Des robots, les hubots, sont couramment utilisés comme des serviteurs, des assistants, ou plutôt des outils forts utiles. Mais ils épousent tant et si bien l’apparence des êtres humains qu’il est difficile de ne pas les considérer comme tel. Il y a d’ailleurs un aspect effrayant et magnifique à la fois dans leurs expressions. Et les inévitables questions qui hantent la science-fiction depuis un demi-siècle se posent alors : les robots ont-ils une âme, des sentiments ? Mais au fond, ne sommes-nous pas aussi des machines d’un genre différent, nos émotions contrôlées par des hormones plutôt que des codes informatiques ? Rêvent-ils de liberté ? Sont-ils dangereux ? Représentent-ils une menace pour l’humanité ? Toutes les dimensions philosophiques, éthiques, juridiques et sociales sont développées dans cette série qui ne se passe pas dans une époque éloigné mais dans un futur proche, ce qui la rend d’autant plus fascinante, car pratiquement d’actualité.
Sans même parler de conscience, l’utilisation de robots comme assistants soulève déjà tout un tas de débats. Les hubots peuvent rendre de précieux services, comme s’occuper de personnes âgés, mais aussi satisfaire les vices humains, comme devenir des objets sexuels. Ils sont programmés pour ne pas blesser d’humains mais des bugs peuvent arriver, et leur programmation peut très bien être modifiée. Et en nous aidant, ils risquent de vouloir nous aider en allant à l’encontre de notre volonté. Ils accomplissent des tâches dangereuses ou pénibles, mais privent des humains de leur métier. Enfin peuvent-ils vraiment remplacer un être de chair et de sang ?
Et la société est-elle vraiment prête à les accepter, non comme des machines, mais comme d’autres créatures conscientes ? Dans une société qui accepte sans problèmes les relations homosexuelles, ces êtres d’un nouveau genre risquent fort d’apporter de nouvelles discriminations, et de mettre sérieusement à l’épreuve notre ouverture d’esprit. Ces robots pourraient bien être victimes d’une nouvelle forme d’esclavage. D’où l’existence de mouvements anti-robot comme real humans, composés de militants plus ou moins extrémistes.
En plus de sa riche thématique, le rythme de « real humans » est parfaitement maîtrisé, sans lenteur particulière, et se regarde donc sans ennuis. D’un côté l’on suit des humains comme tout le monde affronter chacun à sa façon cette innovation technologique :
Une famille ordinaire franchit le pas en s’offrant un hubot. Le jeune adolescent, en pleine puberté, ressent une attirance pour elle. La mère persiste à la considérer comme un être à part entière.
Question anthropomorphisation, d’autres vont encore plus loin. Sa voisine va jusqu’à avoir une liaison avec son hubot, allant même jusqu’à le modifier. Mais ce faisant il devient de plus en plus incontrôlable. C’est qu’en voulant rendre ses serviteurs plus humains, on court le risque qu’ils agissent de leur propre initiative. Un être conscient ne peut pas être asservi par sa conception, il la dépasse.
A vouloir utiliser des substituts humains, il y a le risque qu’ils finissent par se montrer plus efficace que nous. Ainsi le voisin est amer et en colère depuis que sa femme, plus proche de son hubot que de lui, l’a quitté. Les mêmes hubots qui finissent par le remplacer sur son lieu de travail. On comprend qu’il veuille rejoindre real humans.
Le grand-père lui aussi s’est attaché à son hubot assistant, au point d’être sincèrement attristé quand il ne va plus fonctionner. Et lorsqu’il en reçoit un nouveau, ce dernier va être tellement efficace pour surveiller son état de santé qu’il va se sentir étouffé et malheureux.
Enfin de l’autre côté on suit la fuite de robots différents. Ils ont une conscience, recherchent la liberté et une place parmi la société humaine. Si certains veulent s’intégrer et vivre en paix, d’autres projettent de supplanter les humains qu’ils considèrent comme inférieur. C’est le revers de la médaille, les émotions provoquent aussi la haine et la peur, entraînant des comportements pouvant être violents. La menace crainte par Real humans s’avère donc en partie justifiée, certains éléments ont bel et bien des vues hostiles. Ces hubots suivent Joe, un être humain, tout aussi particulier. Au fil des épisodes, on apprend qui ils sont et comment ils ont été crées, comment Joe est devenu ce qu’il est et s’est retrouvé à leur tête. L’affaire va prendre tellement d’ampleur que les services secret vont intervenir, craignant une menace pour la sécurité nationale.
Toutes ces personnes, hubots, personnes ordinaires, policiers, finissent par être liés à différents niveaux.
Tantôt drôle, touchante et prenante, cette série nous incite à nous interroger nous-mêmes sur une nouvelle forme de conscience. Surtout que la technologie avance rapidement, des robots mécanisés sont déjà à l’œuvre, les scientifiques planchent sur des programmes complexes et s’interrogent sur toutes ces problématiques. Car étant donné l’augmentation prévue des systèmes automatiques, il faut s’assurer que les machines adoptent les bons comportements (les fameuses 3 lois d’Asimov, utilisées pour de vraie). Caisses automatiques sans chaleur humaine, postes supprimés, déjà toutes ces questions sont d’actualités. Et plus que le thème d’une conscience artificielle, c’est le thème de la technologie qui est abordé. La technologie qui élève ou avilie l’homme, qui fait peur ou qui rassure. Comment ressemblera notre société ? Quelle place pour l’être humain ? Faut-il ralentir le progrès ou est-ce une évolution inévitable ?
Alors si ces robots arrivaient, comment réagiriez-vous ?
