Cartes sur table


Je découvre cette série alors qu’elle a déjà une belle ancienneté. Et je crois que je vais en manger. Elle a quelque chose de singulier qui m’a séduit, un style très particulier, tout en prenant de nombreuses libertés avec les ouvrages originaux d’Agatha Christie. Je le constate ayant relu récemment le roman original “Cartes sur table”.


En fait, le concept de cette deuxième mouture de la série garde systématiquement le même trio de héros, des personnages totalement inédits par rapport aux romans, et très français pour le coup.


Ensuite, il les mêle à un canevas narratif plus ou moins proche du roman initial. Ici en l’occurrence, point d’Hercule Poirot et de nombreux autres personnages sont évincés. Mais passons sur ces modalités d’adaptation et jugeons plutôt du produit fini.


Outre l’intrigue proprement christienne à peu près respectée, c'est finalement l'interaction entre les trois personnages principaux qui doit faire la force première d'attraction de la série. Je n’ai pas vu un seul épisode de la première mouture (ou saison) avec Antoine Duléry et Marius Colucci ; je ne suis donc pas capable de comparer. Quoiqu'il en soit, cette interaction est censée constituer un socle commun à tous les épisodes afin de consolider un lien quasi affectif entre audience et personnages. Du moins, je le présume.


Comme les personnages sont très typés avec des caractères excessivement outrés, je suppose également que cela peut être une épée à double tranchant. Certains trouveront la caractérisation abusive, trop caricaturale ou du moins insuffisamment réaliste (je peux l’entendre : le personnage de Marlène jouée par Elodie Frenck est en effet particulièrement tarte), mais pour ma part je considère au contraire que cela rend l’exercice de style très singulier. Comme je le disais plus haut, avec une esthétique, un rythme et une dynamique générale peu communs, la série se sirote très agréablement.


Non que ce soit une grande série (encore qu’avec un seul épisode vu, je manque de crédit à porter un tel jugement), mais cela peut se révéler être un divertissement adroit et attachant sur la longueur. Le style années 60 françaises et très coloré en ravira également beaucoup. J’aime bien, même si on n’est pas non plus dans l’excellence (manque de moyens), il y a des efforts remarquables pour donner une teinte, une patte à la série.


Chez les comédiens je suis dans la découverte. Élodie Frenck, malgré les tonnes de maquillage, proches du camouflage, réussit à force de mimiques à proposer un personnage très surprenant, lunaire, à la fois con et touchant. Vraiment étonnant.


Face à elle, Samuel Labarthe (dont le nom et le visage me disent vaguement quelque chose) rappelle ces personnages psychorigides qu’on pouvait rencontrer dans certaines bédés de l’école franco-belge des années 60/70.


Mais c'est surtout Blandine Bellavoir qui l’a tapé dans l'œil, par son jeu très vivant, impulsif et juste. Elle affiche une charmante assurance.


Dans le cadre étroit de cet épisode-ci, j'ai été ravi de retrouver Saïd Amadis qui m’avait glacé le sang quand j’étais petit devant L’union sacrée, avec sa voix si grave.


De même, voir Alban Lenoir dans un rôle aussi commun il est vrai est une heureuse surprise. Je le connaissais de Kaamelott.


Ne pas oublier de saluer la participation de Ged Marlon, un acteur plus trop utilisé de nos jours, me semble-t-il, et que j’aime à revoir de temps en temps dans les comédies françaises des années 80.


Même si l’intrigue initiale de “Cartes sur table” est bien malmenée, cet épisode parvient à retomber sur ses pattes. La capacité d’Hercule Poirot à lire le meurtrier dans le jeu de cartes n’est pas exploité aussi fortement ici par le commissaire Laurence. La résolution de l'intrigue apparaît plus secondaire dans cette adaptation.


Restent le mystère, l'inquiétude qui monte tout le long et c’est déjà assez pour donner le goût de voir d’autres aventures de cette production.


Captures Trombi Cartes sur table


L'affaire Protheroe:


Ce n'est pas la logique chronologique qui étouffe France 2 avec cet épisode de deux ans postérieurs à celui qui est co-diffusé ce vendredi là. Bon, ce n'est pas un scoop que la culture série tv n’est pas le fort de la télé généraliste. Ni par conséquent le respect du téléspectateur. Passons.


Ce que j'avais noté avec gourmandise lors du premier épisode découvert (“Cartes sur table”) est confirmé avec celui-ci : du rythme, de la couleur, de bons comédiens et un style, une image particulièrement attrayante.


Chez les acteurs, le rôle d’Elodie Frenck m’a semblé plus étoffé et donc plus avantageux pour apprécier le jeu de l'actrice. C’est surtout l’excellent Julien Boisselier qui fait mon bonheur sur cet épisode. J’avais déjà beaucoup d'admiration pour ce gars et ici, dans un rôle de salopard, pervers, méprisant et violent, il livre une performance en tout point remarquable. Certains jeunes comédiens sont toutefois décevants, disons en-deçà des autres.


Chez les personnages récurrents, je suis moins sûr de goûter la participation qui se veut humoristique de Dominique Thomas. Ce n’est pas tant le comédien qui me gêne aux entournures, mais bien le personnage trop à l'ouest pour un commissaire divisionnaire. L'humour du patron un peu naïf et benêt qu’on berne aussi facilement me paraît simpliste et daté. A la longue, cela risque de me lasser.


Affaire à suivre.
Captures trombi affaire protheroe


Episode : Le crime ne paie pas


Cet épisode m’a bien plu. Adaptation très libre du “crime du golf”, l'intrigue est plutôt foisonnante et assez agitée.


Le commissaire Laurence (Samuel Labarthe) est mis sur la sellette grâce à l'apparition d’un personnage un peu Zébulon, interprété avec fougue par le tonitruant Dominique Pinon. A la fois comique et inquiétant au fond, ce bœuf-carotte pathétique est mis à contribution au cours de l'enquête. Son inaptitude, sa maladresse, sa bêtise aussi mettent en lumière par contraste les talents des autres, notamment celui d’Elodie Frenck, très présente dans cette épisode. Samuel Labarthe est un peu en retrait, enfermé dans sa cellule. Alors que Blandine Bellavoir fait montre d’un certain talent vocal. Serveuse sexy ou chanteuse vamp, l'éventail s'élargit pour elle lors de cette aventure.


Une enquête plein de dynamisme.
Captures crime ne paie pas

Alligator
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le 23 oct. 2016

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Alligator

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