Le Shogi ou la vie...

... une leçon de vie.

Le titre de cette critique fait directement référence à l'excellente série en 2 saisons : Le Rakugo ou la vie.

https://www.senscritique.com/serie/le_rakugo_ou_la_vie/18580554

https://www.senscritique.com/serie/descending_stories_showa_genroku_rakugo_shinju/20162611 (titre globish... cherchez l'erreur)

Cette histoire, fascinante par sa grande justesse, est avant tout celle d'un jeune être humain écorché vif par la vie, sorte de chef de file, pourrait-on dire, d'un groupe de personnages aussi différents qu'intéressants ayant tous leurs problèmes/traumas personnels.

Il donne ce qu'il peut de sa personne, sans calculer, sans compter, encouragé par la bienveillance des quelques individus qui ont pris la peine de s'arrêter en croisant sa route solitaire & se voit récompensé en retour, de la plus belle des manières, en réussissant progressivement à s'ouvrir au monde qui l'entoure pour lui permettre, enfin, de commencer à panser ses plaies & s'épanouir.

Le shogi, même s'il est bien présent, passe régulièrement au second plan pour laisser place à des sujets bien plus sérieux & des problèmes sociétaux, autrement plus importants, qui touchent principalement les plus vulnérables & gangrènent le bien vivre ensemble, comme dirait l'autre.

À une époque de productivisme formaté à la (grosse) pelle(teuse) à merde, le scénario fait le choix assumé & courageux, sans jamais verser dans la facilité ou le pathos, de traiter autant de la solitude, de la mort & du deuil, de la maladie, du harcèlement scolaire, de la sacralisation du travail, de l'échec, etc... que de la résilience nécessaire pour affronter de telles épreuves.

Une résilience, très variable suivant les individus, qui ne peut s'exprimer pleinement qu'avec une dose appropriée de solidarité.

D'ailleurs, les nombreuses mises en situation dans de cette série en font une sorte de modus operandi.

La grande force de l'histoire réside dans son réalisme & sa capacité à développer toutes ces thématiques sans plomber l'ambiance, c'est tout sauf une série déprimante... pas de cheval de Troie de l'industrie à l'horizon pour venir écouler ses stocks d'anti-pro-dépresseurs.

En effet, les moments de joie & de plénitude viennent largement contrebalancer les passages plus sombres pour offrir à l'ensemble un équilibre harmonieux.

Le tout servi par une patte graphique & une réalisation qui ne manquent pas d'audace.

Outre que la thématique du harcèlement scolaire en particulier & du mal-être en général soit abordée dans toute sa complexité, je trouve particulièrement bienvenue de mettre en avant la solution post-trauma en 3 étapes qui englobe la thérapie par les animaux en milieu rural (ça parait très con dit comme ça, & pourtant...).

Une méthode éprouvée qui fait bien la nique à cette pathétique mesure capitalo-scientiste "mon soutien psy" (risible comme un slogan publicitaire) consistant à finir, dans la grande majorité des cas, par se faire prescrire des cachetons qui bousillent le fonctionnement du cerveau, la mémoire, la personnalité, etc... & contribue, au passage, à aggraver le déficit publique de l'assurance maladie pour engraisser toujours plus l'industrie pharma-chiottique.

Revenons à nos moutons...

Une série qui a le très bon goût de faire la part belle à la gastronomie, servie le plus souvent dans la salle à manger multifonction d'une petite maison traditionnelle, jugée désuète par les uns ou pittoresque & authentique par les autres.

Une petite bulle de chaleur humaine qui m'évoque celle du film "Une Affaire de Famille", habitée par autant de sœurs que de nekos gourmands & régulièrement visitée par un papy gâteau (facile celle-là puisqu'il est pâtissier-confiseur), le lieu idéal, en somme, pour se retrouver & savourer de bons petits plats en toute convivialité.

À bien des égards/niveaux, les 2 saisons de 44 épisodes au total placent la barre tellement haut qu'il est bien difficile de redescendre pour trouver, à nouveau, quelque chose d'aussi intéressant à se mettre sous la dent, avec autant de substance & de saveurs, c'est le revers de la médaille... d'excellence.

Une œuvre pleine de maturité, magistrale, qui restera probablement assez confidentielle car destinée à un public exigeant, voire intraitable, sur la qualité.

Bienheureux/ses celles & ceux qui ont la chance de la dénicher à force de chercher leur bonheur dans cette galaxie de productions nippones trop souvent adulescentes & si conformistes.

Omedetô, kanpaï, itadakimasu !