Looking
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Looking

Série HBO (2014)

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Ma série culte à moi. Looking (2014-2015) est une des séries new age les plus « gay » qui soit. Portée par Andrew Heigh, le pape britannique des prod télévisuelles et cinématographiques à thématique homosexuelle, Looking fait malheureusement partie du contingent des séries annulées car elles n’ont « pas trouvé leur public ». Shame, car elle multiplie les qualités : Son écriture, ses personnages, son esthétique…


Mais commençons par le commencement.


La série suit trois hommes homosexuels dont les états d’âme reflètent – Ils sont bien évidemment densifiés au fil des épisodes – les problématiques du gay urbain classique représenté à la télévision. Ils évoluent tous les trois dans une relation type Friends – en beaucoup moins politiquement correct – à San Francisco, « refuge » et place to be gay dans un imaginaire collectif mystifié par l’atmosphère révolutionnaire caractéristique de cette ville depuis les années 1970.


Patrick est le personnage principal (interprété par Jonathan Groff, qui regagne actuellement ses titres de noblesses dans la série netflix mindhunter). Cet éternel amoureux de l’amour allie culture geek (il est développeur de jeux vidéo et adore son travail), insécurité concernant ses sentiments, son corps… tout ! (ses angoisses hygiénistes mécaniques dès qu’il tousse car il pense avoir contracté le VIH sont assez savoureuses). Ses failles émotionnelles et son manque de confiance sont exacerbés par des complexes persistants empêchant l’aboutissement d’une relation saine. Patrick, c’est nous. Celui auquel on s’identifie.


The funny one. Aùgustin (Frankie J. Alvarez), son fidèle affidé et colocataire, personnifie l’artiste raté toujours en quête de son « moi » et d’un éventuel talent qui devrait émerger incessamment sous peu. Son image de lui est si amoindrie que passer ses frustrations sur ses camarades est un passe-temps nourri de façon pathétique. Mais on l’aime quand même, lui et son humour abrasif.


Dominique (Murray Bartlett), quarantenaire bear avec un sex-appeal à couper au couteau clôture ce trio infernal. Dans une relation tout sauf saine avec son éternelle fag-gag (fille à pédés, pour les non-initiés), il se bat pour ne pas courber l’échine devant les tracas et les inquiétudes stéréotypées d’un homme gay de son âge : sentiment de solitude, déficit de relation stable et rejets qui vont crescendo de la part de jeunes apollons de 20 ans qu’il désire... Beau tableau.


Ces trois loulous vont naviguer entre les amants (tout aussi intéressants et intrigants les uns que les autres) les relations plus sérieuses, les projets professionnels foireux et des quêtes de soi sur une esthétique vintage qui ne rend San Francisco que plus belle et plus suave.


Cette série me manque. Elle a su entendre (de manière relative) les critiques tout au long de son développement. Elle a su se remettre en question et combler ses lacunes (qui ne lui sont pas propres) notamment en termes de représentation, thème majeur dans la « communauté » LGBT+ San-franciscaine : Personnages trop « blancs » ; corps trop bodybuildés pour être vrais... Pour répondre à ces observations légitimes, les scénaristes ont intégré des personnages réellement représentatifs. Les exemples sont nombreux. Eddie, compagnon séropositif et en surpoids d’Augustin ou encore Richie, âme sœur de Patrick, sud-américain qui se moque subtilement du racisme de la communauté. Cet effort se reflète enfin dans la scène finale qui disqualifie en beauté les plus gros préjugés intra-communautaires.


De plus, des questions comme l’utilisation de l’application grindr alors qu’on est en couple, la gestion d’une relation où l’un des protagonistes est séropositif, le racisme dans la communauté homosexuelle ou l’insécurité mentale sont abordés de manière consistante.
Aujourd’hui, on pourrait qualifier cette série d’ « hors du temps » au vu des avancées fulgurantes de la représentation de la communauté LGBT+ sur le petit écran. Cependant, vade retro l’anachronisme !!


Annulée à l’issue de sa deuxième saison, elle a néanmoins franchi le rubicond avec son téléfilm faisant office de saison 3 qui offre une fin cohérente - quoiqu’accélérée - à ces personnages. Elle gardera l’image d’une série douce, agréable, érotique. On s’amourache d’une communauté pas si fantasmée qu’elle n’y parait.


Looking me manque. Tout en cultivant l’héritage des séries qui l’ont précédé, elle perpétue la légèreté, la joie et le sentiment de liberté qu’on attache spontanément à la communauté LGBT+ San-franciscaine. Elle a su dire adieu à son public de la manière la plus élégante qui soit.

LaurentMondélice
8

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Créée

le 27 janv. 2020

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