Le monde de Joan
6.5
Le monde de Joan

Série CBS (2003)

Joan of Arcadia est une sorte de remake ou d'adaptation de Jeanne D'Arc: une jeune lycéenne, Joan, entend Dieu. Ce dernier revêt à chaque fois une forme différente: ainsi un professeur, une enfant, un beau gosse, un gothique, un ouvrier peut soudainement interpeller la jeune et belle héroïne afin de lui demander un service. Oui, en fait Joan doit toujours faire quelquechose qui semble banal mais qui aura à chaque fois des répercussions selon la théorie de l'effet papillon. Barbara Hall, la créatrice, ne s'arrête pas à si peu; ainsi, les autres personnages secondaires sont les membres de sa famille: un père flic, une mère qui travaille dans son école, un frère paralysé des jambes et un autre frère surdoué. De quoi annoncer pas mal de péripéties.

Le premier épisode est franchement agaçant par son côté teenage. La série est en effet formatée pour le public du samedi matin sur france 2 (enfin, son équivalent aux USA) et le premier épisode, par son ton cool, ses musiques pop à chaque réplique choc, renforce bien cette idée. Heureusement, les épisodes suivant gagnent en sobriété. Et je dois dire que les 15 épisodes qui suivent sont corrects. Mais une série de deux saisons, donc de 45 épisodes de 45 minutes chacun, sur ce même thème, avec ces personnages présentés plus haut... ça devient vite redondant et inutilement long.

Cette longueur et redondance se répercute à tous les niveaux. Si au début ça fait plaisir de constater que des liens se tissent lentement mais surement, à la fin ça devient pénible, de passer 4 épisodes sur le deuil, ou 4 épisodes sur la rupture, etc. Pire, les scénaristes n'hésitent pas à décridibiliser leurs personnages en faisant croire à la fin d'un épisode que, par exemple, Joan a bien vécu sa rupture, mais à l'épisode suivant, on nous la montre méchante avec son ex... pourquoi? il manque cet élément pour le comprendre.

Le père est un personnage intéressant. De jour on le voit danns son métier de flic et puis le soir, il rentre chez lui et affronte d'autres types de problèmes. Il s'agit là d'un portrait assez riche du personnage de flic, chose rarement montrée à la télévision. Mais là aussi sur la longueur ça devient n'importe quoi. Alors que la première saison insistait sur l'action qui découle d'ête un flic, la deuxième saison ne voit le père aller travailler que pour... confier ses problèmes de coeur à son chef...l'univers de ce personnage là perd alors toute crédibilité.

La deuxième saison est d'ailleurs nettement moins bonne car elle se repose sur 3-4 fils conducteurs ce qui fait beaucoup d'histoire qui n'avancent pas beaucoup. L'impression donc qu'à part l'actionde Joan, il ne se passe rien.

Pour en revenir à Joan, il y a cet agacement du fait qu'elle ne semble jamais évoluer, comme si chaque épisode était un éternel recommencement. Ainsi, Dieu lui apparaît, lui donne une mission, elle n'est pas sûr que ça marchera, n'en voit jamais l'intérêt (même après 40 épisodes) elle remet donc en question ses actions, mais les fait tout de même, et puis ça marche et elle dit qu'elle plus ou moins compris.

La morale est assez étrange car si finalement Dieu parle de libre arbitre, je ne vois là qu'une forme d'esclavagisme. Les rares fois fois où Joan refuse d'exécuter, il l'a harcèle jusqu'à ce qu'elle accepte. Quand à l'effet papillon il signifie bien qu'il n'y a pas de libre arbitre vu que ce sont des forces extérieures à la volonté de chacun qui écrivent l'histoire. D'ailleurs si les premiers épisodes ont un côté amusant de la chose, très vite la morale va prendre le pas sur la série et on en décèle parfois un ton à la limite de l'évangélisation. Si dans la première saison , Dieu écarte vite l'idée que seuls les chrétiens sont les bons croyants, la deuxième saison se veut moins claire sur le sujet.

Je reproche aussi le côté inégal de la série. Parfois on traite de sujets graves et puis on passe à quelque chose qui semble totalement puéril, des choses de jeunes filles, comme s'il fallait contenter les spectateurs de tout âge. La fin de la saison 1 notamment démontre un clair manque d'idées: les histoires deviennent toutes clichés et nunuches.

Si la série prend parfois trop de temps à développer certaines relations, il y a aussi des moments où tout va trop vite et où il est difficile de croire à de tels évènements. La façon dont le fils aîné trouve un travail et y monte les échelons. Tout est si soudain! Ou encore la réussite de la mère dans la peinture après un lourd échec,de même que son épanouissement en tant que prof d'art (surtout que la plupart de ses commentaires sont si peu construits qu'elle n'est franchement pas crédible dans ce rôle).

Autre phénomène au plus au point irritable: la structure. Autant ça fonctionne pour deux saisons de 10 épisodes chacune, autant ici, avec 45 épisodes au total, ça devient gonflant. Au point qu'à la fin on devine quelle sera l'effet bénéfique 5 minutes après le générique. Surtout la saison qui, je le répète, manque clairement d'idées sur sa fin; ainsi on y voit systématiquement Joan faire quelque chose qui permettra au père de résoudre son enquête. Et puis il semblerait que le cahier de charge inclut un moment mélodramatique auxquel peu d'épisodes se dérobent. Le spectateur a donc droit à voir Joan pleurer à chaque épisode presque (parfois même deux fois), peu importe quel est le problème. C'est à dire que parfois ça ne la concerne pas directement, mais elle pleure quand même.

Il manque également un méchant. Durant la première saison, Pierce, le proviseur joue ce rôle et permet d'avoir des conflits amusant (ce n'est qu'un proviseur!) Et puis la saison 2, ce personnage est rarement vu. Or il était clairement utile pour donner un contrepoids à tous ces bons sentiments. Comme quoi le manichéisme, même à petites doses, peut toujorus s'avérer utile.

Les seuls personnages à ne jamais agacer sont le couple Luke/Grace. Sans doute parcequ'ils représentent le vrai problème d'ado. Il ne s'agit donc pas de sauver le monde, ni de pleurer pendant 2 épisodes parceque l'un veut baiser et l'autre non, ni encore d'avoir des jambes paralysées... non, leurs conflits sont nettement plus identifiables et plus réalistes par rapport à leur position sociale. Et vu qu'ils n'ont que peu de plac dans l'épisode, les scénaristes n'en font pas trop autour d'eux, ce qui les rend d'autant plus naturels et charmants, en un mot, intéressants.

Tout de même un paragrpahe concerntant la technique : la mise en scène est efficace, simple. Elle pourrait néanmoins gagner en qualité si c'était réalisé avec plus de subtilité. Tout de même quelques épisodes où les passages du flic sont trop bleutés... Surement pour indiquer le côté froid de l'enquête... mais là c'est exagéré. On ne voit plus que des blancs qui sont bleus.

Bref une série qui s'arrête à temps (heureusement car ça tournait au n'importe quoi avec le combat annoncé pour la fantomatique saison 3). La série possédait pourtant de bonnes qualités et je m'étais vraiment pris au jeu au debut. Mais très vite les défauts ont surgi et jamais les créateurs n'auront su rectifier le tir. Avouons que ce n'est pas un sujet facile ; les producteurs leur en aurait fait baver à l'équipe que ça ne m'étonnerait pas. Bref, je recommande une saison, ça suffit largement.
Fatpooper
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le 17 févr. 2012

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