Dans la famille Baudelaire, je voudrais l’ainée, le cadet et la benjamine.

Tirée de l’œuvre littéraire de Daniel Handler (Lemony Snicket) composée de treize tomes publiés entre 1999 et 2006 : cette sympathique mais infortunée fratrie c’est déjà fait connaître une première fois via le magistral et magnifique long-métrage de Brad Silberling, réalisé en 2004, avec la fantastique présence de Jim Carrey dans le rôle du sadique comte Olaf.

Après l’incendie de leur manoir et la ‘disparition’ de leurs parents, Les désastreuses aventures des orphelins Baudelaire confronte Violette, Klaus et Prunille à une série de péripéties malchanceuses. Chaque étape narrative est illustrée par l’errance de ses enfants dans un monde profondément caractérisé par une idiotie malsaine et un sadisme surnaturel. Dans ce monde, le comte Olaf, parent très éloigné de la famille, cherche à s’accaparer la fortune de ces enfants et se présente comme le centre névralgique des mésaventures Baudelairiennes.

Après une absence de plusieurs années, les Baudelaires reviennent en 2017 dans une version série produite par Netflix et réalisé par Mark Hudis et Barry Sonnenfeld (Men In Black, La Famille Addams). Une nouvelle adaptation donc qui a pour objectif d’offrir un design narratif basé sur la longueur (pour être exacte, trois saisons), dans le but de développer le plus possible les péripéties prédominantes tirées des différents tomes. Le résultat ? Une très bonne surprise et une immense réussite. Après une première saison excellente qui reprend les aventures des orphelins déjà illustrées dans le film de Silberling, la seconde saison a été ajouté sur la platform de streaming le 30 mars dernier, à mon plus grand plaisir.

Tout d’abord, commençons par souligner de façon forcément élogieuse la beauté du décor de cette série. Sur des airs stylistiques qui peuvent faire penser à une approche de Tim Burton, la mise en scène, outre une sublime perspective artistique basée sur des jeux de lumière et de couleurs clés, s’additionne de façon parfaite à une histoire sombre cherchant à faire prévaloir un humour noir. Au-delà du paysage, le jeu d’acteur est tout bonnement excellent. En passant par Malina Weissman (Violette), Louis Hynes (Klaus), Presley Smith (Prunille), K. Todd Freeman (Arthur Poe), mais surtout l’immense Neil Patrick Harris (Olaf), l’appropriation des personnages par les acteurs est réussie. Parlons aussi du très bon Patrick Warburton jouant le rôle du narrateur omniscient Lemony Snicket, qui à lui seul s’accapare une place majoritaire aux yeux du spectateur, comme élément externe mais cependant essentielle de l’histoire. A travers sa présence, nous sommes tenus par un lien invisible : Snicket apparaît comme l’intermédiaire trans-fictionnel entre les personnages et le spectateur. Ainsi, combinée au décor et au style, l’ensemble offre selon moi une adaptation série bien plus réussie que la cinématisation du roman (ce qui peut paraître évident, car nous sommes sur deux formats possédants chacun ses propres caractéristiques).

L’amour du malheur que produit cette série nous apparaît évidemment paradoxal, mais cependant tellement jouissif. L’intelligence de la série, c’est cette capacité à jouer entre les tonalités. D’un côté, le malheur de ces enfants, tout en ajoutant à cela une malchance foudroyante, nous apparaît totalement monstrueux voire abominable. De l’autre, nous n’avons vraiment pas envie que cela s’arrête : la fourberie et la méchanceté d’Olaf sont addictives et les mésaventures de ses enfants absorbent notre attention.

Au-delà de l’humour et du sarcasme qui semble dissimuler une profonde critique de notre société, la série des désastreuses aventures des orphelins Baudelaire fait preuve d’intelligence de choix et d’un humour positivement malaisant.

Rendez-vous pour de prochaines mésaventures en 2019.

BaptisteBLL
8
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le 16 avr. 2018

Critique lue 393 fois

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Baptiste BL

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