Oz
8.4
Oz

Série HBO (1997)

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Le cul entre deux chaises électriques

L'idée de départ est prometteuse : la série nous amène à Emerald City, un quartier atypique de Oz ("The name on the street for the Oswald Maximum Security Penitentiary"), créé par Tim McManus dans le but de faciliter la réhabilitation des prisonniers. Sans être inédite, l'approche a le mérite d'éviter le manichéisme et de nous faire réfléchir sur les conditions de vie en milieu carcéral, sur la difficulté pour les uns de survivre sans faire de vagues, pour les autres de simplement faire leur boulot sans entraves. D'un côté des barreaux comme de l'autre, les personnages sont nombreux et intéressants, tous avec un profil différent. On a les habituels gangs, les victimes, les psychopathes, les matons... Avec une petite préférence pour Peter Marie, une nonne psychologue. C'est pas banal. Soulignons l'importance des courts flashbacks qui servent à introduire en prisonnier, en nous montrant les raisons de son incarcération. Une bonne idée.
Cette galerie de personnages est interprétée avec justesse par un casting béton. Si leurs noms ne sont pas nécessairement très connus, leurs visages parleront à tous les amateurs de séries. En effet, beaucoup d'entre eux ont par la suite eu des rôles importants dans Dexter, The Wire, les "New York..." (Law & Order), Lost ou encore Les Sopranos. En bref, du lourd. Augustus Hills, lui-même détenu, fait office de narrateur et commente indirectement les évènements en les comparant généralement à des faits historiques, et en s'interrogeant sur la nature humaine. Pas toujours perspicace, pas toujours subtil non plus, mais le procédé est plaisant.

Les trois premières saisons sont à la hauteur des attentes, ce n'est qu'à partir de la 4e que la volonté initiale d'authenticité de la série est bafouée, et son déclin annoncé. Après une première partie traitant maladroitement de racisme, la 2e moitié de la saison multiplie les développements de personnages peu crédibles, les morts anecdotiques et autres situations improbables (la pilule qui fait vieillir...), tout en nous gavant de religion. La religion, le thème préféré des scénaristes... Qui n'hésitent pas à carrément verser dans le paranormal, via quelques scènes assez WTFesques. Le réalisme devient secondaire, de même que le projet de réhabilitation à l'origine de Emerald City. L'unité, censée être un privilège, devient le centre du monde et accueille toutes sortes de taulards, journalistes et autres immigrés l'espace de quelques épisodes, dans des intrigues souvent expédiées.
À bien des égards, Oz m'a fait penser à ce qui se fait aujourd'hui dans Game of Thrones. Le succès des deux shows repose en bonne partie sur ses personnages, l'avantage de la série médiévale étant qu'elle dispose d'un univers très étendu pour faire évoluer ses protagonistes, là où l'espace confiné de la prison de Oz vient compliquer la tâche des scénaristes.

Au final, Oz reste une série divertissante qui a réussi à avoir mon attention pendant environ 50h, un exploit qui aurait pu lui valoir un 8.
Johnny-Jay
7
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le 26 août 2014

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Johnny-Jay

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