Le début est sans concession. Brutal, sombre, cru. La série ne prend pas de détour : elle plonge directement dans la douleur d'une mère, une perte insupportable, et un appel téléphonique impossible. À partir de là, Les Sans Nom se déploie en thriller psychologique teinté de surnaturel. Elle s'inspire du film original de Balagueró, tout en s’en détachant pour trouver son propre ton. Le résultat est inégal, mais captivant, avec des moments très forts et d’autres un peu moins marquants.
L’un des points forts est la place accordée à l’émotion. Les personnages ont le temps d’exister, surtout Claudia, jouée avec justesse par Miren Ibarguren. Son visage exprime la douleur d’une femme brisée mais qui refuse de renoncer. Elle sort clairement de sa zone de confort. Rodrigo de la Serna apporte sobriété et gravité, même si son personnage aurait mérité plus d'épaisseur. Quant à Milena Smit, elle fonctionne mieux quand l'intrigue flirte avec le surnaturel que dans les scènes plus terre à terre.
La série fait un vrai choix esthétique : des tons froids, des ombres omniprésentes, une musique parfois envahissante, parfois envoûtante. Certaines scènes évoquent les classiques du cinéma d’horreur, d’autres rappellent le suspense des années 90. Par moments, cette ambition visuelle ralentit le rythme, avec des épisodes qui tournent un peu en rond. Mais quand tout s’accorde, l’effet est envoûtant.
Le surnaturel s’installe lentement, comme une fissure dans le réel. Certaines sous-intrigues semblent un peu forcées et le mystère perd de sa force vers la fin. Pourtant, certaines scènes sont vraiment marquantes, là où la douleur du deuil rencontre l’inexplicable. C’est là que la série trouve son cœur : une mère qui, entre la science et l’impossible, choisit de croire que sa fille est peut-être encore en vie.
Les Sans Nom ne cherche pas à surpasser le film, et c’est ce qui fait sa force. Elle prend le matériau d’origine comme point de départ pour raconter autre chose. Tout ne fonctionne pas, mais il y a une vraie volonté de parler du traumatisme, de rédemption, et de cette difficulté à faire le deuil quand on ne sait même pas si on a vraiment perdu quelqu’un. Une série pour celles et ceux qui préfèrent l’ambiance aux jumpscares, et les blessures profondes aux clichés du genre.