Sandman
6.6
Sandman

Série Netflix (2022)

Voir la série

• SAISON 1 (7,5/10)

¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯

[Critique du 12 octobre 2022]


L'adaptation télévisuelle du comics de Neil Gaiman offre une plongée dans un univers sombre et fascinant, toujours propice à porter une réflexion sur l'humanité. L'histoire de ces entités anthropomorphes - Morpheus, particulièrement, maître du royaume des rêves (et cauchemars) - nous est présentée sur un rythme plutôt lent, qui nous enveloppe alors d'une mélancolie rêveuse et surréaliste. L’esthétique de la série est excellente, ce qui lui permet de rendre son atmosphère plus prenante, quand bien même les visuels hors fantastique apparaissent trop propres et peinent à retranscrire la folie artistique pour laquelle le comics est connu - compliqué, à moins de passer par l'animation.


Malgré tout, on constate plusieurs représentations visuelles surprenantes et originales, grâce à des VFX généralement bons et osés. Cependant, ils sont loin d'être infaillibles (épisodes 4 et 7), notamment dans l'intégration des fonds verts. Il y aussi cette photographie un peu hâlée qui confère l'aspect cheap des plans numériques que l'on essaie de cacher. On peut être tolérant au vu des incartades fantastiques souvent bluffantes, et terrifiantes ; conséquence également d'une mythologie bien introduite et étayée, jusqu'à avoir tout un nouvel univers à chaque épisode, sans pour autant abandonner la trame principale. La série embrasse sans mal la folie narrative de Gaiman, nous faisant parcourir des univers envoûtants, à la découverte de personnages marquants - les épisodes 5 et 6 sont sublimes et touchants - et regorgeant de surprises, et clins d’œil à l'univers DC Comics.


Il faut dire, aussi, que les principaux acteurs sont captivants. Que ce soit Tom Sturridge qui fascine par son immobilisme autoritaire en interprétant cette entité magique qu'est Morpheus, ou bien David Thewlis qui livre une incroyable représentation de la folie passive. On peut ajouter le Corinthien, auquel Boyd Holbrook prête ses traits, qui est un psychopathe distingué, collectionneur de plaisirs sadiques mortels. On doit d'ailleurs à ces deux personnages la plupart des accents gores horrifiques de la série. Dans cet ensemble bien harmonisé, il manque juste une bande-son plus mémorable, qui soit aussi fascinante et travaillée, à l'instar des endings de chaque épisode, tous différents, et dessinés par l'illustrateur de covers du comics. On note qu'il y a encore un gros potentiel à exploiter autour de la mythologie de The Sandman, alors que la série a déjà été très généreuse en 10 épisodes.


Petite note finale pour l'épisode 11, bonus, qui est un aparté en deux temps, adaptant des histoires indépendantes, avec le rêve au centre du récit : on a d'abord un court-métrage animé, qui mélange 2D et 3D avec un effet de peinture à l'huile pour une atmosphère palpable et la noirceur de l'univers bien présente. Puis la deuxième partie voit intervenir le Seigneur des Rêves et nous en apprend un peu plus sur son passif et ses pouvoirs.



• SAISON 2 (9/10)

¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯

[Critique du 2 septembre 2025]

Retrouver l’univers de The Sandman suite aux accusations envers Neil Gaiman, et trois ans pour mettre ces 12 nouveaux épisodes en boîte, laissait à craindre une série vite clôturée et expédiée de la part de Netflix, pour se dissocier de l’auteur. Il n’en est rien, grâce au réalisateur Jamie Childs qui semble avoir totalement saisi l’ambiance onirique habitant le comics et a souhaité la transposer au plus fidèle que lui permette ce médium “réaliste”. Avoir un seul réalisateur sur l’ensemble de cette saison est bénéfique et permet d’unifier l’ensemble de cet univers pluri-mythologique. Childs a majoritairement tourné en décors réels et cela ancre davantage la beauté de cette multitude d’environnements fantasques. La photographie y est parfaitement exploitée pour composer ces différentes ambiances surréalistes, entre les mondes ; c’est un spectacle visuel dans la représentation des divers mythes et folklores. L'esthétique émane d’une palette de couleur adéquatement réfléchie pour maintenir une aura éthérée prégnante, ce qui élève la grâce et l’émotion des séquences.


