Skins
6.9
Skins

Série E4 (2007)

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Que reste-t-il dans nos mémoires aujourd'hui de ce que représentait Skins à l'époque ?

La première série trash & explosive, décalée & réaliste d'ados excessifs, culotée et sensuelle.

Des personnages cultes, marquants, hyper attachants et d'un humour dévastateur, stabiloté au fer rouge, des dialogues pertinents, un subtil mélange de style british avec le contraste exagéré d'abus extrêmes. Et l'attente insoutenable de faire revenir une partie du fabuleux cast de la saison 1 dans l'ultime saison afin d'en découvrir l'évolution et les personnages qu'on a tant aimé suivre.

Mais peu ou aucun souvenir de cette conclusion, juste quelques passages marquants comme Tony prenant le bus, trompant Michèle, les stores intelligents qui se soulèvent en même temps que ses dessous chics, la sortie en Russie avec la jeune femme mariée, la prof de philo Angie copulant avec son élève Chris, un camé qui en est mort, Cassie l'anorexique, Effy la sulfureuse à la beauté angélique et diabolique dans l'âme, Sid le bon copain de Tony (à la voix de Malcolm), souffre-douleur d'un pervers narcissique manipulateur malsain qu'on ne peut s'empêcher d'aimer de par son magnétisme. Et tant d'autres qu'on a oublié l'espace d'un instant d'inattention !


L'envie irrépressible de les retrouver d'une pression du doigt possible sur les plateformes payantes, pour répondre à toutes ces pièces du puzzle manquantes et éclaircir ces zones d'ombre.

Quel plaisir fringuant de retrouver la bande des deux premières saisons, j'avais oublié Sketch, l'inénarrable folle furieuse qui sort avec Anouar... Thomas a la voix d'Edward Elric, le rendant soudain plus intéressant que dans mes souvenirs méconnus d'animés.

Mais entre l'humour fracassant au vitriol de la joyeuse bande d'allumés, avec le recul et les années, pour la troisième fois, après bien des années, m'attendant à un bon divertissement potache proche des teen movies, provocation en plus pour l'époque, je suis tombé de très haut.

Cette série est d'une noirceur totale et compte plus de décès que Game of Thrones ou Walking Dead. Un mort par épisode, des dépressions, des maladies, des agressions, des solitudes, des larmes, des folies incurables, des dépars définitifs.

C'est d'une tristesse, l'humour passe tout juste entre les lignes au tout début de la première saison, et s'éclipse pour devenir très furtif et s'évaporer trop vite.

Chris mourant d'avoir pris des cachets est un souvenir erroné, il souffrait d'un mal incurable et c'est pour cela qu'il profitait autant, il n'avait aucun avenir et ne fichait rien de sa vie, l'amour de Jal l'a fait devenir le meilleur et claque alors qu'il avait réussi à s'en fabriquer le plus beau.

Noir, triste, Effy la prêtresse des désires obscurs sombre dans une paranoïa et rejoint son frère Tony, elle était iconique...

La fin des deux premières saisons, seul véritable joyau dont la suite déclinera progressivement dans un gouffre abyssal scénaristique, est d'un réalisme fataliste, la bande se sépare pour toujours, allant chacun dans des universités éloignées, leur amitié n'était que temporaire, histoire de supporter le bahut, Cassie fuit Sid une seconde fois, après l'Ecosse.

Le père de Sid meurt, les parents de Tony se séparent, Tony passe sous un bus et devient l'ombre de lui-même, la mère devient dépressive, comme Effy, comme un peu tout le monde, embarquant même les spectateurs dans leur tombe.

En revisionnant ces prémisses qui se terminent ici pour moi, j'ai voulu jeter un œil à la troisième saison, ayant un très mauvais souvenir de Cook.

Scénaristiquement, malgré Effy qui fait la passerelle entre les saisons, ils ont voulu faire un remake avant l'heure avec la même recette, Cook dans le rôle de Tony.

