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disclaimer: critique à chaud après seulement trois premiers épisodes, avec parmi eux les deux que j'attendais le plus. mais peut-être cela vaut-il le coup de continuer ? (convainquez-moi)Dès le...
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le 11 déc. 2024
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Ta journée est finie. Tu es vautré sur ton canapé, une bière à la main, un paquet de chips bien grasses à proximité, ton chat sur les genoux. Ton univers de poche harmonieux se déploie devant toi et tu t'apprêtes à parcourir le catalogue Prime à la recherche d'un programme qui te fera oublier un instant que tu es seul sur ce canapé et que tes chips sont en équilibre sur ta double bedaine adipeuse (ce qui n'est peut-être pas sans lien).
Alors que tu explores la plateforme d'un œil torve, voilà qu'une série attire ton attention : Secret Level. Des épisodes d'animation très courts dans l'univers des jeux vidéos par les créateurs de Love Death + Robots. Ça tombe bien, tu aimes les jeux vidéos et ton cerveau déjà passablement embrumé par l'alcool apprécie de ne pas avoir à se concentrer trop longtemps. Rasade de bière et c'est parti pour le premier épisode. Sur tes genoux, Moustache ronronne, il valide.
Du D&D, alors ça c'est chouette! Les personnages sont stylés, le jeune garçon cache clairement un mystérieux secret, ça se tape bien, tu es ravi. Et pouf! Terminé.
Tu hausses un sourcil, un peu déçu. L'épisode partait bien, tu en aurais bien redemandé. Tu te consoles - jeu de mot - en te disant que c'est l'occasion de remplacer ta bière vide et tu enchaînes sur le suivant.
Cette fois, ça parle de Sifu. Tu ressens une pointe d'agacement en te remémorant cette après-midi où tu t'étais fait ratatiner par Jordan, ton petit neveu otaku qui avait poncé le jeu. Tu avais passé ta frustration sur la bouteille de Coca, Jordan avait pleuré parce qu'il n'en restait plus pour lui, bien fait pour ce petit con. Le temps que tu ressasses ce souvenir glorieux, l'épisode est déjà fini, ça n'avait pas l'air de raconter grand chose de toutes manières.
Les trois épisodes suivants sont parmi les plus réussis, en particulier celui sur Warhammer. Tu trépignes sur ton canapé devant les space marines applatissant des crânes à mains nues. C'est direct, viril, bourrin, tout ce que tu aimes. Grandiose. Moustache lui, miaule de désapprobation, il venait juste de trouver la position idéale et tu as interrompu sa neuvième sieste de la journée. Tu t'excuses en le gratouillant et finis goulûment deux nouvelles canettes devant ce spectacle de mort et de désolation. Ambiancé de la sorte, tu poursuis ton visionnage.
La suite te cueille un peu à froid... L'épisode sur Pacman te paraît complètement gratuit et celui sur Crossfire est d'une nullité abyssale. Tu décides de ne pas mettre sur pause le temps de te soulager en guise de désapprobation. Lorsque tu reviens des toilettes, Keanu Reeves est dans un mecha. Tu ne comprends rien à l'histoire, rien aux personnages (il faut dire que tu commences à y voir un peu trouble). Tu n'as même pas le temps d'amorcer le début d'une réflexion sur l'univers qui t'est présenté que l'épisode se termine. Moustache te scrutte avec le regard blasé du chat qui sait que tu es dans l'échec.
Le métrage numéro 9 te redonne tout de même de l'espoir. Chose incroyable pour cette série, tu ressens un peu d'empathie pour le personnage principal, un sacré loser éminemment sympathique. Cet embryon de bonne humeur se volatilise à l'instant où tu réalises que de tous les héros présentés jusqu'ici, c'est celui auquel tu t'identifies le plus. Tu noies ton insécurité dans une quatrième Kro qui passait par là et cliques sur suivant, désormais résolu à aller jusqu'au bout.
Le reste du programme ne sera qu'une violente traversée du désert. Megaman te laisse de marbre. Exodus est triste comme un jour sans pain. Tu ne comprends rien à l'univers, ne ressens rien pour les personnages, tu es à deux doigts de rendre les armes et d'aller te coucher. C'est Moustache qui te sauve, la sale petite vermine, en se faisant consciencieusement les griffes sur le sofa. Tu lui balances ta canette vide qu'il esquive prestement avant de déclamer narquois que tu es assurément ce que l'on fait de plus éloigné du space marine. Tu interprètes peut-être un peu, tu commences à être bien imbibé. Mais ce petit choc d'adrénaline te relance et tu décides de t'accrocher.
Et du courage, il t'en faut pour passer au travers des épreuves suivantes. Toi qui as pourtant platiné Spelunky, tu restes totalement extérieur au douzième court-métrage dont le seul but semble être d'asséner une morale à trois sous qu'on pourrait trouver dans une cafet de startup. La cinquième bière n'y résiste pas. Un texto providentiel te sauve du traquenard à venir, une histoire dans l'univers d'un jeu dont la durée de vie n'aura pas dépassé deux semaines : c'est ton pote Mike qui pense avoir un ticket avec une caissière qui lui a souri furtivement en lui tendant son Menu Best of. Tu lui dis de foncer champion, lâche une éructation de qualité professionnelle et ouvre une nouvelle boisson houblonnée en son honneur.
Honor of Kings est une petite parenthèse enchantée qui te met prodigieusement en joie. Pas pour le récit, la mise en scène ou quoi que ce soit d'artistique mais pour la coiffure ridicule du protagoniste. C'est plus fort que toi, dès que le mec apparaît à l'écran, tu t'esclaffes à pleins poumons, répandant par là même un bon quart de la sixième sacrifiée du banquet. Tu en profites pour te réconcilier avec Moustache, qui vient lui aussi profiter du spectacle (toi en l'occurrence). Tu tentes une caresse qui finit dans le vide alors que ton chat n'a pas bougé.
Le dernier épisode restera dans tes souvenirs comme un embrouillamini de couleurs et de personnages. Tout le monde se court après, bouge dans tous les sens, il y a un petit robot gentil mais finalement il est méchant, c'est compliqué... À ce stade, tu as de toutes façons abdiqué pour de bon, te contentant de comater en surveillant la barre de défilement avec une hâte teintée d'appréhension pour le moment où tu devras te lever et rouler jusqu'à ta chambre.
Lorsque tu tentes une dernière fois de te souvenir de ta soirée avant de sombrer définitivement dans le sommeil du juste, tu te retrouves face au vide. Des éléments épars te reviennent en mémoire mais rien n'a de corps, rien ne pèse, tout tourbillonne et s'entremêle en bribes sans consistance (mais c'est peut-être aussi parce que tu as la tête qui tourne). Tu as l'impression d'avoir passé la soirée sur Youtube, à visionner des cinématiques de jeux auxquels tu n'as même pas joué, d'avoir été abreuvé de plaisir immédiat et surtout de frustration (et de bière, beaucoup de bière).
Allez va, Moustache vient de se caler sur son spot, il est temps de dormir. Demain, comme tout le monde, tu auras oublié la nouvelle production Prime video.
Créée
le 19 févr. 2025
Critique lue 60 fois
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