L’anomalie 456
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le 30 juin 2025
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Ou quand Netflix t’encule avec un drapeau rouge et t'engueule d'aimer ça... (mais quel titre putain !)
Squid Game a eu un certain impact culturel et un impact culturel certain, force au soft power sud-coréen qui s’impose avec force et fracas en Occident depuis un bon moment déjà, en abordant assez frontalement la thématique de la lutte des classes dans des productions populaires et grand public. Squid Game avait percé pour son côté survival, que les Battle Royale ou autre Hunger Games avaient déjà sondé et laissé leur petite marque malgré l’écart qualitatif qui sépare BR de HG. Autrement dit, c’est un genre qui marche plutôt bien, tant dans la littérature, que dans le cinéma ou dans les jeux vidéo, dont les symboles du carré, du rond et du X se retrouvent dans la série.
Ce qui avait fait la force de Squid Game, selon moi, outre ce côté survival, c’est surtout l’esthétique, enfantine, simpliste mais malgré tout assez imaginative, et ces petits détails cachés qui ont fait que le public s’est vite emparé de la série, bien plus que l’écriture des personnages ou l’écriture de la série qui est plutôt naze. Il faut dire que le côté survival est aussi particulièrement intéressant pour un format sériel, puisqu’une force de la première saison était justement de happer le spectateur qui attendait de savoir quel allait être le prochain jeu.
En somme, Squid Game, sans être original, a plein d’éléments pour plaire et divertir.
J’ai lu quelques avis mitigés sur les deux dernières saisons, souvent avec des arguments assez rincés, en mettant aux nues la première saison pour dézinguer les deux autres. Alors que si on est honnête, la première était sympa le temps d’une soirée mais rien d’extraordinaire non plus, et les saisons 2 et 3 sont globalement dans la même veine. En fait, toute la partie qui se passe en mer aurait mérité d’être jetée à l’eau (vous ne l’aviez pas vu venir celle-là) pour ne former qu’une seule saison dans laquelle on n’aurait rien perdu des principaux éléments de l’intrigue.
C’est toute l’impasse des séries où, pour tirer en longueur, on comble avec du vide. Donc c’est chiant et on s’emmerde avant de comprendre qu’on peut zapper ces parties qui ne mènent nulle part, et on gagne ainsi du temps. C’est quand même curieux, une œuvre qui est faite pour être zappée, mais j’ai quand même la sincère impression qu’elle a été pensée en l’espèce, et honnêtement, je ne comprends pas pourquoi. Et diable, que j’aime ces films où il ne se passe rien ! Mais là, de grâce, c’est trop.
Toutes les scènes avec le bateau ou la Nord-Coréenne ne sont strictement pas reliées au récit principal et bon, moi les personnages secondaires mal écrits, je m’en tartine royal.
Bref, restons-en sur l’intrigue principale qui tourne autour du perso 456. Dans la première saison, 456 est un naze, un lâche au grand cœur qui remporte des jeux mortels organisés par de riches trous du cul mal écrits qui organisent ces tueries pour se distraire et laissent les pauvres s’entretuer pour du pognon.
On est sur du Marx à l’école enfantine mais pourquoi pas ; si on épure la question de la lutte des classes de son jargon marxiste, le fond de l’affaire c’est quand même que certains se gavent quand d’autres se font enculés. C’est donc pas complètement étonnant que la série parle à beaucoup de monde, moi le premier. Reste le côté très fable hobbesiene qui trahit le côté droitos du propos de la série, puisque la survie ne se fait jamais seul, ça c'est un mythe à la con, mais passons.
Il y avait un contraste assez intéressant avec ce rappel à l’enfance où les jeux mortels se déroulaient dans un univers très gamin (à la Happy Tree Friends) et finalement le monde normal, adulte, du second épisode, de nuit, sous la pluie, où la pauvreté dominait. Caricatural, certes, mais pas dénué de fondement, ce qui rendait la décision de 456 de retourner participer à ces jeux plausible, suite à la mécanique du vote qui permettait d’arrêter les jeux.
Dans la seconde saison, 456 parvient à retourner dans les jeux puisqu’il a changé et il a décidé de casser les couilles.
Dans cette seconde saison, la mécanique du vote allait devenir beaucoup plus centrale qu’elle ne l’était dans la première, puisque 456 va tenter de convaincre une majorité +1 d’arrêter les jeux. Devant son échec, et l’échec démocratique que la série laisse entendre, il lance une révolution armée qui échoue, et nous entrons dans la troisième saison où 456 se résigne enfin à participer jusqu’au bout, en se donnant pour nouvel objectif de protéger un bébé qui a pop dans les jeux de manière assez crétine mais très convenue depuis le début de la saison 2.
Bien évidemment, les riches qui organisent ces jeux souhaitent voir l’enfant tué par des pauvres pour du pognon, assimilant donc le spectateur à un goret (puisque la fonction de ces personnages est principalement de _regarder _les jeux).
Dès lors, on se retrouve avec un discours méta à la con où le spectateur est engueulé parce qu’il veut voir du sang et des pauvres qui se tapent dessus et voir des gamins crever, alors que l’esthétique et la mise en scène font tout pour rendre la série cool, avec des pauvres qui se tuent de façon chouette dans un univers enfantin.
Cela dit, c’était déjà un peu latent dans la première saison, puisque les riches cons étaient déjà là.
Dès lors, que faut-il attendre de Squid Game ? Bah ça dépend de ce qu’on cherche.
Moi je voulais juste voir des pauvres s’entretuer dans des jeux en mangeant devant. Panem et Circenses Amici !
Bah, à part que j’ai dû zapper pour voir ça, parce que c’était vraiment trop chiant, j’ai quand même pris du plaisir à voir les jeux.
Donc pour moi, c’est comme la première saison, c’est assez mal écrit (par-là, il faut entendre que l’écriture ne creuse pas en détail les éléments que j’ai mentionné plus haut, l’intrigue est, comme l’esthétique de la série d’ailleurs, assez minimaliste) y a des longueurs, on doit zapper dedans, mais il y a quelques jeux de morts que j’aurais oubliés demain parce que c’est pas si fou que ça, mais ça passe le temps d’une petite soirée. Pas besoin de se palucher devant pendant des plombes, c'est une série coréenne honnête, avec ses qualités, et ses (gros) défauts mais ça distrait pis c'est tout.
Créée
le 23 juil. 2025
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