Skeleton crew était un divertissement prometteur sur le papier, une sorte de Goonies à la sauce star wars, la promesse d´une épopée enfantine dans le style des années 80 revisitée aux standards de notre époque.
Le concept est attrayant : les héros, quatres enfants vivant sur une planète sur laquelle leur vie est millimétrée, la compétition acharnée (spoiler :
tous doivent passer un « test de carrière qui détermine toute leur vie professionnelle à l’âge de 10 ans
), et sur laquelle tous les adultes exercent des métiers de bureau ennuyeux dont on ne comprend pas le sens. Le tout au profit du « grand oeuvre », dirigé par un mystérieux superviseur perché en haut de sa tour (cela ne nous rappellerait-il pas un certain méchant de saga littéraire adaptée au cinéma ?). Les habitant ne jouissent d’aucune liberté d’aller et venir, puisqu’il leur est interdit de se rendre au delà de la barrière qui entoure la planète. Wim, l’un des gosses, se sent oppressé par ce système qui broie les enfants, et lui et ses amis finissent par erreur par se retrouver embarqués dans une aventure aux confins de l’univers.
On pouvait s’attendre à une critique de ce monde dystopique et autoritaire, où toute l’activité de la population est tournée vers ce « grand oeuvre », qui leur est présenté comme leur but commun, requérant la force de travail et l’abnégation de chacun (spoiler :
faire de l’argent
). L’illusion d’un intérêt commun et universel aux individu d’une société donnée avec à sa tête un chef tout puissant et créateur de norme, vu comme une sorte de dieu, est le pilier idéologique fondateur de la plupart des dictatures totalitaires. Quoi de mieux qu’un personnage innocent qui découvre le monde extérieur pour remettre tout ça en question ?
Mais le scénario a vraisemblablement été bâclé, ou censuré, difficile de savoir : le fonctionnement de cette société n’est pas remis en question, les personnages ne connaissent aucune évolution, ni les parents, suppôts de ce système totalitariste, ni les enfants.
Pire encore leur but est, du début jusqu’à la bataille finale, de protéger cette planète « banquier suisse » et tous les trésors qu’elle recèle afin que le reste de l’univers (les méchants pauvres) n’aient jamais leur part du gâteau.
Quand aux pirates, on ne sait rien de leurs motivations sous-jacentes, de leur histoire : ce sont tout simplement « les méchants », et les policiers de la république les « vrais gentils » comme le dit Wim. Pas manichéens pour un sous chez Disney. Tout ce qui vient à la bouche de nos héros, en rencontrant des rebelles (spoiler :
sur une planète similaire à la leur, où les enfants ont réussi à se soulever et doivent se battre
) c’est « la guerre c’est pas bien, vous devez faire la paix », preuve de l’absence d’empathie frôlant la psychopathie de ces enfants privilégiés. Les mêmes qui n’hésiteront pas à se battre et tuer des pirates pour défendre leur machine à cash.
Le superviseur s’avère être un droïde, copie de hal9000, et cela ne fait l’objet d’aucun questionnement éthique de la part des enfants ni des adultes.
Cette série n’a pas eu de succès, et c’est tout ce que l’on peut espérer : que les enfants ne visionneront pas cette propagande fasciste ultra manichéenne sur laquelle ils ne pourraient avoir aucun recul critique.
J’aurais voulu mettre 4, mais en dehors de tout ce qui a été dit ci-dessus, ce n’est pas trop mal fait, et Neel est super mignon. Donc ce sera 5.