Les jeunes aiment le sexe

Pas convaincu d'emblée, en même temps je trouvais bizarre d'adapter un film de Araki en série, même si c'est pas l'auteur lui-même et avec le soutien de Soderbergh.

Je précise que je préfère ça à Euphoria : c'est plus coloré, moins con et putassier. On parle de sexe avec beaucoup d'emphase mais finalement ça banalise dans le bon sens du terme, à savoir qu'on en parle et qu'on nous montre qu'il est possible de faire plein de choses, qu'il n'y a pas vraiment de règles à part le consentement, mais tout cela est traité avec légèreté et dérision, ce qui n'empêche pas d'aborder des points importants. Avec Euphoria, j'en ressortais avec finalement l'impression que le sexe est sale, que ce n'est pas normal de pratiquer la fellation, la sodomie, d'être homosexuel, alors qu'ici, tout est bon, que ce soit la monogamie ou la polygamie et toutes les formes de fétichisme.

L'auteur se plaît aussi à critiquer notre société, la tourner en dérision, et ça fait du bien de proposer quelque chose d'aussi politiquement incorrect (même si c'est pas très politiquement incorrect en soi, mais disons qu'il ose aborder des points qui agacent tellement certains SJW que ça devient difficile d'en discuter). Et ainsi, il parle par exemple du consentement, mais aussi de ces personnes engagées pour vérifier que les scènes de sexe se passent bien. Evidemment, qu'il faut que ça se passe bien, mais engager quelqu'un pour ça, c'est complétement idiot : il faut juste que les gens se comportent intelligemment, se respectent mutuellement, et en toute logique, il n'est pas nécessaire d'avoir un psy pour aider l'acteur ou actrice qui aurait simulé une scène de sexe. Soit.

J'étais sceptique durant les 2 premiers épisodes : Araki essaie de mettre en place son intrigue, sur fond de complot, tout en jouant avec ses personnages très sexuels (ha oui, Soderbergh, je comprends ce que tu veux dire quand tu dis que les perso de Marvel ne baisent pas assez pour que tu aies envie de faire un film dans cet univers) ; le hic, c'est que l'auteur peine à trouver le bon rythme, sa structure est moite, pas emballante. L'intrigue piétine tandis que les échanges entre les personnages sont un peu faux, un peu survolés, une sorte de repompée sans âme de ce qui faisait l'intérêt d'Araki à ses débuts. Et puis, passé quelques épisodes, alors que l'intrigue prend de moins en moins de place, l'auteur parvient à exploiter et approfondir ses personnages pour le mieux ; on a même droit à un épisode où ils ne font que baiser. La fin (dernier épisode) est un peu maladroite et excessive puisqu'il faut reprendre l'intrigue avec en plus cette volonté de faire monter la tension afin de convaincre la prod d'investir dans une seconde saison ; en plus c'est dommage, parce que la saison 2 a été annulée, donc ça gâche cette première saison inutilement.

La mise en scène est plaisante ; bon, c'est un peu trop auto-censuré, alors que ça parle tout le temps de sexe, le pire étant les sessions en webcam ou les personnages voient ce qu'on ne peut pas voir (un des fétichistes est content de voir la blonde pisser alors que sur l'écran on ne voit rien sous la ceinture). C'est très coloré, Araki abuse des couleurs, mais le résultat est convaincant. Le découpage est intéressant, on ne se sent pas trop dans une série, avec des points de vue recherchés. Le montage est bien rythmé, seuls les passages montés en parallèle pour faire monter la sauce sont moins efficace. Les acteurs sont bons, mais j'ai mis du temps à accepter l'acteur principal, qui manque un peu de la beauté à la fois timide et virile des héros de Araki (alors que les secondaires sont mieux), mais sa performance a fini par me convaincre qu'il méritait le rôle. Et puis, la bonne surprise avec un petit rôle donné à l'acteur fétiche et fidèle ami de Araki dans le dernier épisode.

Bref, ça ne mène à rien, ça commence moyen et ça finit dans la précipitation, mais entre ces deux points, y a quelques très bons moments, dignes d'Araki.