Icare brulé par le feu des projecteurs.

C'est le portrait de 2 types. Un, talentueux, acteur reconnu à la carrière impressionnante, et de sa némésis, son alter ego, qui a toujours tout réussit de manière tellement honteusement facile que, durant toute sa vie, il n'a jamais rien trouvé de mieux pour s'occuper que de tout détruire en abusant de la drogue, de l'alcool et du sexe, encore et encore, se relevant de manière miraculeuse à chaque fois, jusqu'à ce que l'un des deux gagne.

Spoiler alert. Même si le documentaire veut faire croire que c'est le mec sympa qui a gagné, et qu'il vient faire son mea culpa, c'est de toute évidence l'autre qui ressort grand vainqueur de cette confrontation. Il n'est plus qu'une ombre qui essaye de redorer son blason avant de disparaitre définitivement, chant du cygne qui se voudrait émouvant et sincère, mais qui m'est personnellement apparu comme plutôt cynique et opportuniste.

Après une première demie heure intéressante sur l'acteur, son enfance et le début de son succès, le documentaire n'enchaine plus en suite que sur les frasques de Charlie Sheen, qui, face caméra, revient sur ses faits d'armes les plus célèbres avec une certaine fierté (ceux largement commentés et documentés), sans jamais vraiment se remettre en question pour tout le mal qu'il a fait. C'est la faute de sa vie trop facile, c'est la faute de l'alcool, c'est la faute de la pression, des médicaments, du producteur, de ses ex... Et quand vient la vraie grosse affaire, celle de l'accusation de viol sur Corey Haim alors âgé de 13 ans, c'est balayé d'un revers de la main en 4 secondes, avec pour seule défense "c'est un menteur", et puis on passe à la question suivante.

J'ai rarement eu autant l'impression d'être manipulé par un documentaire, qui essayerait de me faire croire que ce n'est pas une hagiographie puisqu'on y parle que des cotés sombres de son protagonistes, mais tout en le mettant quand même en valeur et en rappelant sans cesse à quel point il a été un héros dans l'esprit des gens, et l'acteur le mieux payé de la télévision. En résulte vraiment une impression détestable d'un film qui raconte l'exact contraire de ce qu'il montre, et qui sous couvert de parler ouvertement des affaires de mœurs de son sujet ou des choses censées être les plus honteuses (houlala, il s'est mis un glaçon dans le cul pour jouer une scène tellement il était défoncé), fait croire à de la sincérité. D'un point de vue marketing c'est excellent, d'un point de vue éthique c'est à gerber.

Bref, je suis plus que dubitatif. Je ne sais pas quelles étaient les intentions derrière ce projet, et peut être que mon ressenti est à coté de la plaque (d'autres y verront probablement de la rédemption), mais perso j'ai juste eu l'impression d'un gros coup de com pour réhabiliter un acteur qui au final aura plus marqué les esprits pour ses excès que pour ses rôles. Vraiment triste et écœurant.