Space Precinct
Space Precinct

sérieSky1 (1994)

Space Precinct c'est une série du fameux Gerry Anderson, ce que ça augure c'est une direction artistique béton, prothèses à foison et autres maquettes. Situé dans le futur lointain, c'est une rare tentative de mêler série policière et science-fiction. Des trucs de ce genre sont rares puisqu'il paraît que les fanas de SF et de polars sont mutuellement exclusif. C'est ce qu'en a déduit Chris Boucher, un scénariste angliche après avoir tenté un mélange similaire en 1987. Bon ce qu'il faut savoir aussi, c'est écrire des histoires policière solides et de la SF. Ça n'est pas hélas le point fort de Space Precinct : on devine le déroulé à des kilomètres, ça se permet facilités et invraisemblances, et elles n'apportent rien de plus que le quota action/courses-poursuites.

C'est ce que c'est donc, une simple série policière avec un flic muté dans une autre ville avec sa famille mais... DANS L'ESPACE. Les intrigues passent donc par les multiples idées standards qu'on trouve dans les séries policières, vous aurez la protection de témoin, l'élection d'un patron de la pègre en tant que maire, le poseur de bombes, l'évasion de prison, le serial killer et pourquoi pas, le vampire de l'espace ! L'absence de continuité fait que ces diverses intrigues ne créent pas de toile de fond, et on en finit avec l'impression que ce sont des passages obligés du format policier ou SF. Difficile de se constituer une identité propre avec ces intentions là.

Space Precinct n'offre pas vraiment de quoi appréhender sa planète Altor, qui reprend les ruelles sombres des métropoles humaines. Il est assez difficile de comprendre pourquoi des humains sont transférés vers Altor, quels seraient les liens politiques ou les différences culturelles entre les deux mondes, ni comme se déroule la cohabitation. On voit des humains accéder des postes très hauts placés, plus souvent même que les natifs, certains se retrouvent même dans capitaines dans les divisions armées d'Altor, ce qui est tout à fait incroyable.

Il faut pas s'attendre au degré de recherche et d'approfondissement de Star Trek ou de Babylon 5... ou bien de Star Cops, la série du sus-cité Chris Boucher. Sur ce point là, Star Cops s'en tire mieux, parce qu'il s'impose un ton tirant vers le Hard-SF autour des questions à résoudre sur la conquête spatiale. Space Precinct en comparaison c'est rien de plus qu'une série policière standard, sur son unité de police typique et idéalisée de télévision des années 80. Vous aurez le duo de flic principal avec le vieux marié qui a roulé sa bosse et le jeune célibataire plus excité, le duo féminin qui sert de soutien et que vient draguer le jeune excité en mode je t'aime moi non plus, un troisième duo servant aux sous-intrigues comiques pour le coté tranche-de-vie, puis le commissaire dur mais paternel, et même la mascotte robot.

Le public visé est familial. Donc la série n'hésite pas à employer des enfants comme personnages secondaires, avec la niaiserie en accompagnement puisque ce sont des enfants là aussi archétypaux, et joués par des acteurs approximatifs - et sur ce point là les gosses ne sont pas les seuls touchés. Série familiale ça signifie aussi que le compétent personnage principal a une famille. Sa femme est infirmière donc rôle plus doux dans le soin et la tendresse tandis que le mari flic fait dans la protection musclé, et leurs enfants qui se chamaillent tout le temps mais qui au fond, représentent la famille nucléaire telle qu'elle est rêvé dans toute la télévision américaine d'époque... c'en est insoutenable !

Si vous avez déjà vu des trucs comme The Wire ou The Shield, Space Precinct ça a l'air de la préhistoire. Même en 1994 ça devait paraît un peu ringard. Une série à papa comme on pourrait l'appeler ! Le système policier est idéalisé et parfait, au point que lorsqu'il y a une affaire avec des jeunes universitaires qui jouent au terrorisme, on se demande contre quoi ils se rebellent.

Ce qui reste à Space Precinct, c'est sa direction artistique. La série est produite par Gerry Anderson quand même ! Une partie du cast est donc déguisé par des prothèses, pour constituer des altoriens divisés en deux espèces, les Creons et les Tarns - ces derniers disposent de faibles pouvoirs télépathiques. Leur problème c'est qu'ils ont des expressions limités et ça se sent quelque peu à mesure qu'on s'habitue à ce beau monde. En d'autres cas les maquettes dès qu'on sort à l'extérieur sont délicieusement plongés dans la pénombre, et si la série est de bonne humeur on a le droit à une course poursuite en voiture volante dans la ville de Demeter City. C'est une forme d'artisanat qu'on ne peut que regretter aujourd'hui. Il y a en effet plus de moyens que chez Star Cops qui était une série british produite par BBC, ce qui veut tout dire. L'appartement familial par contre est horriblement plat de perfection et de famille nucléaire idéalisée. La mise en scène pêche également, quand on passe de sa contemporaine Star Trek DS9 et qu'on voit ça on peut qu'y voir un pas en arrière. La caméra semble se limiter à un tournage à la chaîne, ce qui signifie une réalisation pas plus qu'efficace, quelque peu plate et sans recherche. Un des épisodes par exemple voit le héros affronter un robot terminator du futur (!) dans son propre appartement plongé dans la pénombre, mais la lumière se contente de faire une nuit américaine sans tenter de jeux d'ombres. On voit tout parfaitement, c'est juste tout gris dégueulasse.

C'est donc mitigé, ou plutôt c'est le stigmate d'une série antédiluvienne qui n'a rien pour se démarquer dans la grille des programmes. Cependant ce n'est pas réellement mauvais, la plupart des épisodes, assez inégaux, sont effectivement regardable. Certains sont d'un niveau légèrement plus au-dessus que la moyenne, ce qui touche surtout les trois scripts de Marc Scott Zicree je pense qui est celui qui inclus le plus de détails crédibles dans ses rendus, avec des idées moins attendues. En matière de mise en scène, les quelques uns dirigés par Piers Haggard se montrent plus dynamiques. On peut enfin remarquer l'apparition de quelques seconds couteaux sympathiques : Stephen Greif de Blake's 7, Myriam D'Abo ou Rolf Saxon, ainsi qu'une bande son plutôt réussie, surtout le thème principal.

Ce sera pas un visionnage d'une grande profondeur, un seul épisode devrait suffire à savoir si on a envie de continuer. La série ne durant que 24 épisodes, elle n'a pour le coup pas duré plus que nécessaire.

GaletteLaser
6
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le 20 juil. 2025

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