La vue n'est que futilité. Les yeux, des organes secondaires qui obstruent notre regard sur le monde. Seul compte l'instinct, et la capacité à faire des choix pertinents au bon moment. Fils de boxeur, Matt Murdock sait encaisser les coups. Aveugle depuis l'enfance, le jeune homme devenu avocat troque son costume le jour pour devenir un justicier la nuit.
Plus que l'ombre du Dark Knight, c'est le spectre de Christopher Nolan qui plane sur les super-héros depuis maintenant dix ans. Sacrifices pour sa ville, relation filiale, fragile frontière entre le Bien et le Mal... On connait la chanson. Si Daredevil manie ces thèmes avec intelligence et efficacité, tout n'est que relecture de mythes héroïques déjà vus sur grand écran.
Il faut chercher du côté du sang pour commencer à se mettre en joie. Les combats, violents et joliment chorégraphiés, font de cette première saison une série sombre et mature. On le sait tous, le méchant de l'intrigue doit être aussi fascinant que le héros qui lui fait face. C'est chose faite avec Le Caïd, interprété par le monstrueux Vincent D'Onofrio (découvert dans Full Metal Jacket). Très difficile à jouer sans pour autant le caricaturer, l'acteur impose une présence ultra-charismatique à l'écran. Cette image de colosse ne l'empêche d'ailleurs pas d'exposer un côté vulnérable pertinent, et proposer un discours malfaisant qui sort des sentiers battus.
Le bémol survient vers d'autres personnages. Les collègues de Murdock (Karen et Foggy) sont en effet trop niais par rapport au contexte dans lequel évolue la narration. Répétant toujours les mêmes choses (sauvons la ville, n'ayons pas peur de nos adversaires), ils n'évoluent pas comme ils devraient, contrairement à leur ami. Matt Murdock (l'excellent Charlie Cox) va progressivement incarner Daredevil, l'homme qui n'avait pas peur du diable. Un héros est né, et la saison 2 finira d'éclore en 2016.
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