L’univers de The Sandman est extrêmement vaste et richement exposé au cours de ces deux saisons, avec une pléthore de personnages servant leur juste partition au sein du grand œuvre. C’est un mélange incongru de mythologies où les personnages sont plus que leur propre écriture et personnifient des concepts sommes. Au cœur du récit, les entités de la famille des Infinis dégagent une prestance et une éloquence saisissantes. L’interprétation charismatique et poignante de Tom Sturridge, dégageant simultanément sérénité et autorité, rend la figure titre de The Sandman particulièrement mémorable et alignée avec sa contrepartie affabulée des planches dessinées. La prestation de Jacob Anderson se montre également mémorable pour la grandeur du rôle à endosser. Revoir Boyd Holbrook et Jenna Coleman en variations de leurs personnages de la première saison est plaisant, au sein d’un large casting hétéroclite finement dirigé. Ces 11 épisodes (+ 1 spécial en fin de saison) proposent une continuité de récit mieux contenue et plus homogène, prenant davantage place du côté fantastique du fait de déboires entre toutes ces entités. Avec un focus sur l’humanité de Morpheus et sa rédemption, le scénario évite le manichéisme et se dénoue implacablement, assurant une parfaite compréhension des personnages et soulignant la mise en scène impeccable de cette œuvre inadaptable.

AntoineRA
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 12 oct. 2022

Modifiée

il y a 4 jours

Critique lue 36 fois

AntoineRA

Écrit par

Critique lue 36 fois

D'autres avis sur Sandman

Sandman
Galaad3lux
1

Attention bienpensance lgbt woke.

La série dans son ensemble est plutôt bien menée, un scénario intriguant, une histoire dynamique et onirique ; cependant, deux défauts majeurs viennent la corrompre. Tout d'abord, la bienpensance...

le 10 août 2022

47 j'aime

51

Sandman
patatedestenebres
8

C'est comme la bd, mais ça bouge

En bon fan de l'oeuvre de Neil Gaiman, j'attendais beaucoup de cette adaptation, et vu la plateforme, malgré l'implication de l'auteur, je me forçais à baisser mes attentes. Mais au final, c'est du...

le 6 août 2022

36 j'aime

5

Sandman
Fidjing
10

Critique de Fidjing : Le marchand de sable Dream !

Cette série fantastique est de Neil Gaiman .Légers Spoilers .L'histoire raconte que Morpheus ( Le beau Tom Sturridge ) Roi des Rêves se retrouve malheureusement prisonnier en 1916 durant des années...

le 19 sept. 2022

24 j'aime

8

Du même critique

Wanderers
AntoineRA
9

Critique de Wanderers par AntoineRA

Derrière ce court-métrage, dépassant tout juste les trois minutes, se cache un véritable bijou d'émerveillement cosmique. Wanderers est une ode à l’exploration spatiale et sa colonisation, que ce...

le 2 déc. 2014

14 j'aime

Caldera
AntoineRA
9

Critique de Caldera par AntoineRA

Il y a des jours, comme ça, où on tombe sur des courts-métrages d'orfèvres. C'est le cas de Caldera, découvert via une news sur le site Allociné. Réalisée par Evan Viera, l’œuvre a déjà récolté...

le 5 avr. 2013

14 j'aime

2

Marvel's Daredevil
AntoineRA
8

Critique de Marvel's Daredevil par AntoineRA

• SAISON 1 (9/10) [Critique du 1 mai 2015] Très loin de la mièvrerie, du fan service forcé, et du kitsch cheap et Disney-ien des films de Marvel depuis Avengers, Daredevil a su s'émanciper de ces...

le 1 mai 2015

13 j'aime

2