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Smoke
6.3
Smoke

Série Apple TV+ (2025)

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Smoke tente de tisser une histoire sombre d’incendies criminels et d’intrigues psychologiques, mais s’effondre sous le poids de ses propres ambitions. Présentée comme un mystère captivant inspiré du podcast Firebug, la série offre plutôt un récit brouillon et mal exécuté qui ne parvient pas à susciter le moindre intérêt. Avec des performances médiocres, une intrigue incohérente et une dose maladroite de ce qui semble être du « wokisme » dans le choix de son actrice principale, Smoke est un échec frustrant qui gâche son prémisse prometteur.

Au centre de ce fiasco se trouve Jurnee Smollett dans le rôle de la détective Michelle Calderon, dont la performance est un point faible majeur. L’interprétation de Smollett est unidimensionnelle, oscillant entre une intensité forcée et des éclats émotionnels peu convaincants qui ne parviennent pas à toucher. Son jeu semble souvent guindé, sapant la prétendue complexité de son personnage, une détective dure marquée par un traumatisme. La décision de la placer en tête d’affiche semble être un clin d’œil calculé aux tendances actuelles de la diversité—ce que certains pourraient qualifier de « wokisme »—plutôt qu’un choix ancré dans une nécessité narrative ou un talent d’actrice. Le personnage de Michelle est écrit comme un archétype de femme forte, mais l’exécution est si lourde qu’elle frôle la caricature, encore aggravée par l’incapacité de Smollett à lui donner de la profondeur.

L’intrigue elle-même est un désastre décousu, truffé de problèmes qui rendent le suivi ou l’intérêt presque impossibles. Inspirée des crimes réels de l’incendiaire John Leonard Orr, Smoke suit Michelle et l’enquêteur sur les incendies Dave Gudsen (Taron Egerton) alors qu’ils traquent deux incendiaires en série dans une ville fictive du nord-ouest du Pacifique. L’histoire s’appuie fortement sur des flashbacks pour étoffer le passé de Michelle—son traumatisme d’enfance lié à un incendie déclenché par sa mère—mais ces séquences sont intrusives et mal intégrées, perturbant le flux narratif. Les allers-retours constants vers des souvenirs flous et mélodramatiques semblent être une tentative bon marché d’ajouter de la profondeur, mais ils ne font que brouiller une intrigue déjà confuse.

Pire encore, l’intrigue est incohérente, avec des incohérences majeures qui sapent tout sentiment d’enjeu. Michelle, bien que présentée comme un personnage profondément imparfait avec un passé de décisions douteuses (y compris une liaison avec son patron et une tendance à la colère incontrôlée), semble échapper à toute responsabilité à chaque tournant. L’écriture la laisse inexplicablement s’en tirer, même lorsque ses actions suggèrent qu’elle est tout aussi coupable—sinon plus—que Dave, dont l’ambiguïté morale est au moins explorée avec une certaine nuance par la performance engagée d’Egerton. Ce déséquilibre crée un double standard déconcertant : l’imprudence de Michelle est passée sous silence, tandis que les luttes de Dave sont examinées, rendant l’histoire injuste et peu méritée. La dépendance du récit à des clichés procéduraux éculés, couplée à son incapacité à réconcilier son ton noirâtre avec un commentaire social à moitié cuit, donne une série qui semble à la fois surchargée et creuse.

Les tentatives de la série pour atteindre une profondeur psychologique tombent à plat, en particulier dans sa gestion du traumatisme de Michelle et des insécurités de Dave. L’écriture privilégie la valeur de choc à la cohérence, avec des rebondissements qui semblent artificiels plutôt qu’organiques. Par exemple, le projet parallèle de Dave d’écrire un roman sur un enquêteur d’incendies est une idée potentiellement intéressante, mais elle est si maladroitement traitée qu’elle devient une distraction. Le rythme de la série est lent, étirant une prémisse mince sur neuf épisodes qui auraient pu être condensés en six sans perdre quoi que ce soit d’essentiel. Même la distribution secondaire—mettant en vedette des acteurs talentueux comme John Leguizamo et Greg Kinnear—ne peut sauver le navire qui coule, car leurs personnages sont sous-écrits ou relégués au second plan par l’accent mis sur l’arc peu convaincant de Michelle.

Les valeurs de production sont correctes, avec quelques séquences d’incendie visuellement frappantes, mais ces moments sont éclipsés par l’incohérence tonale de la série. Elle oscille sauvagement entre un réalisme gritty et une exagération pulpeuse, sans jamais s’installer sur une identité claire. Le dialogue, souvent vanté comme une force dans le travail de Lehane, semble laborieux ici, avec des voix off prétentieuses et des définitions de dictionnaire au début des épisodes qui semblent complaisantes plutôt que perspicaces.

En fin de compte, Smoke est un gâchis décevant qui ne parvient pas à capitaliser sur sa prémisse intrigante. La performance terne de Jurnee Smollett en tant que protagoniste, alourdie par un scénario qui semble privilégier son casting pour des raisons symboliques plutôt que pour une logique narrative, n’aggrave que les problèmes de la série. L’intrigue incohérente, la surutilisation des flashbacks et la clémence déroutante envers les défauts de Michelle créent une expérience de visionnage frustrante. Avec tant d’opportunités manquées et un manque de feu narratif, Smoke est une série qui n’est que brouillard sans chaleur. Passez votre chemin.

didizimzim
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le 17 août 2025

Critique lue 116 fois

Dmitri Fantski

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