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Dans la mythologie moderne, l'espion occupe une place de choix. Il n'était que trop temps que la France se dote d'une contribution qui ne soit pas parodique. Il serait assez vain de critiquer chacune des 5 saisons l'une après l'autre. Essayons plutôt d'en dégager deux grands fils conducteurs.


Le premier fil conducteur, c'est une grande admiration pour le travail de la DGSE et de ses agents. Mais pas une admiration servile : point d'héroïsme ou de patriotisme à deux balles. Cette admiration se traduit par le meilleur hommage qu'on puisse rendre, celui de la fidélité aux enjeux et aux parcours humains. Les missions sont décrites avec une précision froide, décrivant l'intérêt stratégique du travail sans cacher ses conséquences humaines souvent dévastatrice. C'est d'ailleurs sur ces dernières que se concentre le plus la série, faisant l'état des lieux du lourd tribut émotionnel, relationnel, moral, payé par chaque agent au service de la "boîte". La série ne cherche pas à nous dicter telle ou telle indignation ou fierté : en tant que spectateur, on reste maître du jugement et c'est très agréable.


Le deuxième fil conducteur est formel : c'est celui d'une intensité intelligente. À contre-courant de l'intensité bête qui règne en maître dans les productions actuelles, c'est-à-dire une intensité du mouvement subjuguant, "l'action" comme on dit ; on a le droit dans le Bureau des Légendes à une intensité subtile, équilibrée, qui a toujours une raison d'être scénaristique et qui respecte les exigences de réalisme. On a le sentiment d'être respectés dans notre capacité d'analyse et de compréhension.


Alors certes, on pourra discuter des saisons moins satisfaisantes que d'autres, des épisodes parfois un peu ratés, des choix scénaristiques décevants, cela arrive. Personnellement je me plaindrais juste de l'absence d'épilogue de certaines intrigues dont j'aurais aimé voir le dénouement plus en détails, comme Caramel, l'opération du Mossad, Nadim el Bachir, Cochise, Mille Sabords, et surtout Pacemaker et JJA. Mais bon, c'est un parti pris artistique, la série n'était absolument pas obligée de nous renseigner précisément sur le devenir de tous ces personnages. Juste une question de goût.


En somme, on ressort de ces 5 saisons avec le sentiment d'avoir vécu une expérience humaine riche et instructive.

Muyart
8
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le 5 juin 2020

Critique lue 123 fois

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Muyart

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