Bah oui, enfonçons les portes grande ouvertes : Quiconque a lu la première trilogie de Philip Pullman, His Dark Material, a forcément un frisson bien légitime dès que l'on voit tout simplement le mot Daemon écrit quelque part...
Au risque de se forger des attentes qui sont hors-propos. Car oui, il y a de la Poussière, des Daemons, mais cette série propose quelque chose de simple, simpliste, même, si on ne peut pas résister à l'envie de mettre l'oeuvre de Pullman en parallèle : un Isekai, basé sur un postulat simple : et si, dans ce monde si profond, si complexe et magistral que Pullman a su nous offrir, nous explorions une facette intimiste, le temps d'une utilisation du Couteau (les Vrais savent, les autres ne savent pas ce qu'ils loupent et pardonnons-les humblement en leur souhaitant un jour de pluie d'oublier le film, et de soit regarder la série, soit de lire la trilogie originelle) ?
Car oui, en un sens, ça ne va pas pisser plus loin, et le lien n'est même pas explicité, bien que quand même... bon bah ça saute aux yeux dès le titre.
Et comme souvent, plusieurs choix s'offrent au spectateur : mettre la courte série en lutte avec les poids lourds qui sont implicitement référencés : His Dark Materials, Madoka, Erased, les films/DA de Kaijus, Urotsukidouki (moins le sale et les croix gammées, pour ne pas rentrer dans les détails), les références ésotériques, bibliques plus ou moins maîtrisées, pour vivre une aventure à échelle humaine, celle d'un deuil.
Car on en revient là : un gamin perd sa mère et a entendu une légende selon laquelle un Daemon, ces Êtres issus de la Poussière (il doit y avoir un trademark vu qu'elle n'est jamais nommé ainsi), qui, contrairement au monde Premier de Pullman, ne sont pas liés par essence à un être, mais en plus, dans la société futuriste du Japon que l'on nous décrit, éveillent instinctivement une répulsion chez l'humain, là où il devient TRES vite évident que le Daemon, au contraire, même réduit à une condition de quasi esclave, cherche, tel un animal de compagnie, l'amour, l'approbation, la chaleur d'un maître.
Là, j'en dis pas plus avant qu'on me fasse ch... avec les balises spoil.
Et malgré un coté "tire larme" (qui fonctionne), et des ruses assez "grossières", on est ni plus ni moins dans une relecture nippone à échelle humaine (mais apocalyptique) (mais humaine) (mais apocalyptique) (mais....etc.) du mythe de Pullman qui embrassait l'angle scientifique de la chose, faisant des éditions françaises quelque chose de rare : une édition dans la collection "littérature pour jeunesse" aux cotés de Harry Potter (à qui il tenait sans problème le menton, voire le dépassait à maints égards), une édition "traditionnelle" pour adultes, parce que oui, les adultes avaient beaucoup à tirer de ces mondes dictatoriaux où la recherche sur la Poussière était interdite, façon bigoterie à l'anglaise sauce 19eme siècle), une édition adulte "fantasy"...etc., bref, tout le dispositif était déployé pour que PERSONNE ne puisse passer par erreur à coté du Livre (malgré le triste La Boussole d'Or, en promo chez votre revendeur de DVD... Si, c'est sûr! Fouinez dans les bacs à 1 euro par curiosité, mais vraiment préférez lui le bouquin, ou au pire la série de très bonne facture).
J'ai divergé, le contrat est rempli, n'hésitez pas, si vous êtes en manque d'Isekai, et que vos yeux sont trop secs à votre goût, à vous lancer dans cette série qui, malgré une image de synthèse parfois vraiment dégueu, a le mérite de raconter autre chose.