Tentons de rester indemnes
Comment peut-on se sortir d’une série de cet acabit ? Eh bien, ce n’est pas possible. Il est d’ailleurs impossible de rédiger une critique sans parler en son nom car aucune distance ne peut être prise. J’ai vu de grands gaillards pleurer sans s’arrêter durant l’épisode final tellement il vous retourne. Six Feet Under m’a profondément émue malgré les doutes que j’émettais à son sujet. Souvent considérée comme mollassonne et lente, il faut du temps, beaucoup de temps pour s’imprégner de l’ambiance et des personnages. Et je vous en prie, n’écoutez pas ceux qui vous déconseillent de la regarder, c’est un sacrilège de passer outre !
Créée par Alan Ball en 2001, c’est un véritable OVNI télévisuel qui est apparu sur les écrans. Exit le FBI, les médecins et les avocats, Six Feet Under, c’est l’histoire d’une famille ordinaire où il fait bon vivre malgré la chambre froide située au sous sol et la salle de veillée funèbre au rez-de-chaussée. À l’inverse des séries édulcorées, chez les Fisher on baise, on chie, on s’engueule, on se hait, on se brosse les dents et on s’aime malgré les infidélités et les problèmes. Bref, on vit.
Même si la mort est le chef d’orchestre de chaque épisode en devenant parfois comique, parfois bouleversante, elle amène avec elle une multitude de réflexions dont aucun autre support audiovisuel n’est capable.
Vous serez émus, bouleversés et sûrement vous ne la reverrez plus. Vous repenserez à Nath, à David, à Claire, à Ruth et à la multitude de personnages jonchant les 5 saisons. Vous vous souviendrez des nuits passées auprès d’eux. Vous appréhenderez même de voir le temps s’écouler pour ne pas connaître ce final dont tout le monde parle. Six Feet Under réussit là où nulle autre série ne réussira. Elle touche avec justesse à des sujets lourds, comme l’homosexualité, la mort, la maladie tout en prenant de la distance grâce à un humour noir incroyablement délicat. Même si elle peut souffrir dans ses dernières saisons d’une certaine redondance amenée par un côté soap, la série ne s’essouffle pourtant pas.
Au final, ce chef d’oeuvre d’intelligence, d’écriture et d’humour, continu encore aujourd’hui à être étudié dans les universités au même titre que The Wire et Les Sopranos. Pièce marquante de l’Histoire des séries, Six Feet Under possède indéniablement LA meilleure fin possible. De ce fait les huit dernières minutes défilant au son de Sia « Breathe Me » vous marquent au fer rouge, à tel point qu’après ça, vous direz, « il y a un avant et un après Six Feet Under ».