Marvel's Daredevil
7.2
Marvel's Daredevil

Série Netflix (2015)

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Des rues sombres, à l'image d'un homme torturé, déchiré et fracturé entre le bien, le mal, tuer, épargner, se venger, pardonner. Une ville ténébreuse, tel l'homme qui tente désespérément de la sauver, perdu, et ne sachant quelles sont les frontières et les limites entre le bien et le mal. Et la culpabilité. Ce sentiment si désagréable, vomitif et dérangeant qui s'insinue au creux de sa vie et qui l'empoisonne, doucement, sournoisement. Les confessions, moments de vulnérabilité et de repentance, et qui ne semblent pas l'éclairer ou lui apporter quelconque soulagement, sont succédées par des scènes d'une violence sinistre. Le sang gicle, les os craquent, les hurlements résonnent. Et la peur rampe sinueusement dans Hell's Kitchen, petit bijou visuel, obscur et funèbre.


Spoilers
Charlie Cox en Matt Murdock m'a semblé crédible, j'ai juste peu apprécié ses lunettes rondes aux verres fumés, caricaturales. Son premier costume, noir et sobre, était crédible, contrairement à son nouveau déguisement à la fin de la première saison, que j'ai trouvé un peu too much, kitsch. Il aurait fallu, selon moi, faire évoluer le costume, qui dénote dans un univers sombre, bien que le rouge soit foncé, il reste voyant et carnavalesque. Murdock est touchant, désespérément seul même entouré, torturé. Cox a définitivement quelque chose qui me plaît beaucoup (oui bon et il est pas trop mal foutu et pas trop moche non plus mais je vous jure que ça n'a pas du tout influencé ma note, ou presque).


Le Caïd nous offre l'occasion de constater l'interprétation plus ou moins réussie de Vincent d'Onofrio, brute lugubre et sur le point d'exploser à tout moment. Il est vraiment impressionnant, inquiétant, et m'a plusieurs fois fait pitié, notamment dans les passages où il est enfant. Mais la seconde d'après, il tue à mains nues quelqu'un, et alors je le hais. Pendant toute une saison, il m'a fait osciller entre ces deux sentiments, la pitié et la haine. Et je ne sais toujours pas quoi penser. Il perd malheureusement toute crédibilité avec sa pseudo histoire d'amour avec Vanessa, la gourdasse de la galerie d'art, ce qui est vraiment dommage. Il aurait été plus intéressant de creuser la relation assez ambiguë qu'il entretient avec son second, Wesley, et le degré de dépendance par rapport à lui.
D'autres personnages sont intéressants, notamment Ben Urich, Wesley (le sbire de Fisk), et Claire, qui ne tombe pas dans le cliché de la pauvre nana éperdue qui attend son mec tous les soirs après qu'il ait tabassé trois connards. Les Russes sont splendides, leur accent dans la VO racle râpeusement le fond de leur gorge, ils sont violents, rudes et inquiétants.


Cependant, d'autres sont à améliorer : Karen Page est fadasse, un peu niaise, et on sent bien que les scénaristes ont voulu la rendre un peu plus intéressante en la rendant responsable d'un meurtre, mais elle reste trop naïve, avec ses grands yeux candides et ses jolies phrases sur l'importance de l'amitié, etc... Quant à Foggy, bien que je le trouve très drôle, il est dommage qu'il soit toujours le bon copain sans autre attrait ni talent. Son rôle paraît très figuratif. Mis à part les Russes, les autres mafias emblématiques (Chinois, Japonais) sont peu utiles et assez clichées. Enfin, la copine de Fisk, Vanessa, m'a parue complètement stupide : elle nous fait son grand discours, elle connaît les hommes, ils sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux ou lâches, méprisables et sensuels ; par contre, elle va quand même se maquer avec Fisk, qui est un meurtrier sanguinaire et un dérangé. Tout va bien.


Marvel ne nous offre plus le spectacle bon enfant auquel il nous avait habitués avec Avengers, Captain America ou Thor. Ici, notre héros est tenté de faire le mal, se triture l'esprit, fait souffrir et souffre autant. On remarque également un certain pessimisme qui n'est pas très présent dans l'univers Marvel où, même dans les moments durs, on sait que tout va bien se passer. Ici, on ne sait jamais. L'un ou l'autre risque de crever à tout moment, nous injectant la même dose de stress et de suspense que dans un bon épisode de Game of Thrones où l'on prie pour que notre personnage préféré soit encore en vie avant la fin de l'épisode.


Je reprocherais cependant un manque d'équilibre certain dans le personnage même de Daredevil/Murdock. Qui est-il ? Un homme aveugle dit normal qui se bat mieux que la moyenne, ou un super-héros ? Comme le disait Vivienn, qu'il nous fasse une séquence entière en parkour semble peu crédible, car on nous le présente simplement comme un homme normal, aux capacités surdéveloppées certes, mais pas surnaturelles non plus. Or, il n'est pas assez clairement expliqué que Daredevil est un super-héros. Malgré son côté profondément humain, il reste cet être qui est censé nous surpasser. Ainsi, son super radar n'a rien de normal, même après s'être pris un liquide radioactif dans les yeux.


Je conclurais en disant que je mets beaucoup d'espoir dans cet série, après la déception cruelle qu'a été Marvel's Agents of Shield, et que je ne sais pas comment je vais attendre 2016, pour la saison 2.

ravenclaw
8
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le 28 avr. 2015

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ravenclaw

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7

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