Tu n'est pas le boss de Mina... et t'es pas si grand

A un moment, en changeant la couche de mon rejeton, je blaguais sur le fait que réussissais à effectuer cette opération de plus en plus vite. Ma copine m'a dit "y a pas un championnat de changeage de couche ?" et j'ai répondu "non, mais je crois qu'il y a un épisode de Malcolm là dessus."

Comme j'avais Disney+ on a rematé l'épisode en question (il s'avère qu'en fait c'était un concours de "la couche la plus lourde") et on s'est enquillé deux ou trois épisodes. Puis, je me suis dit que ça serait bien de revoir tous les épisodes se situant après la naissance de Jamie sur le temps de la pause du midi... et c'est ainsi que de fil en aiguille, on s'est retapé les trois dernières saisons de Malcolm in the Middle, ce qui m'a permis ENFIN de voir le dernier épisode de cette série.

Et revoir les trois dernières saisons de Malcolm (à savoir les saisons 5, 6 et 7) c'est retomber sur une capsule temporelle du début des années 2000, on y parle de guerre en Irak, internet y est vaguement évoqué (et c'est sur l'ordinateur qui est dans un coin du salon) et la coupe de cheveux de Reese est typique de cette époque là. Après, ça reste quand même suffisamment humoristique pour que la majeure partie des épisodes soient encore agréable à regarder sans qu'on se dise "ha ha, ça a mal vieilli."

Niveau "truc marrant rétrospectivement" il y a Hayden Panetière en "nerdy girl" quelques années avant d'être la pom-pom girl intuable de Heroes, et le fait qu'Aaron Paul (Jessie de Breaking Bad ) aurait pu jouer le rôle de Reese,

Tout le monde est stupide

Malcolm est une série qui a beaucoup changé dans son concept : au départ, le focus était très centré sur Malcolm, qui était un petit génie dans une famille de prolo, et la série se focalisait à moitié sur ce qu'il vivait en cours et ce qu'il vivait à la maison, au point où la prof de Malcolm était dans le générique. Malcolm y était une sorte de héros qui subissait un peu son entourage. Et Francis a régulièrement son intrigue à l'école militaire.

Dans les trois dernières séries, Malcolm n'est plus qu'un adolescent parmi ses frère et lui aussi est un sale gosse et la série s'amuse même de son prémisse de départ (d'en faire un personnage qui est le seul "personnage normal au milieu de gens bizarres") en lui donnant un fond hyper prétentieux et parfois détestable. Il devient un personnage parmi tant d'autre dans une série chorale où se croisent trois ou quatre storylines par semaine.

On voit aussi qu'avec le temps, la série ne sait plus trop quoi faire de Francis : celui-ci passe un an en Alaska, plus travaille dans un ranch durant deux saison, puis dans les saisons six et sept, celui-ci est sans emploi et n'apparait plus que temporairement, la série faisant plus de place à des intrigues où Dewey, voire Jamie, les petits derniers de la famille sont les héros. Ce qui m'a faisait dire de temps à autre "ha tiens, un épisode où on se souvient que Francis existe."

(Sans parler de personnages secondaires comme Cynthia ou Jessica qui auraient pu devenir des personnages récurrents.... mais en fait non.)

Après, on est sur une série à la Simpsons, où aucun personnage n'est foncièrement bon ou équilibré : tous ont des défauts et des aspirations à la stupidité, ce qui créé le gag. Bon, après, on sent que sur les dernières saisons, la caractérisation des personnages est quand même sacrément fluctuante : le passé de Lois passe souvent de "c'était une femme gentille avant qu'elle ne pète les plombs" à "elle a toujours été une peau de vache." Sur les dernières saisons on a pas mal d'épisode sur "Lois et un de ses fils apprennent à se connaitre" (parfois le même) qui se terminent un peu toutes pareils.

Même dans les fils rouge, il faut pas être trop regardant, il y a toute une saison où la boite d'Al coule (se terminant sur une des résolutions les plus mémorables de la série) et il en trouve un sans trop savoir comment au cours de la saison suivante. De plus, à partir de la saison 5, je ne sais pas trop comment Malcolm fait pour jongler entre le lycée, son job dans le même supermarché que sa mère (sachant qu'il y a un épisode où il est durant toute la semaine de travail de nuit) et les nombreuses conneries qu'il fait à côté. Il faut vraiment pas trop se pencher là dessus.

Quelques messages ont gardés leur pertinence

Alors que j'étais en cours de visionnage, j'avais lu sur Bluesky une critique d'une personne qui la rangeait dans les séries américaines "des années 90 dans lequel on ne voyait pas un seul homme noir." Et lorsque j'ai dit "bah non, y a Stevie" on m'a répondu que c'était un token, un cliché qui fait propre en montrant un noir sympa auquel on se prend de pitié.

A revoir la série, cet argument est pété. Bon, déjà parce que Stevie, c'est pas un personnage "lisse." Tout les personnages de la série sont des imbéciles, et Stevie est à mi-chemin entre Milhouse Van Houten (le copain ringard qui se prend des trucs dans la figure) et le gamin secrètement revanchard, capable d'être une teigne. (Il se sert d'un exosquelette afin de tabasser Reese.)

Alors, je ne vais pas affirmer que Malcolm était une série en avance sur son temps en ce qui concerne la représentation des minorités, mais on voit relativement souvent des personnages racisés dans la série, pire, il y a même des blagues qui détournent des clichés racistes comme l'épisode où Hal se fait enlever par ses voisins noirs ... qui cherchent à l'amener chez le dentiste. Ou toute la saison où Francis se retrouve en Alaska et fait la part belle aux améridiens (il en épouse même une.) Et il y a toute une saison où Dewey se retrouve dans une classe pour élève "anormaux" et qui renvoi à la façon dont l'éducation américaine rejette complètement les élèves neuro-atypique en les ostracisant.

C'est pas parfait, mais pour une série des années 2000 diffusé sur le réseau Fox, c'est déjà pas mal. En vrai, la série reste encore assez drôle à regarder aujourd'hui. Oui, quelques messages ont gardés leur pertinence (l'épisode où Malcolm ne couche pas avec son crush parce qu'elle est saoule et que Francis lui dit que c'est ce qu'il fallait faire), et d'autres sont un peu cringe (l'épisode sur le Burning Man par exemple.)

Ouf, ça me fait une série à rayer de la trèèèèès longue liste des séries dont j'ai jamais vu les dernières saisons.