Voir la série

La bande-annonce au style victorien et promettant une grande histoire de romance dramatique nous avait attiré, et les colportages sur les "scènes débridées" nous avait rendu bien curieux, alors on a chaussé notre monocle pour voir ça... Et bien, à tous points de vue : c'est très décevant. Loin de la belle histoire d'amour à enjeux, l'on tombe sur un scénario niais à en pleurer, qui enfonce les portes ouvertes, que l'on prévoit plusieurs épisodes à l'avance, et qui ne peut nous surprendre que dans le mauvais sens, en nous offrant à voir des scènes encore plus pathétiques que tout ce que l'on était capables d'imaginer. Ainsi, vous pourrez profiter toutes les dix minutes d'un concours de circonstances extraordinaires qui amènent immanquablement le Duc derrière la jeune Daphné, et à lui de susurrer des mots niais à son oreille, ce qui rend tout chose la sainte-nitouche. L'intrigue désolante de prévisibilité n'avait pourtant pas besoin de ce genre de scènes gnangnans : la jeune fille qui s'arrange avec le beau Duc pour faire croire à un flirt, mais en réalité ils tombent amoureux (oh, ça alors, on ne l'avait pas vu venir), et ne savent plus comment rester ensemble sans avouer la force de leur amour mutuel (ça nous a coûté d'écrire cette mièvrerie, mais c'est à la lettre le déroulé de l'intrigue). On ne compte également plus les poses "beaux gosses" qui s'enchaînent sur le physique avantageux (mais au charisme d'huitre) de l'acteur Regé Jean-Page, qui deviennent vite dignes d'une parodie (si seulement...). On s'afflige des dialogues écrits sans se fouler le poignet ("Vous êtes un prince, soyez charmant." : oh que c'est drôle...pour un enfant de quatre ans), soit avec un double-sens lourdingue (en parlant d'une peinture : "Celle-ci est unique, les autres sont du goût de mon père" avec un regard lascif coulé vers Daphné...) ou encore d'un autre temps voire machistes (dialogue entre femmes : "Faisons ce que les femmes savent faire de mieux : parler."... Donc on intègre des acteurs "de couleur" pour moderniser le propos et d'un autre côté on garde des clichés réducteurs sur les femmes ? Deux poids, deux mesures...). Quant aux "fameuses scènes dénudées" (qui auraient atterri sur des plateformes pornographiques, selon la rumeur), on se demande bien ce qui a pu faire frétiller les spectateurs, tant tout est prude (on voit la Lune, et après ?), on ne voit guère plus que ce que l'on connaît d'habitude dans d'autres films et séries, mais peut-être le caractère puéril de la série aura rehaussé le côté "hot" de ces scènes risibles. Enfin, pour ne pas perdre plus de temps avec cette guimauve, le dernier plan qui nous révèle l'identité du corbeau qui écrit les chroniques est une déception (oui, encore), à ranger aux côtés de toutes celles déjà cumulées dans cette seule première saison. Bienvenue à Nunucheland.

Aude_L
4
Écrit par

Créée

le 1 mars 2021

Critique lue 1.1K fois

6 j'aime

Aude_L

Écrit par

Critique lue 1.1K fois

6

D'autres avis sur La Chronique des Bridgerton

La Chronique des Bridgerton
YvanMarchand
7

Des noirs et des costumes !

Encore une série "color blind" ! Montrer des noirs qui évoluent naturellement au milieu des blancs au XVIIIème siècle est tout simplement ridicule. Faut-il rappeler qu’à cette époque, les noirs...

le 29 déc. 2020

38 j'aime

18

La Chronique des Bridgerton
Algernone
8

Une jolie série romantique avec un vernis woke

Une jolie petite série légère et feel good, qui, sans renouveler le genre, apporte une certaine fraîcheur grâce à un vernis qui reprend les valeurs très actuelles de l’antiracisme, de la dénonciation...

le 26 déc. 2020

34 j'aime

6

La Chronique des Bridgerton
Yoda_le_Vrai
1

Fan de Jane Austen.. fuyez

Non seulement c’est niveau serie harlequin, mais les choix artistiques (une reine anglaise de couleur par exemple) rend le tout totalement artificiel et de mauvais goût..Jane Austen version bas de...

le 29 déc. 2020

17 j'aime

75

Du même critique

The French Dispatch
Aude_L
7

Un tapis rouge démentiel

Un Wes Anderson qui reste égal à l'inventivité folle, au casting hallucinatoire et à l'esthétique (comme toujours) brillante de son auteur, mais qui, on l'avoue, restera certainement mineur dans sa...

le 29 juil. 2021

48 j'aime

Bob Marley: One Love
Aude_L
5

Pétard...mouillé.

Kingsley Ben-Adir est flamboyant dans le rôle du jeune lion Bob Marley, âme vivante (et tournoyante) de ce biopic à l'inverse ultra-sage, policé, et qui ne parle pas beaucoup de la vie du Monsieur...

le 14 févr. 2024

38 j'aime

Dogman
Aude_L
8

Besson a lâché les chiens !

Caleb Landry Jones est vraiment stupéfiant, nous ayant tour à tour fait peur, pitié, pleurer (l'interprétation d’Édith Piaf en clair-obscur, transcendée, avec un montage si passionné, on ne pouvait...

le 18 sept. 2023

35 j'aime