Niais, convenu et pourtant....

Suits est une série vendue comme un thriller politique au sein du monde des affaires avec des luttes intestines et des jeux de pouvoir grisant qui nous tiennent en haleine. Je vais être clair, il n'en est rien. Cette série est bien plus proche de Plus belle la vie que de House of Cards et ce, malgré de bonnes intentions évidentes. Alors, à qui la faute ? Tout d'abord à l'effroyable écriture des personnages qui est sûrement l'élément qui plombe complètement la série. C'est simple, tous les personnages sont des archétypes caricaturaux sans profondeurs qui ne connaissent aucune réelle évolution et qui pire, sont prisonniers de boucles narratives insupportables. En-dehors de Harvey (et encore il faut parvenir à passer au-dessus de nombreux comportements clichés insupportables) et Jessica (seule réelle réussite narrative de la série, elle est clairement présentée comme un requin prêt à tout pour sauver son entreprise et conserver sa position) les personnages sont de véritables têtes à claque. Mike, le personnage principal est tout bonnement insupportable car lorsqu'il n'est pas occupé à se plaindre, on doit supporter une énième tirade d'excuse car comme à chaque épisode il n'aura pas écouté les conseils de ses proches et donc commis une erreur stupide qui sert avant tout de facilité scénaristique. Louis, d'abord présenté comme un avocat impitoyable tombe rapidement dans la caricature du mal-aimé qui enchaîne les mauvais choix à cause de son irritante stupidité et sert finalement plus de comic relief qu'autre chose. Certains arcs tentent certes de le montrer comme un calculateur avide, mais tout cela tombe très vite à l'eau pour faire retourner le personnage dans la case guignol de service. Et enfin, Rachel Zane est très certainement l'un des pires personnages féminins que j'ai pu voir dans une série. Naïve, innocente à en frôler la bêtise, elle se révèle incapable de penser par elle-même ou de faire preuve de courage et passe son temps à s’apitoyer sur son sort ou à parler de "choses de filles" la décrédibilisant complètement et la restreignant au rôle finalement plutôt assumé de bimbo de service.

Cependant si seuls les personnages étaient ratés on pourrait se dire que la série se rattrape au niveau de ses intrigues, de ses complots dans l'univers impitoyable du droit et de la finance mais malheureusement c'est loin d'être le cas. Suits tombe dans l'écueil d'une représentation manichéenne du monde des affaires avec d'un côté les gentils avocats de Pearson&co qui luttent face aux méchants spéculateurs et juristes corrompus plutôt que de montrer le flou moral inhérent chez les avocats. Aussi, il devient rapidement difficile de prendre au sérieux les intrigues tant tout transpire le convenu et le manichéisme.

In fine je pourrais m'étendre bien plus sur tout ce qui ne va pas dans la série mais j'aurais peur de me répéter tant le fond du problème reste le même, à savoir une écriture affreusement mauvaise et clichée qui apparaît très vite sans saveur. Et pourtant Suits semble bénéficier d'un capital sympathie assez important aux yeux du grand public quand je constate le nombre de saisons sorties ainsi que les notes très généreuses des internautes. Alors peut-être que je suis passé à côté de la subtilité de Megan Markhle en larmes pour la cinquantième fois dans la saison car elle a fait un bisou à son ex, mais je vais tout de même rester sur mon opinion que Suits c'est quand même vachement naze.