Nu, avec un L

J'étais curieux, pas voyeur mais curieux de voir (hé oui) comment un sujet flirtant avec la SF serait traité par des français. La SF filmique française est habituellement nulle (en volume et contenu), et parfois elle fait pire. Le dernier avatar (encore hé oui), Mission (OCS déjà), est un concentré d'aberration logique (logique interne à l'histoire càd qui respecte, développe et argumente ses propres postulats, ce qui n'est pas propre à la SF d'ailleurs).

Au bout de deux épisodes mes remarques concernent essentiellement la logique du traitement du thème choisi, càd comment habiller une idée nue et ne sont pas une discussion sur le thème de la nudité imposée ou pas.

Donc un gars, un flic, ça doit rassurer la production et la distribution, se réveille dans un futur, pas trop lointain pour que ça reste crédible sans techno ajoutée mais à changement de mentalité ultra-rapide. Sauf pour les infirmières qui s'adressent toujours au patient en le traitant de on ou de il.

Admettons le principe de base.
Est-ce que la série rend crédible son postulat et en explore les conséquences ?
Question logique ça commence fort, dans les hôpitaux même les draps sont interdits aux comateux (des terroristes sûrement) mais bon... Les auteurs veulent montrer d'emblée l'"ambition" de la série.

Exemple suivant, vivre nu c'est bien mais en hiver ? Explication donnée par docteur Maboul : le réchauffement climatique bien sûr ! Avancé à 2026, il serait suffisant pour gagner 20 degrés ou plus en hiver sans qu'en été on dépasse les 50. Quant aux conséquences, prière de s'adresser à Mister Great balls of fire Trump-le-réchauffementclimatique c'est fantastique !
Pauvre Afrique dont la nudité doit se prolonger jusqu'au squelette.

Troisième exemple, la France exportatrice vit un peu grâce à son luxe et sa mode.
Imagine-t-on que ce dépouillement se ferait sans prendre ce lobby en considération ? Dans le genre réponse vite faite : reconvertis. Mais en quoi ? On va pas s'emmerder avec les détails.
Pour ça faudrait en ressentir la nécessité, par exemple une reconversion/spécialisation dans la chirurgie plastique du corps n'aurait pris que trois secondes de développement. Mais encore une fois il n'y a pas de culture SF dans la filmique française.
Et je ne parle pas du voile islamique, pas plus que les scénaristes (à moins que je ne dormais à ce moment-là), pourtant tout le monde y a pensé, non ?. Peut-être que ce sera pour plus tard (hum)...

Un autre exemple de logique interne : il est interdit de faire des remarques sur le corps des autres sauf qu'on entend une pub qui prône exactement le contraire (soyez beau). A ce propos la voix du poste radio n'est même pas filtrée pour donner l'illusion de sortir du HP. Nue elle aussi.

D'autres conséquences, par exemple le sport. Quelques sports individuels de combat comme le judo ont-ils virés au combat dans la boue ?
Le foot montre des joueurs avec un numéro peint dans le dos et c'est tout. Or impossible à jouer sans couleur distinctive ou une chasuble teintée (alors que le personnel hospitalier en porte). Mais d'un point de vue économique c'est super-pas-plausible et les scénaristes n'ont pas dû regarder les shorts actuels avec de la pub sur les fesses. Contrairement à la radio HiTech, l'image de la TV 2026 semble sortie d'un poste cathodique de la fin du 20ème siècle.

Un faux-raccord pour alimenter mon fiel (et prouver que je n'ai pas dormi tout le temps) : quand l'infirmière et le toubib essaient de parler à l'ex-comateux enfermé dans sa chambre : le vitre de la porte est en verre cathédrale (épisode 2). Quand les parents le regardent le verre est lisse (même épisode un peu plus tard).

Avis personnel
J'ai presque tenu deux épisodes de ce qui donne l'impression d'être une série policière enrobée dans une pseudo vision d'un futur incohérent et/ou non argumenté mais dont tous les clichés futuricides actuels sont réunis : selfie à grimace, mal-bouffe viandesque, sécu morte (on échappe à la bombinette, c'est plus ou pas encore d'actualité), etc. Avec, comme les usines de Tintin chez les Soviets, rien derrière.

Quant au ton, cela me fait parfois penser à H (sûrement à cause de l'hosto et du toubib, particulièrement caricatural avec ses pancartes), mais sans le talent des scénaristes, ni le talent des acteurs.
En fait la série semble ne pas savoir quel ton adopter, comme si les scénaristes étaient mal à l'aise avec leur propre histoire, ne sachant pas sur quelle fesse s'assoir.
Il en ressort la confirmation que la filmique française est incapable de voir la SF autrement qu'en gadget pour geeks, un truc pas sérieux pour les simples d'esprit. La filmique française est incapable de produire Black Mirror comme l'a fait la BBC (pour les deux premières saisons). Ca m'insupporte de voir le 595623ème truc commençant par "C'est l'histoire d'un flic..." et, qui plus est, prend comme prétexte la SF, mais un prétexte rendu bouffon par son traitement. Du genre on s'en fout c'est pas ça qui compte.
Ainsi le thème qui lui est lié perd l'interrogation que les différentes promos veulent faire entendre en tant qu'argumentation-caution intellectuelle de la série, à savoir le rapport au corps nu. Remplacé par l'impression que c'est juste une ènième histoire de flic avec des fesses, des phallus et des seins (prière de remplacer ces mots par leur version trash) en produit d'appel. Les foufounes étant naturellement plus cachées, avec peut-être un effet meetoo en supplément ?

Enfin il ne manquerait plus qu'au dernier épisode le flic se réveille une nouvelle fois dans le monde "normal" et que tout le reste soit présenté comme un délire comateux. "Ont-ils osé ?" sera le seul suspens pour moi.

Au final cette série qui semble destinée à faire le buzz pour sa nudité totale semble plutôt partie pour briller par son dénuement que l'on peut anticiper total.
A la réflexion, j'aurais du choisir le titre : "Au secours, Max Pécas revient".

PS : ma note ne veut rien dire, elle est juste obligatoire.