Luther
7.5
Luther

Série BBC One (2010)

" The night is darkest just before the dawn "/Plus qu'une critique, une lettre d'amour à cette série

( Garantie sans aucun spoiler ! )
John Luther aurait pu être prêtre. Un homme de rédemption calmant les plaies, sauvant les faibles et séparant le bien et le mal à l'aide de sa forte volonté. Mais face à la violence du monde et à cause d'elle, John Luther est inspecteur de police dans une brigade criminelle et le récit de ses histoires sont dans les plus prenantes et passionnantes qui soit.


Drôle de façon d'introduire une telle série, surtout si l'on se base sur la première saison. Pour comparer rapidement à d'autres séries comme Sherlock, Jekyll ou Doctor Who (pour resté dans le British) ces dernières respirent d'inventions et de trouvailles, mais se sont des "acquis". Dans Luther c'est "inné", elle semble sobre et simple en apparence pourtant quand on s'approche de son essence, on se retrouve face à une force brute, d'une maîtrise exemplaire.


L'histoire parle d'ailleurs d'une force de la nature : John Luther, un flic impulsif, imprévisible et a bout de nerfs que l'on va découvrir extrêmement humain au fil des trois saisons.


Saison 1 : la tombée de la nuit.
La saison 1 est la plus longue des trois (six épisodes pour quatre lors des deux prochaines), elle pose les bases. On découvre un flic trouble, brutal mais sincère. On fait la connaissance de son petit monde : sa femme, ses collègues, son rapport aux autres. Un beau petit monde qui pourtant s'effrite.
Les 4 premiers épisodes installent une routine : un vilain tueur, un Luther borderline qui ose tout pour arriver à l’arrêté et encore un petit bout de son monde qui se fragilise.
Et puis on arrive à l'épisode 5 et la série dévoile son vrai visage ! On le remarque rapidement par le crime initial qui semble plutôt simple par rapport aux restes... La série abandonne alors son rythme "une enquête / un épisode" casse la routine imposée jusque-là, pour passé de simple série policière à quelque chose + proche du thriller, avec une histoire pleine de rebondissements qui nous accroche au siège du début à la fin.
À partir de là, je ne vois plus Luther comme une série, en fait, ce sont des films de deux heures, coupé à la moitié. Deux films font une saison et sont liés par un fil rouge passionnant.
L'effet est immédiat, vous aimiez la série jusque-là ? Vous voilà accro !


Saison 2 : la nuit
Si vous avez aimé le "film" final de la saison 1, cette saison 2 va vous ravir. Ce sont les épisodes les plus sombres, les plus brutaux.
Luther qui est tombé au fond du gouffre à la fin de la saison 1, remonte petit à petit de son trou et se confronte une nouvelle fois à la folie et a la violence du monde. Mais cette fois malgré la nuit, il est éclairé par une petite étoile, le fil rouge de cette saison et le personnage, que je trouve, le plus attachant de la série : Jenny.
Cette saison garde un petit coté policier, retrouve le fort coté thriller du final de la saison 1 et ose piquer quelques codes à d'autres genres dont aux films Slasher/Horreur, ce qui magnifie le tout et en fait, sa force : préparez-vous à frissonner lors des interventions des tueurs.
Vous l'aurez compris, on est face à l'apothéose de la série, suivre parallèlement Luther qui traque des psychopathes et sa lutte pour apporter une nouvelle vie à Jenny est un pur régal. Comme Luther, on s'accroche et on ne veut rien lâcher avant d'avoir perdu tout espoir ou vu la happy end libératrice.


Saison 3 : le lever du jour
Le soleil commence à briller sur Londres, cette saison semble plus calme, moins viscérales. Pourtant, la nuit plane encore un peu au début et tout n'est toujours pas rose pour John Luther. On oublie Jenny, le fil rouge s'appelle maintenant Mary et semble être un espoir fragile et presque vain.
Beaucoup ont été plus ou moins déçue par ce semblant de calme. Luther abandonne petit à petit sa brutalité. Il apparaît de plus en plus humain à l'approche de la fin et on ne peut que ressentir son impuissance face au monde qui s'acharne. Cette saison n'essaie pas de surpasser son essence et sa force comme le faisait la saison 2, mais elle n'oublie pas non plus ce qu'elle est à la base.
Dans la saison 1, Luther combattait la cruauté du monde par la violence.
Dans la saison 2, Luther est toujours aussi violent et le monde le lui renvoie dans un bras de fer tendu.
Dans la saison 3, Luther est fatigué, mais, tel une tragédie grecque, la spirale infernale ne s’arrête pas pour autant, le monde ira même jusqu’à le confronter à une caricature de lui-même sous les traits d'un tueur qui se prend pour un justicier rédempteur. La cruauté et la violence du monde ne cessent jamais de s'acharner sur lui.
De notre côté, on n'a pas abandonné ce cher inspecteur, on la suivit, soutenu, on l'a compris et apprécié et tout ça jusqu'au final grandiose qu'il mérite.


Finalement, Luther reste une série simple et sobre face à l'avalanche de séries aux grandes ambitions que l'on a ses dernières années, ou même face à toutes les idées géniales d'histoire ou de mise en scène que l'on peut voir partout. Pourtant, on est accroché, on s'attache, on est absorbé par sa noirceur et son humanité, elle nous touche et malgré tout ce qu'on peut voir ailleurs, on ne l'oublie pas.


Une grande série, de grands acteurs, de grandes histoires, de grands thèmes... Le tout maîtrisé et tenu de bout en bout.
Bravo Neil Cross, vous nous avez pris aux tripes et vous marquerez nos mémoires et nos cœurs, je crois que c'est à cela qu'on reconnaît quelque chose proche du chef d'œuvre.


Edit : deux trailers pour mettre l'eau à la bouche.
Saison 2 : http://www.youtube.com/watch?v=bmy62bTeakg
Saison 3 : http://www.youtube.com/watch?v=_5yY7MOUKIs

Créée

le 29 août 2013

Critique lue 851 fois

3 j'aime

Louis Chappot

Écrit par

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3

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