu en dent de scie de Nate. La saison s'ouvre sur la question de son homosexualité, mais elle se referme aussitôt. Qu'on ne se m'éprenne pas, le côté autodestructeur de celui-ci en combat, ainsi que sa sensibilité, est une émanation de ça. Les questionnements du père sur l'avenir de combattant de son fils sont très intéressants, mais ça fait 2 saisons maintenant qu'on nous laisse sur notre faim. On attend aux aguets un signe, un mot de lui ou de quiconque pour effleurer un peu le sujet. Il n'en est rien et ça tarde trop.
On peut aussi reprocher à la série de passer aussi à côté du personnage de Lisa cette saison, qui est là sans l'être. Du coup, la conclusion du personnage cette saison laisse un peu de marbre, par manque de traitement en profondeur.


L'introduction d'un nouveau personnage féminin et combattante en plus est un réel plus pour la série cette saison. Kingdom aborde ainsi les questions de sponsors, mais aussi du MMA féminin. Mais encore une fois c'est traité de façon disparate, à tel point que pendant certains épisodes on en oubli même son existence. L'ajout du personnage n'est donc pas toujours bien incorporé à l'ensemble, mais l'idée est louable.
Du côté des plus cette saison, encore une fois les combats sont très bons. Cette année ils sont nombreux, sans être trop fréquent non plus, et ils rythment parfaitement la saison.


J'aimerais finir par évoquer le grand Kulina. Le patriarche est surement le personnage le plus charismatique et le plus insaisissable de la série. Son parcours chaotique est complètement dans la lignée de la saison passé et c'est une réussite. Mais je crois que ce qu'il faut retenir de la puissance de cette série ce sont les derniers mots de Kulina cette saison. On ne pouvait pas mieux conclure cette saison. L'essence de la série est là et je vous invite à la revoir.


Avis sur la saison 3


Cette troisième saison surprend et déstabilise au départ, parce qu’on retrouve les personnages plusieurs mois après le final de la seconde saison et qu’il faut raccrocher les wagons. Pourtant, malgré le temps qui a défilé, on se rend compte que les personnages semblent toujours pris par leurs démons intérieurs.


Ainsi Kingdom pousse des personnages tel que Alvey et Jay dans une longue autodestruction, ou le premier s’isole un peu plus des autres et tente de se redonner vie dans un combat, plus face à lui-même que face à une autre légende. Jay, continue sa longue descente aux enfers, encore animé par sa belle vision de la famille, qui cette fois l’oblige à se saborder pour soi-disant mieux les protéger en les faisant fuir.


Cette ultime saison, qui n’aurait pas dû l’être au départ, tente de donner une consistance à Christina, mais qui malheureusement n’aura pas d’issu. C’est l’un des seuls signe que la série n’avait pas prévu de se terminer si tôt.


En effet, les derniers épisodes résonnent comme un final. Un final cruel, violent, désespérant, à l’image de ses personnages et de cette série. Kingdom a toujours montré la violence et le errement de ces hommes qui n’ont pas d’autre issu dans la vie que de frapper ou de se faire frapper. Mais il y en avait un qui n’était pas touché de la même manière par cette rage et ce sport, c’était Nate. Il était droit et loyal, soutenant mais touchant. Sa discrétion masquait la façon dont il liait tout. Que peuvent-ils tous devenir sans lui ? Rarement un final de série ne m’aura touché autant en plein cœur. C’était fort, c’était juste, c’était Kingdom.


- How are you gonna do this, Alvey?
- Do what?
- Fight.
- What do you mean, Christina? What...What else... what else can I do?
What else can I do?

Créée

le 6 janv. 2015

Critique lue 2.7K fois

17 j'aime

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Skyler-m

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