Miss Austen
6.7
Miss Austen

Série BBC One (2025)

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Austen et BBC au générique, on pouvait deviner une bonne partie du contenu du paquet. De fait, tout est conforme aux critères en vogue dans ce genre de reconstitution de l'autre côté de la Manche. Les amoureux des cottages et de la nature verdoyante et brumeuse y trouveront leur compte. Les lecteurs des romances un peu fanées aussi. La distribution féminine phagocyte l'image et ces messieurs, pour une fois, font office de plantes vertes et ne servent que de catalyseurs aux (més)aventures de ces dames. C'est toujours bienvenu. Je ne me lasse pas de cette relégation rafraichissante qui met les femmes en premier plan après des siècles d'invisibilisation. Ici, il n'est fait aucun mystère de leur dépendance financière et de leur soumission au patriarcat triomphant. Au moins la plupart des hommes ont-ils le bon goût cette fois de se montrer bienveillants. Mais une disparition plonge toute leur famille dans la précarité, parfois, jusqu'à ce qu'un autre bienfaiteur surgisse. Et même une autrice célébrée comme Jane Austen aura passé sa vie à espérer ne plus dépendre de circonstances extérieures indépendantes de sa volonté. Autour d'elle, d'autres jeunes femmes tentent de se sortir de l'impasse, avec plus ou moins de succès, en fonction de l'intensité de la solidarité féminine dont elle bénéficieront. Car les femmes opprimées n'étaient malgré tout pas réduites totalement à l'impuissance : elles tissaient parfois des réseaux à même de filer le coup de pouce salutaire en attendant qu'un prétendant fortuné éventuel surgisse. Malgré tout, il fallait consentir à pouvoir tout perdre en une seconde si le Destin vous frappait de manière inopinée. Voilà pour le côté intéressant de cette histoire. Après, je ne peux pas dire que je l'aie trouvé bien goupillée ou subtilement jouée. Par exemple, la maladie providentielle de la sœur de Jane, qui laisse un tiroir ouvert pour tout suspense, ce qui n'aura absolument aucune conséquence malgré des jours de délire, ressemble bien à un artifice mal mesuré. On connaît déjà les petits airs compatissants de Mme Durrell, qui en abusait dans une autre série, mais bon, ça fait l'affaire et elle est entourée d'une distribution qui connaît son affaire, alors bon, ça finit par passer. Et le dénouement heureux permet de quitter ce petit monde sur une note optimiste, qui masque mal le déséquilibre fondamental de la plupart des sociétés humaines.

Créée

le 4 oct. 2025

Critique lue 41 fois

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