J’ai l’impression que le mangaka —Nakaba Suzuki— a eu un processus de création artistique malheureusement assez commun dans le genre : partir d’une idée cool —un concept, un pouvoir, un charadesign, ou même un nom— plutôt que d’une histoire. Ici, on a sept chevaliers correspondant aux sept péchés capitaux. Malheureusement, ça ne va pas beaucoup plus loin donc Seven Deadly Sins n’a pas toujours grand chose d'intéressant à raconter; en particulier dans les deux premières saisons. L’univers aussi est assez lambda : démons, fées, géants… Il manque ce "petit plus" original je trouve. D’un autre côté, je n’ai pas lu le manga original, peut-être qu’il s’agit d’un problème d’adaption.
Heureusement, les choses s’améliorent indéniablement dans la 3ème saison, grâce à des antagonistes nettement plus charismatiques —les Dix Commandements—, une trame narrative un peu mieux maîtrisée ainsi qu'à de nouveaux personnages, Escanor en particulier. Tout n'est pas parfait non plus. Les 4-5 derniers épisodes semblent précipités. L’idée du tournoi, c’est du réchauffé, et c’est en plus très maladroitement amené et exécuté. Mais surtout l’anime utilise un gimmick très commun : chiffrer la puissance des personnages. Certes c’est cool, mais tout d’abord c’est cliché depuis DBZ, donc depuis un sacré paquet d’années, et c’est surtout une sacré facilité d’écriture. Les seuls intérêts sont d’établir les rapports de forces et montrer l’évolution des personnages. Avoir recours à des nombres aussi artificiels c’est se dispenser de montrer au lecteur/spectateur ces rapports de force et ces évolutions de manière organique. Au minimum, faut le faire de manière intelligente, comme dans One Piece où on associe niveau de puissance et prime sur la tête des pirates.
Seven Deadly Sins comporte trois thèmes transversaux, plutôt intéressants, mais souvent traités à la truelle :
- Le deuil. Presque tous les personnages développés doivent faire face à la perte, récente ou non, d’un proche : amour, ami, parent…
- La culpabilité, souvent lié au deuil, et comprenant souvent une forme de trahison. C’est peut-être le thème le plus important, car les Seven Deadly Sins sont par définition des pécheurs, et ont tous quelque chose à se reprocher : abandonner la forêt des fées, la destruction de Danafor etc. Paradoxalement c’est peut-être le moins bien traité, sauf chez Ban et dans une moindre mesure, King.
- L’amour, avec de multiples romances et comme message principal : avouer ses sentiments. Parfois efficace, généralement niais. Comme le reste.
Côté charadesign, on a tous les échelons du vraiment bon au franchement pas terrible, mais c’est très personnel. Idem pour les personnages, qui sont comme d’habitude dans les animes des archétypes. Certains sont malgré cela vraiment réussis —Ban en particulier—, d’autres sont touchants sous certains aspects —la relation King/Diane, la perte de Liz pour Meliodas—, et enfin certains sont unidimensionnels —Merlin, Elizabeth, Gowther ou encore Arthur—. Peut-être seront-ils mieux développés par la suite. Sans compter l’horripilante mascotte comic-relief inutile.
On a malgré tout le droit à certaines situations un peu malsaines. La relation Ban/Elaine est touchante mais graphiquement ça flirte avec le lolicon. On a également les inverses avec Meliodas et King qui ont l’apparence de jeunes garçons par rapport à Elizabeth et Diane. D’autre part, la tenue de Merlin est gratuitement racoleuse —au passage l’idée de faire de Merlin une femme est intéressante même si c’est pas vraiment exploité—. Enfin le comportement de pervers de Meliodas, même si régulièrement recadré, est rapidement lassant. D’habitude je ne me formalise pas spécialement sur ce genre de choses, mais l’accumulation me fait un peu tiquer.
L’animation, sans atteindre les sommets de Attack on Titan ou Kabaneri of the Iron Fortress, est tout à fait correcte. Les combats aussi sont décemment chorégraphiés, même si je trouve que les pouvoirs des personnages sortent un peu de nulle part. C’est pour ça que j’apprécie des oeuvres comme One Piece ou Naruto : il y a une logique interne très solide. La série est dans l’ensemble très correctement rythmée.
Bref, Seven Deadly Sins est un anime qui se laisse regarder sans pour autant être particulièrement original ou marquant. Sa plus grande réussite est sans conteste le personnage de Ban. Au moins, la série a le bon goût d’être relativement courte et digeste. Pour le moment du moins.