Sauf que Tony part déjà vainqueur avec la nouveauté, la fraîcheur, on l'aime et on redemande à être manipulé par lui, son charisme hallucinant, même si ces excès à la longue peuvent gaver à long terme, il s'en rendra compte et va changer. Prendre un bus vers une nouvelle vie.

Cook n'a rien d'attachant, il est horripilant dès les premières secondes. J'ai toujours détesté ce personnage, je ne comprend même pas qu'on puisse s'extasier devant ses inepties. Même Donald Reignoux, que j'affectionne au point de regarder une série juste pour sa voix, ne parvient pas à le sauver. Les autres personnages ne sont pas aussi dessinés, profonds et intéressants que dans les deux premières saisons, ni les jumelles Olsen, ni Naomi Campbell, ni les autres. Une véritable redite après Maxxie le gay, on passe aux lesbiennes, sans rien apporter de nouveau, que le drame, la maladie, les ruptures, et la dépression environnante.

Freddy on le tolère, on l'aime presque, mais il a toujours ce regard glacial, on dirait qu'il ne s'amuse jamais, c'est le rabat-joie de service, il est mal exploité, à l'instar de son idylle avec Effy, quelque chose ne colle pas, encore moins le triangle amoureux avec Cook. L'idée de base pouvait se creuser, s'étoffer et donner lieu à bien mieux que ce qu'ils en font.

Quand je me suis fadé les saison 5 & 6 la première fois, on m'avait bien fortement conseillé de les éviter, elles suintaient l'ennuie et dissonaient totalement avec le reste de la distribution, comme si même ça ne faisait pas du tout partit de la même série.

Revenons plutôt au choix initial qui était de savoir comment se termine la saison 7 avec le retour d'Effy, Cassy et Cook que j'ai tout de même regardé car je n'en avais pour le coup aucun souvenir. Hormis que Effy était devenu une tradeuse remarquable en stoppant toutes les bêtises, et que Cook aggravait sa situation pourtant pire.

Quel ennui en guise d'épilogue. Effy n'a rien arrêté, elle triche et finit en prison avec un sourire, fait toujours tourner les têtes de tout le monde même dans le grand monde, et pas étonnant vu son sex appeal, Cassie... donne sa raison d'avoir fuit Sid "sinon ça aurait été pour la vie", sans grand intérêt, une fille perdue qui se trouve au final désorientée et Cook... peut-être la fin la plus Skins, et fidèle au personnage, avec les mêmes recettes pour les autres sur les maladies, fuites et ruptures.

Cook deal, et trempe dans des combines limite mafieuses, la quatrième saison s'était achevée sur lui vengeant son pote Freddy "Tu sais comment je m'appelle ? Je suis Cook", on découvre en toute logique un petit Cooky apeuré comme un chiot tremblant et craintif, fuyant à l'autre bout du monde après avoir couché avec la meuf à son patron, qui a tué sous ses yeux le dernier en date.

Il les retrouve, et s'apprête à tuer tout le monde, même les parents d'une amie qui se trouvait sur leur chemin, venue les héberger.

Et Cook a peur... Car il a oublié qui il était et qu'il a tué un psy, bien qu'il le confie à plusieurs reprises à la meuf à son patron qu'il se fait dans sa caisse.

C'est à la dernière minute, lorsqu'il découvre son hôte pendue, qu'il se souvient son blase et ne tue pas son patron, mais lui ressort sa réplique : "Tu sais comment que je m'appelle ? Bah visiblement pas moi".

Certes il a tiré les leçons du premier chapitre où tuer c'est pas très bien, mais fuir la prison non plus.

Pas de morale, immoral, pas de conclusion, et peut-être que c'est ça Skins, au final.

Mais anthologique les deux premières, la perfection malgré la noirceur.

Le reste est tellement sombre qu'on ne réussit plus à le distinguer.

SebRendly
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Créée

le 1 oct. 2023

Critique lue 43 fois

Seb Rendly

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