(ni additifs de synthèse)
Riant johnson a l'habitude de jouer avec les codes : Poker face ne réinvente pas ceux des séries policières, mais invite à une relecture ludique en comparant les modèles avec les variations - puisque toutes les séries, et en particulier celles à épisodes clos, pillent les scénarios des films à succès et tissent une nouvelle écharpe sur de vieux patrons.
Dans les derniers épisodes vus (->II-10), il ne s'agit plus simplement de citer le dialogue d' "Out of the blue" (et la série/Charlie nous donnent une semaine pour trouver son origine!), ni d'inclure un clone sournois de Mercredi Addams dans un cadre scolaire (mais... serait-ce une pique contre la série de netflux?). Heat et Michael Clayton influencent le cours du récit de l'intérieur en inspirant les protagonistes.
La série et son héroine sont drôles, sur un fond forcément peu réjouissant - on n'est pas dans La vie de famille. Contrairement à son modèle le flic Columbo, Charlie enquête sur des homicides dans son entourage. Elle perd des amitiés et des amours naissantes. D'ailleurs, la première partie des épisodes (qui contrairement à Columbo joue avec le spectateur et ne lui permet pas toujours de comprendre immédiatement qui sont victime et meurtrier) donne assez de temps pour nous familiariser avec eux et les apprécier.
Poker abandonne dès le début de la deuxième saison le schéma du personnage central en fuite, et transforme la cavale en balade plus insouciante (?) à travers l'Amérique ; mais à chaque arrêt, les circonstances tragiques ramènent Charlie Kale à sa solitude.
Et chaque étape pose un diagnostic critique sur ces USA, les modèles sociaux qu'ils promeuvent, l'esprit de compétition et la cupidité, le patriarcat... (de bonnes âmes sont actuellement en train de fournir du grain à moudre pour quelques saisons supplémentaires)
Incidemment, Charlie lance une gentille pique contre l'une de ses inspirations, Lie to Me, en rappelant que les histoires de signes trahissant infailliblement le mensonge sont du bullshit. Ici encore, on préfère renvoyer "franchement" à l'artificialité du gimmick de série - démarche de distanciation quelque peu postmoderne qui paradoxalement, crée une implication en invitant la complicité du spectateur - wink wink.