Malcolm
7.8
Malcolm

Série FOX (2000)

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Et si Malcolm n'était pas le héros ?

Je me souviens de ces longues journées d'été que je passais avec ma cousine à regarder des enregistrements miteux de Malcolm sur cassettes VHS. C'était ce genre de moments qu'on attendait impatiemment. Celui où Malcolm passait sur M6, qu'on lançait l'enregistrement, que l'on se repasserait en boucle le soir venu. L'époque bénie où on pouvait passer notre journée en pyjama sans jamais avoir à se justifier, l'époque bénie où on se levait à 7h pour regarder toute la matinée des dessins animés (ce qui explique que l'on restait en pyjama très longtemps, d'ailleurs). Cette époque heureuse où l'on mangeait des spaghettis à la sauce tomate et des steaks devant la télé, vautrés dans des fauteuils en cuir bon tellement mou et tellement confortables, quand, pendant la pub, j'avais la tête plongée dans les vinyles parce que je trouvais déjà ça fascinant.
Malcolm, c'est tout ça. Et sûrement plus encore. Mais ma mémoire a effacé le reste. Crevure.


J'ai souvent recherché à revivre ces moments, du moins voir Malcolm de la même façon. Avec une certaine innocence, sans jamais rien voir de sous-entendu. Ne comprendre que le drôle derrière le second degré, ne pas voir la critique. Refuser de voir la critique. Mais non, c'est trop tard. Et les yeux d'enfants, c'est 2000€ la cornée. J'ai clairement pas les moyens. Alors je regarde cette série avec des yeux d'adulte. Quand tu comprends enfin ce que c'est la dèche financière, quand tu peux t'identifier à Francis qui cherche du boulot, quand tu t'identifies à Malcolm qui sait pas trop quoi faire après le lycée, quand tu considères que Dewey est en fait l'un des personnages les plus intéressants de la série et que Malcolm n'est en fait qu'un mec odieux et qui considère son intelligence comme une machine pour écraser les autres, et que, même s'il fait preuve, parfois, d'une certaine présence d'esprit, il est souvent dans la compétition et la domination (et qu'il sera, de facto, un adulte malheureux).


Malcolm, c'est une série qui grandit avec toi. Une série avec beaucoup de facettes, allant de l'humour bête et méchant à un humour plus poussé, un humour d'adulte. Vous me direz, c'est souvent la même chose. On a ça avec Friends, avec l'empilage de gags au cm² et l'humour dans les mots. En cela, Malcolm réussit assez bien son pari. Après, on pèche souvent par zèle et c'est ce qu'il se passe avec la série. A force de faire passer Reese pour un crétin du fond des abysses, on n'arrive plus à voir la profondeur manifeste du personnage. Pareil pour Hal, campé par un Bryan Cranston génial qui cache son désespoir derrière un masque de clown désabusé. Les personnages ont tous une profondeur et ne sont pas ce qu'ils paraissent, mais on dirait que Boomer a voulu qu'ils le restent toute la série. Et je trouve cela dommage que les personnages soient englués dans les stéréotypes qui leur ont été attribués au début du millénaire. Loïs aurait pu évoluer dans un autre sens, mais non, elle reste la mère au foyer tyrannique qui aime faire souffrir ses gosses. Après, je dois avouer que beaucoup de ressorts comiques reposent sur elle, et que son rôle est donc sensé, dès le départ bloqué dans une faille spatio-temporelle.


Ce qui m'embête, avec cette série, ça n'est pas le fait qu'elle soit rediffusée dans le désordre plusieurs fois par an, non. Ce qui m'embête, c'est qu'elle définit des rôles dès la première saison et refuse de faire évoluer ses personnages dans la mesure de leurs possibilités. Si Reese est doué en cuisine, pourquoi l'avoir fait finir le lycée et devenir concierge ? Ce qui m'embête, aussi, c'est que ce biais implique que les saisons finissent par tourner en rond. L'évolution du fond n'est pas vraiment flagrante, au final. Malcolm est toujours un surdoué, Loïs est toujours hystérique, Francis est toujours en conflit avec sa mère, Reese est concierge et Dewey est enfin le plus grand de la fratrie et aura un lit pour lui tout seul. La scène finale de la saison 7 souffre des mêmes symptômes que la fin de Californication : elle se déroule avec Malcolm qui n'est, au final, pas le personnage central. Il se retrouve au même niveau que Reese qu'il aura toujours rabaissé. J'aurais trouvé nettement plus pertinent de finir sur l'image du test grossesse, par exemple, avec une morale plus ou moins explicite : la vie n'est qu'un éternel recommencement.


Pour finir, je trouve dommage que l'humour bas du front, un peu bourrin et pas spécialement fin ne se retrouve qu'en début des épisodes, dans des pastilles de moins d'une minute. Je pense que les scénaristes auraient gagné en efficacité s'ils avaient joué sur cet aspect dans certains des épisodes (pas tous). Bon, ça a été souvent le cas, le plus flagrant quand Hal se met à voir plein de versions miniatures de lui. Malcolm est une bonne série, mais un peu trop cérébrale parfois. Comme son personnage central.

Créée

le 22 sept. 2015

Critique lue 526 fois

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Lucas Hueber

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