Une mini série pour une mini-Dorrit

Il y a une espèce de je ne sais quoi dans l’air anglais qui confère aux séries historiques britanniques une légitimité, leur donne de l’ampleur, un charme so irresistible.

Comme si l’équation série anglaise + costume était un gage de qualité.

C’est sans doute le climat brumeux qui vient patiner le teint des acteurs et leur donner un air convainquant, ou alors juste leur accent qui nous dépayse, et évoque en nous la so british distinction. Enfin peu importe pourquoi, on aime les aimer. Ca ne les exonère pas de défauts, mais on les pardonne facilement, bercé par le charme des décors et costumes.

A la base, Little Dorrit est une œuvre feuilletonnesque de Dickens, quand on a dit ça on a compris qu’on va pouvoir préparer son mouchoir pour mieux supporter l’intenable vie de notre pauvre petite héroïne (ma découverte avec Oliver Twist quand j’avais 10 ans reste une des plus grandes sources de larmes de mes années d’école primaire).
Oui mais notre petite Amy Dorrit a un cœur en or qui l’aide à traverser les moments les plus durs, et elle le gardera jusqu’au bout (- ce dont on ne doutait point).

Elle est simple mais pas agaçante pour autant (et pourtant en y réfléchissant, quel personnage plat elle fait!), on aime la suivre, et elle apporte un peu de fraicheur à un récit où se mélangent les intrigues et les personnages louches, aux caractères trop tranchés pour être vrais, comme issus d’une pièce de théâtre.

Le gentil Arthur (Matthew Mac Fadyen accompagné de toute-la-peine-du-monde, qu’il semble trimballer en permanence sur ses épaules pour la retranscrire dans son regard de chien battu - mais sexy) devine que son horrible mère doit quelque chose à la pauvre Dorrit, seul être qu’elle consent à traiter comme un humain.

L’histoire de Amy et Arthur va permettre de lever le voile sur des années de mensonge et de complots, et il y a de quoi faire: le nombre conséquent de personnages permet de développer (ou survoler) plusieurs sous intrigues, au risque de paraitre un peu fouillis par moments.

Le format est court donc on fait les choses à la volée, ça donne à la série un air de comédie, renforcé par des personnages hyper caricaturaux. Ce côté “comédie” contraste avec le thème favori de Dickens: la pauvreté et l’honnêteté qui triomphent de la méchanceté du monde qui les oppriment.

L’ensemble de la série vise à éclaircir le mystère de la déchéance de Mister Dorrit et - on le devine, réparer l’injustice dont il a été victime pendant tant d’années (il s’est retrouvé emprisonné pour une dette colossale pendant si longtemps que la brave Amy est née et a toujours vécu en prison - pauvre petite).

On essaie de comprendre peu à peu où on va nous amener, et on aime ce semi-suspens, même s’il faut bien reconnaitre que les combats de coqs entre les méchants sont assez pénibles à la longue (on en a marre d’attendre les révélations qu’on nous promet, et on en devine la moitié bien avant la fin).

Les décors sont charmants, on retrouve l’Angleterre du 19ème siècle comme on la rêve: coincée entre étiquette et privilèges face à un petit peuple affamé, crasseux, et débauché. La musique est tout à fait dans la veine de ce qu’on peut attendre dans ce type d’univers, et contribue à notre immersion.

Niveau acteurs, on ne va pas se plaindre il y a de très bons spécimens, même Gollum est de la partie (par contre il interprète un français: avec un fort accent autant quand il parle français qu’anglais, c’est aussi pénible dans une langue que dans l’autre, même si dans les deux cas il est assez flippant dans son genre).


Une mini série qui n’hantera pas vos nuits, mais qui aura le mérite de les agrémenter un peu, à grands coups de Mac Fadyen triste qui attend qu’on le console, un homme qui porte la redingote (et le poids du monde) comme personne, et c’est déjà pas mal.
iori
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le 26 juin 2014

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