Once Upon a Time
5.6
Once Upon a Time

Série ABC (2011)

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A sa sortie en 2011, Once Upon a Time avait tous les atouts pour plaire à l'adolescent féru de fantastique que j'étais alors. Une série qui s'annonçait comme une sorte de réécriture moderne des contes de fées imaginés jadis par les frères Grimm ou même Andersen ne pouvait que me ravir, surtout alors qu'elle partait sur les mêmes bases que Harry Potter, en posant son univers magique dans un monde bien réel, semblable au nôtre. C'est donc avec candeur et plaisir que j'entamais cette série dans laquelle on suit une femme, Emma Swan, entraînée par son fils dans ce village magique qu'est Storybrooke, afin qu'elle délivre ses habitants de la terrible malédiction lancée 27 ans plus tôt par la Méchante Reine, qui les a rendus amnésiques et a gelé le temps.


La saison 1 est bonne. Ce serait de la mauvaise foi que de ne retenir que les aspects dégoulinants de niaiseries de la série, tant elle parvient à répondre aux promesses qu'elle s'était fixée: réintroduire les mythes créés par Grimm et les différents auteurs de contes de cette époque dans notre époque moderne à travers une réécriture maîtrisée, intelligente et créative. On retrouve ainsi les classiques qui ont pu bercé notre enfance, du Petit Chaperon Rouge à Blanche-Neige en passant par Hansel et Gretel, incorporés dans un récit agréable à suivre. La série se met rapidement à suivre une structure récurrente mais en aucun cas lassante, qui consiste à mêler dans ses épisodes l'avancée de l'intrigue principale à des flashbacks souvent centrés sur un personnage en particulier, ce qui permet de l'introduire avec soin dans ce monde dans lequel, il faut le dire, les personnages secondaires sont souvent laissés sur le bas-côté. La fin est assez convenue mais on s'y achemine avec plus ou moins de plaisir, les rebondissements et le travail réalisé sur les personnages de contes retravaillés participe à modeler une série tout à fait correcte.


C'est à partir de la saison 2 que ça commence à se gâter. Après un final de saison 1 plutôt réussi, Once Upon a Time était attendu au tournant, mais malheureusement la série apparaît limitée dès les premiers épisodes, comme si elle ne savait pas comment rebondir vers une nouvelle intrigue. Seuls les flashbacks, toujours aussi fréquents, permettent de conserver un intérêt valable à regarder la série, et encore, seulement jusqu'à un certain point. Même si la série parvient finalement à se dégotter un antagoniste de taille, elle s'essouffle bien avant d'avoir rempli son quota de 22 épisodes.


Le vrai problème apparaît à partir de la saison 3. La production décide cette fois de couper la saison en deux, comme le font les shows tels que The Walking Dead ou Breaking Bad lors de sa dernière saison, offrant cette fois-ci non pas un mais deux antagonistes pour le prix d'un. Le premier prend directement la suite de la saison 2, projetant pour la première fois ses protagonistes dans un monde qui n'est pas Storybrooke. Robbie Kay incarne alors un méchant dans un rôle qui lui va comme un gant et porte à lui tout seul la série sur une douzaine d'épisodes, rendant plus détestables que jamais des personnages principaux qui battent des records de platitude, en particulier en ce qui concerne Blanche-Neige, jouée par Ginnifer Goodwin, et Charmant (en quatre saisons, je n'ai même pas retenu le nom de l'acteur, c'est dire !). Ce début de troisième saison pose des enjeux souvent crédibles qui ont le mérite de créer un minimum de suspense, chose que l'on avait jamais vu dans cette série depuis la saison 1. La fin de cette intrigue est certes une nouvelle fois convenue, mais j'ai tout de même pris du plaisir à la suivre, et surtout son final qui laissait présager du meilleur pour la suite de la saison.


