Fallout New Arras

Promue en grande pompe par notre chaîne cryptée préférée, Les Sentinelles s'affiche comme "la grande série sur la Grande Guerre", mélangeant le Steampunk, l'ambiance années folles, les intrigues militaires, le tout adapté d'une bédé... Les ambitions sont considérables.

Le résultat ? Mouarf.
La série se regarde péniblement passé le premier épisode. On espère que quelque chose parviendra à faire décoller définitivement l'intrigue, quelques ficelles parviennent à ne pas nous faire lâcher la série sans regret :

Mais qui est cet Allemand en armure?
Pourquoi cette jeune femme a-t-elle des pouvoirs?

Alors, qu'est-ce qui ne va pas dans cette série pourtant pleine de moyens?
- D'abord et fondamentalement, un problème d'écriture. L'écriture des dialogues, d'abord, qui tombent très souvent à plat, sont attendus, convenus, bref, la moindre séquence de dialogue devient insipide, pour ne pas dire presque pénible.
La progression des arcs narratifs ensuite : le rythme est très lent, trop pour une série avec une telle ambition et de telles "promesses", donc on passe son temps à attendre des scènes poignantes, des bagarres, qui ne viennent pas. À la place, beaucoup de dialogues où tout est sur le même ton, hyper sérieux, presque solennel, surtout pour re-raconter ou paraphraser des choses qu'on a déjà vues.
En particulier, ce qui frappe est qu'au bout de 6 épisodes, il n'y a quasiment pas eu le moindre trait d'humour pour une série aussi bavarde.
Or, comme tout est assez déprimant, finalement, les vraies épreuves des protagonistes sont dans la continuité du reste, alors qu'une scène légère ou deux par épisode permettraient de mettre un léger contraste, et aussi un peu de souffle et d'empathie pour des personnages auxquels on s'attache guère.
- le jeu d'acteur est ensuite d'une mollesse effroyable. Beaucoup peinent à insuffler la moindre émotion dans leurs répliques, et au point où on en est, cela relève presque de la direction d'acteur délibérée et globale. Sauf que cela contribue à rendre l'ensemble finalement assez mou, surtout avec des dialogues aussi oubliables dans leur écriture. Et comme il y a énormément de dialogues, cela crée inévitablement des longueurs dont on se passerait bien.
- Pour clore sur l'écriture, certains commentateurs ont relevé des anachronismes, notamment musicaux. Autant pour la musique, ce n'est pas foncièrement gênant (qui se souvient de Marie Antoinette, le film de Coppola qui jouait avec ces codes?), autant pour l'armement, voir des mitraillettes de 1945 me fait sortir du film. Mais admettons, cela relève des appréciations individuelles. Le vrai problème est surtout celui de l'intrigue : toute la série est basée sur la création de militaires modifiés par produits de synthèse, or en dehors de l'épisode 1, les prouesses des "space poilus" se font attendre. Ce qui fait que l'on attend encore et toujours qu'il se passe quelque chose, et... on finit par être déçu ou s'ennuyer.

Il faut rendre à César son dû, et saluer évidemment la production : costumes, décors, éclairage, c'est de très bonne facture. Dit autrement, l'assiette est splendide, le contenu bien fade. Quelques rôles féminins se distinguent, notamment Nastya Golubeva Carax.
Mais une deuxième saison risque d'être de trop.