Adaptation du roman uchronique de Philip K. Dick, que je me réservais pour mes vieux jours dans ma datcha en Corrèze, The Man In The High Castle débute dans les années 60 dans une Amérique vaincue lors de la Seconde Guerre Mondiale et sous occupation par les forces de l'Axe (le fruit sans doute du karma ou de la vengeance de vieux esprits indiens, qui sait).
Le pitch avait de quoi séduire, de même que la présence de Ridley Scott à la production.
Encore fallait-il un casting qui tienne la route et une ambiance prenante.
En cela, le pari est réussi. Les décors regorgent de détails et de clins d’œil historiques, on passe d'un New York froid aux buildings recouverts de tentures nazies, aux villes fantômes de la zone neutre, sorte de far west moderne, sans loi, où un impitoyable marshall fait régner la terreur. La bande son soutient parfaitement l'atmosphère oppressante et participe grandement à l'immersion du spectateur.
Les personnages, de prime abord pas forcément engageants, s'enrichissent au fil des épreuves, des relations complexes se tissent et nous permettent d'échapper au simple conflit manichéen auquel on pouvait s'attendre.
Autre point positif, contrairement à pas mal de séries Netflixo-amazoniennes, qui se prêtent allègrement au binge-watching, on a droit à quelques climax de fins d'épisode très réussis, même si parfois attendus.
Pour peu qu'on accepte de prendre le temps de rentrer dans l'histoire, au rythme pas forcément échevelé, qu'on soit sensible à ce mélange de réalisme froid et de mysticisme poétique (on notera l'excellente performance de Cary-Hiroyuki Tagawa, à des années lumière des rôles de yakuza de service qui lui sont habituellement réservés) et qu'on tienne le coup dans une deuxième partie de saison un peu molle, on a droit à une série prometteuse,
même pas gâchée par la tension amoureuse entre les deux protagonistes (get a room et finissons-en),
sans doute la meilleure du catalogue Amazon pour le moment.