Monstre saison 3 : entre frissons et réflexion, la pop culture se déchire..

Avec sa troisième saison, Monstre dépasse le simple true crime pour interroger notre fascination du mal. En transformant le divertissement en réflexion, Monstre expose la faille d’une époque : celle qui sépare le spectateur qui consomme de celui qui questionne.



Troisième opus de l’anthologie Monster, Monster: The Ed Gein Story plonge le spectateur dans l’univers glaçant du tueur en série Ed Gein.

La série explore les origines psychologiques du “monstre” : sa solitude, ses traumatismes de son rapport à la mort et même l’impact qu’à eu sa vie sur le cinéma du genre horrifique. Dans son ambition, Monster ne se contente pas de choquer, il invite le spectateur à se demander : sommes-nous complices de cette fascination pour le mal ?


Et pour cela, l’œuvre déploie une narration à plusieurs niveaux, qui dépasse le simple récit biographique pour interroger tout un pan de l’histoire du cinéma d’horreur. Tout commence, en filigrane, avec Alfred Hitchcock et Psychose (1960) : le film qui, en s’inspirant déjà d’Ed Gein, a inauguré un sous-genre érotico-horrifique où meurtre et désir s’entremêlent. Ce mélange trouble, devenu moteur du cinéma de genre pendant des décennies, a façonné une machine à fantasmes dont le public n’a plus su se détacher : on voulait désormais du sang et du sexe, de la peur et de la pulsion.


Plus de soixante ans plus tard, Ryan Murphy reprend ce mythe pour le confronter à ses contradictions. Monster: The Ed Gein Story ne célèbre pas cette mécanique du frisson, elle la démonte. En confiant le rôle principal à Charlie Hunnam, acteur au charme évident, Murphy rejoue cette tension originelle entre attraction et répulsion, beauté et monstruosité. Presque comme une critique du genre lui-même, il montre à quel point notre regard est piégé par le désir qu’il prétend condamner.


La série pousse encore plus loin le malaise : certaines scènes de cinéma dans la série fonctionnent comme des miroirs de nos propres réactions, où les spectateurs à l’écran sursautent en même temps que ceux qui regardent Netflix. Le spectateur finit par se voir à l’écran et c’est là que le malaise naît.

Ainsi, ce jeu de mise en abyme transforme le visionnage en expérience dérangeante, où la frontière entre observateur et complice devient floue. Monstre saison 3 ne montre plus seulement le monstre : il nous regarde en retour.

Un regard lourd qui reflète notre société actuelle. Les premières réactions en ligne en disent long : « Je n’ai pas pu aller jusqu’au bout, c’est plus ennuyeux que Dahmer », écrit un internaute. Un autre s’enthousiasme : « C’est gore et malaisant, j’adore ! ». Même la presse spécialisée semble partagée : “Il y a beaucoup de choses dans cette saison 3. Peut-être un peu trop. À force de multiplier les prismes, la série dilue l’épouvante et fait parfois moins peur qu’elle aurait pu”, note Première.

Des visions avec le même constat sous-jacent : pour beaucoup, une série d’horreur ne devrait être qu’un pur objet de peur. Dès qu’elle s’en écarte, dès qu’elle cherche à réfléchir ou à se commenter elle-même, elle devient suspecte voire inintéressante, pour certains.


Ce constat renvoie à une mutation plus profonde : depuis quelques années, le cinéma et les séries populaires se transforment. Ce qui n’était autrefois que pur divertissement devient réflexion, métaphore, commentaire social. Des œuvres comme Joker 1 ou encore Euphoria brouillent les frontières entre art populaire et discours critique, entre émotion et pensée. Et cette évolution, aussi passionnante soit-elle, divise.

D’un côté, un public curieux, prêt à accueillir cette hybridation entre spectacle et réflexion.

De l’autre, ceux qui se sentent trahis par une culture devenue trop cérébrale, trop consciente d’elle-même, une culture qui semble leur dire que le simple plaisir de regarder ne suffit plus.



Ari_ri
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