Non. Telle la saison 2, cette deuxième partie de saison 3 retombe aussi vite qu'un unijambiste sans béquilles, et pour continuer dans la branche des jeux de mots foireux, on est loin de prendre son pied. L'antagoniste qui fait son apparition a la malchance de disposer d'une actrice au charisme d'huître et dont la palette d'émotions exprimées est aussi réduite que l'ouverture d'esprit d'un votant FN. C'est dommage, il y avait du potentiel; mais le fait qu'il soit mal exploité permet, dès la fin de cette saison 3, de se poser des questions qu'il n'est jamais bon signe de se poser: pourquoi je continue à regarder cette série ?


Cette baisse de tension-là exhibe en effet avec une telle insistance les défauts de la série, à savoir, comme je l'ai déjà évoqué, la platitude des personnages, ou encore sa niaiserie exceptionnelle, et ses effets spéciaux petit-budget, qu'elle tue tout intérêt à la série: le final est réduit à un cliffhanger putassier qui base ses chances sur le succès de la Reine des Neiges. Une réflexion qui en soulève une autre: depuis la saison 1, la série tourne en rond, cherchant souvent à recycler les antagonistes qu'elle propose, mettant de côté certains personnages qui avaient pu être développés par le passé, et semblant désormais ne proposer rien d'autre qu'un défilé macabre de mauvais méchants. Le manque d'inspiration des scénaristes se fait de plus clairement ressentir: si l'esprit conte demeurait intact dans la saison 1, il est totalement absent des saisons 2 et 3 qui n'hésitent pas à aller fouiner du côté de Disney.


Après un tel constat, je me demande bel et bien comment j'ai pu regarder la saison 4. Une nouvelle fois, la saison est coupée en deux, et l'on suit encore deux intrigues successives. Le pilote promettait l'espoir d'un renouveau avec l'arrivée de deux nouveaux personnages principaux, mais cet espoir sera vite entériné par un méchant qui encore une fois ne fait pas le poids. L'actrice est tellement mauvaise, le personnage si ridicule et les décors si artificiels que les costumiers ont tout misé sur le décolleté de sa garde-robe, en espérant attirer notre attention ailleurs. Eh bien loupé, ça ne marche pas, et le mardi redevient un jour de la semaine où je regarde Once Upon a Time, qui n'est même plus un plaisir coupable mais une série que je ne regarde plus qu'avec un vague intérêt, souriant à l'occasion devant des dialogues qui ont de plus en plus le cul par terre.


La deuxième partie de la saison appuie l'argument que j'avais pu avancer plus haut, à propos du manque d'inspiration des scénaristes. Vraiment, recycler ce méchant ? On tourne définitivement en rond, les flashbacks ont quasiment définitivement disparu, et la saison s'étire plus que jamais alors que les même mécanismes narratifs, les mêmes rebondissements sont toujours utilisés, et que les personnages ont plus de liens parentaux entre eux qu'une famille du Pas-de-Calais. La fin est attendue, une fois encore, les meublages se multiplient, la qualité est plus absente que jamais, et certains épisodes, dans lesquels on pouvait encore placer un maigre espoir, sont bâclés, à l'image de ce diptyque final qui nous balance quelque chose de très fort avant de partir dans un happy end misérable et ridicule.


Oui, j'ai vu les 89 épisodes. C'est trop pour moi-même, mais surtout c'est trop pour la série, qui alourdie par le poids des quotas à remplir, voit ses intrigues s'essouffler au point qu'il n'y ait plus grand-chose à encore espérer de la série. Je ne suis pas en colère, j'assume le temps que j'ai pu perdre à suivre une série qui m'avait enchanté à ses débuts, avant de décliner lors des saisons suivantes. Ne regardez pas cette série si vous n'avez pas un besoin immédiat de bisounoursitude; ne la regardez pas si vous ne pouvez pas supporter les personnages plats, et des intrigues redondantes; et si vous voulez quand même vous y plonger, cantonnez-vous à la saison 1.


Pendant ce temps, moi, j'attendrai la saison 5.

Soma96
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le 21 mai 2015

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Kevin Soma

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